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Germanwings: trois failles importantes dans le système aéronautique

Le crash de l'Airbus A320 de la compagnie Germanwings, la semaine dernière en France, révèle trois failles importantes dans le système aéronautique.
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Le crash de l'Airbus A320 de Germanwings révèle trois failles importantes dans le système aéronautique.

Tout d'abord, concernant l'aviation commerciale en général et Lufthansa en particulier. Quand on sait que 75% des passagers ont peur, voire très peur en avion, on imagine les dégâts provoqués par le geste d' Andreas Lubitz dans l'inconscient collectif des voyageurs aériens. Certes comme chaque année, le trafic va continuer de croître. L'avion est incontournable dans ce monde mondialisé et les compagnies low-cost touchent un immense public compte tenu des prix de plus en plus abordables de leurs billets. Mais le personnel navigant commercial (PNC) va devoir rassurer tous ceux qui montreront des signes d'inquiétude lors de leurs voyages et même carrément calmer les passagers qui seront pris de panique à la moindre turbulence de l'appareil.

Quant à la Lufthansa, 1e compagnie d'Europe, elle est la seconde faille de cette tragédie. Elle n'a pas fini d'entendre ses clients lui poser la question "Warum"?" ("Pourquoi?") Pourquoi ce jeune pilote passionné par son métier -comme tous ses collègues- est devenu un assassin, entraînant avec lui 149 personnes qui, elles, voulaient vivre? La question du suivi de la santé mentale des pilotes est crûment posée. Comment faire pour que cela n'arrive plus jamais? La question est délicate. Le secret médical doit rester indivisible. Voilà pour la règle. Mais est-il normal qu'un médecin d'une compagnie aérienne fasse le silence sur les troubles psychiques d'un pilote en fonction?

Et puis, les pilotes vous le diront, "on craint tellement de perdre notre licence même d'une façon temporaire que nous préférons cacher des problèmes de santé, qui menaceraient éventuellement notre carrière". Il reste une solution pragmatique, que chacun, dans le groupe qui constitue un équipage, soit attentif au comportement des autres, mais on ne peut pas codifier de telles pratiques.

Toujours est-il qu'il faudra bien trouver une réponse, quand se posera à nouveau un problème psychologique risquant de conduire à une catastrophe. Nous ne voulons plus qu'un pilote resté seul dans un cockpit décide d'en finir, réglant son appareil en descente automatique, ne répondant pas au commandant de bord qui voulait regagner sa place. Que ce même individu continue de respirer calmement alors que l'avion volait à 700km à l'heure dans la montagne, où il s'est disloqué.

Comme pour toutes les compagnies qui avaient cru que les dispositions prises après le 11 septembre 2001 protégeraient le cockpit de toute intrusion, la Lufthansa va devoir reprendre toutes les procédures et trouver une autre parade. La notion du "cockpit-forteresse" en a pris un sérieux coup. Les compagnies, les unes après les autres, ont pourtant décidé dans l'urgence que jamais plus un pilote ne pourrait se trouver seul aux commandes. Dans un premier temps cette mesure va peut-être rassurer le public, mais à terme ce ne peut être LA solution. En effet quel serait le statut de cette tierce personne? Ne va-t-on pas réinventer une sorte de pilotage à 3? Autant de questions qui restent pour l'instant sans réponse.

La dernière faille révélée par cette catastrophe, c'est le dysfonctionnement du bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA). Nous avons eu droit à un premier compte-rendu des faits mensonger, puisque la seule information donnée officiellement était qu'il n'y avait pas eu d'explosion à bord. Presque en même temps, le procureur de la République à Marseille lâchait la nouvelle: Andreas Lubitz avait volontairement crashé son appareil pour en finir avec la vie. Une information que connaissait parfaitement le chef du BEA, Rémi Jouty, puisqu'il avait écouté la même bande-son extraite de la première boîte noire retrouvée (VCR). Pourquoi avoir ainsi retenu l'information? C'est sans doute dans le côté officiel de cet organisme qu'il faut chercher l'explication. Dommage car il ne faudrait pas que cette bévue entache la réputation méritée de tous les ingénieurs qui composent le BEA et qui ont montré par le passé, en analysant des catastrophes aériennes, leur professionnalisme et leur excellence. Une nouvelle fois va se reposer le problème de l'indépendance et de la transparence du BEA, qui dépend du ministère des Transports. Sachez en tout cas, Messieurs, qu'une information de cette importance ne se retient pas.

A ce propos Germanwings va changer de nom, elle va prochainement s'appeler Eurowings. Un changement prévu depuis longtemps qui ne pouvait pas mieux tomber.

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