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L'explosion de l'Euro: l'Europe à bout de nerfs

Une panique généralisée s'est produite sur le marché obligataire du trésor italien. Ce qui a augmenté la probabilité de la fin de l'Euro. En effet, il existe bien une chance que cela se produise, mais on ne peut pas pour l'instant prévoir quand cela risque de se produire. Mais il faut être aveugle pour ne pas voir le risque d'une crise finale de la monnaie unique.
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Une panique généralisée s'est produite sur le marché obligataire du trésor italien. Ce qui a augmenté la probabilité de la fin de l'Euro. En effet, il existe bien une chance que cela se produise, mais on ne peut pas pour l'instant prévoir quand cela risque de se produire. Mais il faut être aveugle pour ne pas voir le risque d'une crise finale de la monnaie unique.

Un tel scénario peut se produire si les pays comme l'Italie, la Grèce, le Portugal et l'Espagne ne peuvent plus emprunter de l'argent à des taux raisonnables et si les autres pays membres ne peuvent plus leur venir en aide. En effet, pourquoi n'iront-ils pas jusqu'à créer une nouvelle monnaie nationale? C'est le scénario du pire, car cela entrainerait une dislocation de la zone euro. Un tel scénario provoquerait inévitablement un désordre financier en Europe et dans le reste du monde. En effet, si une telle situation devait se produire, les gens vont anticiper une dévaluation possible de la nouvelle monnaie et se rueront vers les banques pour retirer toutes leurs économies en euros pour les transférer dans les autres pays européens afin d'éviter une conversion forcée dans la nouvelle monnaie dévaluée. Les Grecs ont déjà retiré plus d'un milliard d'euros des banques. Les clients de la banque espagnole Bankia, nationalisée le 9 mai 2012, auraient retiré depuis plus d'un milliard d'euros de leurs comptes.

Alors face à une telle éventualité, les entreprises et des particuliers testent différentes méthodes pour échapper au scénario catastrophe. Placer des réserves de monnaie dans des investissements sécurisés et réduire les dépenses qui ne sont pas essentielles : voilà les mesures prises par les entreprises inquiètes. Ils mettent en place des plans pour limiter leurs dépenses, ou alors placent leurs réserves là où elles seront le plus en sécurité, notamment auprès des banques centrales. Le Financial Times évoque l'exemple de Siemens, qui possède sa propre banque depuis plus d'un an, afin de diminuer sa dépendance vis-à-vis des établissements touchés par la crise, et place des fonds auprès de la Banque Centrale européenne.

Nous savons que la Grèce ne pourra pas rembourser sa dette, mais cependant la BCE continue à renflouer les coffres de la Grèce, tonneau des Danaïdes de l'union européenne, au nom d'une lutte acharnée pour la survie d'une monnaie unique. Comme les filles du roi Danaos condamnées aux enfers à remplir un tonneau sans fond, voilà les contribuables européens condamnés à remplir les caisses des banques privées qui ont spéculé et perdu des sommes exorbitantes.

Et si l'Allemagne souhaite l'explosion de l'Euro ?

C'est ce que pensent beaucoup de citoyens européens. Mais les risques pour l'Allemagne sont énormes. Au cas où la zone euro éclaterait, la Bundesbank subirait des pertes gigantesques sur ces créances, car les nouvelles monnaies perdraient de la valeur par rapport à l'euro. Dans un tel scénario, la Bundesbank devrait être recapitalisée par l'État allemand, qui verrait sa propre dette publique s'envoler.

Dans tous les cas, la Bundesbank s'expose à des pertes potentielles. En effet, la Banque centrale grecque fournit de plus en plus de liquidité aux banques grecques, en échange d'actifs (le collatéral) qui sont de moins en moins bonne qualité. Il va falloir de toute évidence, enregistrer des pertes sur ces actifs dévalués, et ils seront à la charge de l'Eurosystème (dont la Bundesbank est contributrice à hauteur de 30%).

C'est un mécanisme d'autodestruction au cœur même de l'euro qu'on est en train de voir surgir. Je comprends l'angoisse des hommes politiques lorsqu'on évoque une sortie de la Grèce de la zone euro : cela provoquerait inévitablement une explosion de la zone euro, et l'Allemagne serait la plus touchée. Il s'agit clairement d'une situation incompréhensible. Peut-on encore parler de monnaie unique quand plusieurs banques centrales peuvent interagir et créer un risque systémique ?

L'offensive des Anglo-saxons et de la France pour isoler l'Allemagne

Au XIXe siècle, l'Allemagne avait pris la tête de la triple alliance afin d'isoler la France. Actuellement, la France de François Hollande semble vouloir mener les opposants à l'Allemagne. Angela Merkel a du mal à s'adapter à la nouvelle donne initiée par la France. Elle semble de plus en plus exaspérée par la remise en cause française de décisions et d'orientations proposées par l'Allemagne. Et si François Hollande et les socialistes cédaient à l'offensive des Anglo-saxons pour isoler l'Allemagne? En effet, la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis veulent mettre un accent renouvelé sur la croissance, soulignant l'isolement de Mme Merkel, qui a maintenu sa résistance à de nouvelles dépenses. Et pourtant, la Grande-Bretagne est le nouveau malade de l'Europe. Plus de 4 millions de ses enfants vivent sous le seuil de pauvreté. Plus d'un million des jeunes Anglais de 16-25 ans sont au chômage. Le premier ministre britannique conservateur David Cameron a tourné le dos à l'Europe pour protéger la City avec ses darks pools, ses banques sous perfusion gouvernementale et ses bonus exagérés. Il se permet de donner de leçon de finances publiques aux Européens. L'Europe est à réinventer et elle a besoin de la Grande-Bretagne. Mais elle ne se construira pas à la City.

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