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«Que pensez-vous de Denis Coderre à la mairie de Montréal?»

Cette question directe, c'est une publicité sur Facebook qui me la posait depuis plusieurs jours. On y voit une photo du député de Bourassa aux Communes, tout sourire, accompagnée de deux mentions: «Sondage non partisan» et «200$ à gagner». La répétition du message a eu raison de moi, et j'ai finalement cliqué sur le lien.
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«Que pensez-vous de Denis Coderre à la mairie de Montréal?» Cette question directe, c'est une publicité sur Facebook qui me la posait depuis plusieurs jours. Placée dans la colonne de droite sur mon mur, entre une pub du bureau du tourisme de l'Ontario et celle d'une carte de crédit de Capital One, on y voit une photo du député de Bourassa aux Communes, tout sourire, accompagnée de deux mentions: «Sondage non partisan» et «200$ à gagner» (la version anglaise annonce un iPad à gagner par tirage au sort: «Draw iPad»).

La répétition du message a eu raison de moi, et c'est plus par curiosité que par appât du gain que j'ai finalement cliqué sur le lien. J'aboutis sur une page où l'on me souhaite la «bienvenue sur ce sondage sur la candidature possible de Denis Coderre à la mairie de Montréal». J'apprends dans la foulée qu'il serait «réalisé par une firme indépendante qui n'est aucunement liée aux candidats ou aux partis politiques en lice à la ville de Montréal.» Me voilà rassuré! Il est aussi précisé que ceux qui répondent «en entier au questionnaire» pourront gagner un iPad mini (d'une valeur de 329$).

Les instructions indiquent que je vais devoir choisir parmi plusieurs images celle qui «correspond le plus à [mes] sentiments à propos de Denis Coderre à la mairie de Montréal». Tout un programme. On me conseille par ailleurs d'être «spontané et de [me] fier à mon premier réflexe ou [ma] première impression». Soit. Je me prête au jeu.

Sept petites photos s'affichent. Pas évident de cliquer sur la «bonne», vu le choix offert: un homme et une femme en équilibre sur un balancier; six mains qui s'entremêlent; un vieux camion victime d'une crevaison; une personne entrant dans une pièce sombre, une lampe de poche à la main; un prof de science très sérieux devant son tableau noir; une valise de voyage déballée sur un lit; les mains d'un homme, l'une des deux étant couvertes de pustules rougeoyantes. J'ai également l'option de ne cliquer sur aucune d'entre elles.

Déconcertant

Sans savoir pourquoi, j'opte pour la valise en carton. Une nouvelle série d'images apparaît: une main qui règle un rétroviseur; des dollars; un cœur qui brûle; un gros plan sur les jeans et les chaînes de deux jeunes; des mains menottées; un homme qui s'inquiète de son tour de taille; une porte entrouverte sur une lumière divine. Un brin taquin, je clique sur l'Apollon avec son ruban à mesurer. Un nouvel assemblage de sept photos s'en vient. Puis un autre... Puis deux... Puis trois...

Le sondage sur Denis Coderre à la mairie de Montréal?

Au final, j'ai choisi 12 clichés - au sens propre comme au figuré - pas vraiment en lien avec la question posée: des hommes nus poussant une balle de foin; un pantin; une charmante sportive en plein exercice; deux cyclistes à terre dans un simulacre d'accident; une tortue; etc.

Sauf qu'il a fallu ensuite que je précise «en quoi ces images» exprimaient mes «sentiments à l'égard de Denis (... )», et quel était le lien, ou le fil conducteur, entre elles. Si j'avais su!

Il n'est même pas candidat...

Je justifie tant bien que mal mes 12 choix saugrenus. On me demande ensuite mon année de naissance, mon sexe, et si je réside à Montréal. Facile. Puis arrive LA question: «Sur une échelle de 1 à 6 (1=non, jamais; 6=oui, c'est certain), quelle est la probabilité que vous votiez pour Denis Coderre à la mairie de Montréal en novembre prochain?» Ben là, il n'est même pas candidat, enfin, probablement peut-être, sans doute sûrement, mais pas encore pour l'instant: le secret de polichinelle sera révélé le 16 mai.

Je continue malgré tout, en faisant comme si, et je réponds à LA question, je donne mon adresse courriel pour gagner l'iPad, puis on me remercie pour ma participation.

L'URL de la page finale contient le terme «metaforte», que je m'empresse de googler. Verdict: Metaforté est un «système de recherche cognitive» qui permettrait de «sonder l'inconscient avec la rigueur d'un statisticien», annonce le site web sur lequel je tombe. J'apprends que cette méthode particulière de sondage a été développée au Canada, par Hop Comportement de marque, une agence née en mars 2012 de la fusion entre Amalgame, LXB et Hop Communications.

Sonder l'inconscient

«Metaforté permet d'aller chercher l'opinion la moins transformée par les répondants», explique André Bouchard, le vice-président recherche et stratégie de LXB. Dans un sondage classique, les sondés doivent verbaliser une réponse, «ce qui transforme leur opinion initiale, poursuit-il. En les faisant réagir sur des images, on va plutôt chercher leurs impressions, conscientes et inconscientes, afin d'identifier et d'analyser les métaphores sous-jacentes aux images qu'ils ont sélectionnées».

Metaforté permet donc de sonder les sentiments des gens à l'endroit d'une marque, en l'occurrence celle de Denis Coderre, potentiel candidat à la mairie de Montréal. Sous-entendu, les Montréalais voient-ils en lui quelqu'un qui saura tenir le volant de la métropole? Aura-t-il les mains libres? Son camion crèvera-t-il en cours de mandat? Saura-t-il faire la lumière sur la collusion? Va-t-il privilégier la voiture ou le vélo? Sera-t-il un chef d'orchestre ou seul dans sa bulle? Doit-il perdre du poids?

Les réponses seront dévoilées dans les prochains jours. Avant le 16 mai? Sans doute. «On a complété la cueillette et elle est fructueuse», commente simplement André Bouchard, soulignant que ce sondage est une initiative de LXB, et non de Denis Coderre lui-même.

Ne me reste plus qu'à attendre le tirage au sort du gagnant de l'iPad, le 10 mai!

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