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Le crucifix, fort symbole de laïcité

Le crucifix est un symbole universel de laïcité; il en est le signe le plus concret. On fait preuve d'ignorance quand, au nom de la laïcité même, on réclame sa disparition.
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La place du crucifix à l'Assemblée nationale ou dans des lieux publics est régulièrement l'objet de débats animés, comme récemment dans le cas de l'Hôpital du Saint-Sacrement de Québec. Quelle que soit sa place, il ne faut pas oublier le sens profond de ce symbole que l'on ignore souvent complètement. On le focalise sur Duplessis qui l'a fait installer au salon bleu de l'édifice parlementaire dans les années 1930 . C'est ce qui fait qu'on n'y voit qu'un signe religieux, de surcroît mal perçu, et jusqu'à être honni par d'aucuns, en raison de la collusion entre ce régime politique et la hiérarchie religieuse de l'époque. La pièce de théâtre « Charbonneau et le chef », créée au Trident en 1971, a été une belle illustration de l'opposition de l'Église à cette collusion par la voix forte de Mgr Charbonneau contre le Cheuf.

Une telle cohabitation du politique et du religieux a toujours été contraire à la doctrine sociale et politique de l'Église catholique. Elle a été le fruit de l'instrumentation du religieux par le politique et vice versa. Cette anomalie est très ancienne dans l'histoire de l'humanité. Socrate l'a combattue philosophiquement. Il en a été quitte pour boire la mortelle cigüe. C'est ce qui fait qu'il y a tout un parallèle entre Socrate et Jésus comme le reconnaissent les historiens de la pensée, dont Frédéric Lenoir dans son livre de poche fort instructif, Le Christ philosophe.

Cet ouvrage nous montre que le christianisme est la source de nombreux aspects de la civilisation occidentale qu'est la nôtre, dont la laïcité ou la séparation entre le pouvoir politique et le pouvoir religieux. Certains de ces aspects ont avec temps été déviés et viciés. Cela a eu comme effet que de telles idées sont devenues ce que Chesterton a qualifié d' « idées chrétiennes devenues folles », parce qu'on en a perdu de vue les principes. Ce fut le cas de façon générale au moment où les princes d'Europe ont imposé solennellement le catholicisme comme religion d'État, avec les appels aux croisades et aux guerres de religion. On a alors oublié le message du Christ et fait tout le contraire de ce qu'il préconisait.

Le christianisme avait pourtant pris la relève de Socrate dans la promotion de la laïcité, avant même que n'existe le mot qui sert de nos jours à la désigner. Le fondateur du christianisme qu'est le Christ a lui aussi payé de sa vie sa vision de la distance à établir entre le religieux et le politique, le supplice de la croix, plus usuelle à la période romaine, ayant remplacé la cigüe des Grecs anciens.

La portée culturelle et politique du crucifix ressort du cadre sociopolitique où le Christ a été mis en croix. À l'époque de Jésus, l'instance religieuse suprême qu'est le sanhédrin avait permis aux grands prêtres d'exercer à la fois le pouvoir religieux et politique. Pour protéger cette idéologie théocratique. Il fallait contrer l'enseignement du Christ qui selon son mot d'ordre ( « Il faut rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » ) prônait la séparation de César et de Dieu, la séparation entre le pouvoir politique et le pouvoir religieux. Et la façon la plus radicale de le faire taire a été la crucifixion.

Le crucifix est donc le symbole de la promotion de la séparation de l'État et de la religion.

Le crucifix est donc le symbole de la promotion de la séparation de l'État et de la religion. Il est une illustration du fait que l'Occident chrétien constitue le patrimoine religieux de la civilisation occidentale en matière de laïcité. Le crucifix est un symbole universel de laïcité; il en est le signe le plus concret. On fait preuve d'ignorance quand, au nom de la laïcité même, on réclame sa disparition.

Robert Dutrisac ne croyait pas si bien dire en écrivant le 3 mars dans Le Devoir que la place occupée par le crucifix au-dessus de la tête du président de l'Assemblée nationale est « comme si l'esprit du Christ devait inspirer les législateurs », par-delà la diversité des croyances et incroyances. Et le projet de loi 62, si mal conçu par ailleurs, a raison de soustraire ce patrimoine culturel religieux de son application. Les 5000 signatures de la pétition méritaient d'être entendues. Et c'est heureux qu'ils aient eu raison pour la protection de notre patrimoine culturel religieux dont le sens est à mieux saisir. N'est-ce pas, Christ !

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