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Le déni climatique, version 2.0

La version 2.0 du déni climatique se situe dans une action qui est diamétralement opposée aux beaux discours qui proclament la lutte aux changements climatiques.
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Depuis quelques décennies, l'urgence d'agir pour contrer les changements climatiques a été systématiquement paralysée par les climato-négationnistes. Pour délibérément créer de la confusion dans l'opinion publique et empêcher toute action politique concertée qui pourrait tenter de remédier à la situation, les magnats des carburants fossiles ont versé des millions de dollars à des groupes de pression ou dans des fondations bidons. Dans le National Observer, on décrit la nouvelle forme de déni climatique.

Tout comme pour le tabac durant les années 80, le déni pur et dur ne passe plus la rampe dans l'opinion publique. ExxonMobil a été la clé de voûte des négationnistes. Cette compagnie a financé les instituts pseudo-scientifiques qui niaient les changements climatiques; pensons à des «think tanks» comme l'ALEC (American Legislative Exchange Council) ou au Hearthland Institute. Même si ExxonMobil connaissait cette réalité depuis 1977, elle le niait publiquement; c'est ce que révèle une enquête au sujet de cette fraude. Exxon risque de faire les frais de poursuites judiciaires onéreuses pour cette mauvaise foi évidente.

Au Canada, le premier ministre Trudeau et ses homologues provinciaux (sauf M. Brad Wall de la Saskatchewan) affirment maintenant que les changements climatiques sont une réalité incontournable; ceux-ci proclament à toutes les sauces qu'ils doivent réduire les gaz à effet de serre (GES). En théorie, c'est bien! Le hic, c'est que la nouvelle forme de déni, plus subtile et plus insidieuse que le mensonge grossier, se retrouve dans une multitude d'actions gouvernementales qui contredisent ce qui est dit sur toutes les tribunes. En autres mots, «les bottines» des gouvernements vont dans le sens contraire des «babines»!

Il faut plus que quelques charmants «selfies» pour réduire les GES.

Par exemple, M. Couillard dit qu'il veut protéger Anticosti, mais son gouvernement investit quelque 115 millions de dollars pour soutenir les pétrolières qui proposent de saccager la «perle du Saint-Laurent». De même, sur les tribunes internationales, notre premier ministre parle de réduire les GES, mais en 2014, il met en place un RPEP (règlement pour la protection de l'eau potable) qui est taillé sur mesure pour permettre les forages en Gaspésie et sur Anticosti. Quant au projet de loi 106, il y a un petit bonbon pour les écologistes au sujet de la transition énergétique, mais le reste de ce projet de loi est tellement favorable à l'industrie pétrolière que l'on croirait que c'est un lobbyiste de l'industrie qui l'a rédigé. Et que dire du financement de la controversée cimenterie de Port-Daniel qui produira des millions de tonnes de GES; nos gouvernements successifs ont poussé l'outrecuidance jusqu'à refuser un BAPE! Belles contradictions!

C'est également vrai au pays des sables bitumineux; l'Alberta a rendu public un plan de plafonnement des GES. On annonce en grande pompe que l'on va fermer des centrales au charbon. À première vue, on dit bravo! Mais lorsque l'on gratte l'information au-delà des grandes manchettes, ce plan de plafonnement permet une augmentation des GES. Et comme par hasard, cette augmentation de production de gaz à effet de serre équivaut à ce qui est nécessaire pour envisager la construction du pipeline Énergie Est!

Au niveau fédéral, l'ex premier ministre Harper était très favorable aux sables bitumineux; son successeur, M. Trudeau clame que «Canada is back» en signant l'accord de la Conférence de Paris avec enthousiasme. Cependant, il n'a rien fait pour remettre sur pied les garde-fous environnementaux que le règne Harper a démolis. Les objectifs de réduction des GES du gouvernement Trudeau demeurent les mêmes que ceux de son prédécesseur. Pire, il autorise la construction du gazoduc Pacific Northwest LNG pour transporter le gaz naturel issu de la fracturation hydraulique vers l'océan Pacifique. Selon l'Agence canadienne de l'évaluation environnementale (ACEE), cela aura pour effet d'augmenter la production de GES de 6,5 à 8,7 millions de tonnes annuellement, soit une augmentation de 1% à l'échelle canadienne.

La version 2.0 du déni climatique se situe dans une action qui est diamétralement opposée aux beaux discours qui proclament la lutte aux changements climatiques. Il faut plus que quelques charmants «selfies» pour réduire les GES. Comme le dit le vers de Racine, «il nous faut des actions et non pas des paroles!» (Jean Racine, Iphigénie, 1674).

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