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Accumulation de pas si «petits riens»

L'anonymat des médias sociaux fait enfreindre trop de barrières.
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Ce matin, en auto, j'ai fait un doigt d'honneur à un inconnu qui avait pourtant l'air fort charmant au volant de sa vielle Cherokee. C'est qu'il m'avait coupée à droite. La rage qui m'est montée à la tête était carrément disproportionnelle au préjudice subit. Qu'est-ce qui me rongeait réellement? Je n'arrivais pas trop à le définir. En même temps...

Depuis quelques jours, plein de «petites» choses m'irritent. M'attristent. Comme plusieurs d'entre vous, sans doute, je ne peux rien garder à l'intérieur. Je dois évacuer très (trop) régulièrement. J'admets que j'ai aussi la mèche courte. Alors quand je vais contre nature et refoule mes pulsions ou opinions, ça dégénère. Il s'en est fallu de peu pour que la pétarade n'ait lieu tôt ce matin et que mon innocent fiston adoré en soit victime...

«Veut dodo. Veut plus dodo. Ouvrir rideau. Nooooooon veut pas rideau!!!! Manger. Veut toast. Veut pas toast, veut céréales. Non, pas céréales! Toast. Avec beurre "d'achide". Miel. Du miel, pas beurre "d'achide". NON! Pas manger. Pas mangeeeeeeeer!!!!...»

Aucune espèce de patience pour ce genre de caprices! Je sais, je sais, il est petit, il s'affirme. Il se forge une personnalité. Il acquiert de l'autonomie. Il teste ses limites. Et les miennes! Reste que malgré tout l'amour que je peux lui porter, ces épisodes me rendent folle. Je me déçois. Je semble ne rien pouvoir dire qui puisse le faire revenir à lui. Le bon discours pédagogique de la parfaite maman, on dirait que je l'ai juste pas. Alors je ne trouve rien de mieux à faire que de m'enfermer cinq minutes dans la salle de bain pour respirer. Juste... respirer.

Je n'y croyais pas moi, au «terrible deux». Le «terrible deux», c'était pour les mauvais parents. Pour les enfants rois. Pour... les autres.

Alors il y a cette pile de manuels de dressage d'enfant qui dort sur ma table de nuit en attente de consultation et que je m'obstine à ne pas lire. Parce qu'au fond, je me dis que ça devrait me venir naturellement. Oui, j'ai utilisé le mot «dressage». C'est ironique.

J'aime servir de l'ironie. Acérée à première vue, elle me semble pourtant adoucir des propos délicats. Malheureusement, elle ne convient pas à tous. Trop souvent prise au premier degré. Récemment, suite à un texte sur mon arrêt de consommation de gluten, un internaute est allé jusqu'à me souhaiter une maladie chronique inflammatoire. Il n'avait pas compris le sens de mes paroles, s'est senti affligé et a riposté en ignare. Peut-être s'était-il fait doubler par la droite ce matin-là.

Quand même navrant, cette méchanceté gratuite. L'anonymat des médias sociaux fait enfreindre trop de barrières. Et c'est ce qui m'est revenu en tête à mon réveil en lisant plusieurs commentaires désobligeants au bas d'un article qui parlait des trois gars qui sont passés à l'émission des «Dragons» et qui ont réussi à décrocher une aide de 100 000 $ pour leur compagnie de chandails à poche. Chacun a ses goûts vestimentaires et a droit d'aimer leur produit ou pas, mais le point de l'article demeurait le succès de trois jeunes hommes de chez nous. On devrait s'en réjouir. Ils ont sans aucun doute travaillé très fort. Pourquoi chercher à leur enlever du mérite? Pourquoi vouloir les discréditer à tout prix? La société québécoise serait-elle majoritairement jalouse? Je crois que oui. On excelle dans le chacun pour soi. Et on aime se faire croire le contraire.

Parlant de complaisance dans du faux... Paraît qu'on voudrait tenter de nous retirer les pailles en plastique? Sans farce... À quand remonte la dernière fois où vous avez vu quelqu'un utiliser une paille pour boire? Désolée, mais je n'adhère pas! Votre budget pailles s'élève à combien par quart de siècle? Celui de ma famille ne doit pas dépasser le 1,99 $. Alors on repassera pour l'empreinte écologique!

Oui, je sais, chaque petit geste compte, mais... Mais!!! J'ai en tête l'image d'un comptable qui entre au bureau le matin en période d'imposition et qui, au lieu de s'attaquer à sa pile de rapports urgents à compléter, décide de classer ses dossiers en ordre alphabétique. Pas complètement vain, mais... Mais!!!

Impôts. Taxes... Hier en marchant sur Saint-Denis (le chantier éternel de revitalisation des canalisations), j'ai réalisé où elles allaient, mes exorbitantes taxes. Quel massacre! Et 80 % des magasins situés du côté est, entre les rues Rachel et Marie-Anne, ont dû fermer! D'une tristesse! C'est cher payé pour ces commerçants. Pour nous tous. Je ne sais pas si mon pauvre Plateau pourra se relever de toute cette mauvaise gestion. En prêtant l'oreille à des conversations de coin de rue, j'ai réalisé que je ne suis pas la seule à me questionner... «C'tu moé ou ben y sont en train de faire des trous aux mêmes places qu'à l'automne???» Non, monsieur, vous n'avez pas la berlue, on dirait bien qu'on creuse et recreuse, encore et encore. Comme si chaque projet était traité trop séparément d'un autre. On s'amuse aussi à transformer mon beau quartier en labyrinthe d'hostilité contre les non-résidants. On désire souhaiter la non-bienvenue aux étrangers. De toute façon, c'est pas comme si on avait besoin d'eux pour soutenir nos petits commerces! Ironie. Encore.

Ça mine le moral ces «petits» riens. Heureusement qu'il y a le sourire de mon garçon, mes merveilleux voisins, le retour du beau temps et les viennoiseries sans gluten de l'Artisan pour remettre au neutre mon balancier.

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