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La discussion a été lancée sur le thème «mourir dans la dignité», mais fait beaucoup référence aux soins en fin de vie. Il est vrai que la population du Québec vieillit et que les besoins du secteur de la santé sont sans cesse en croissance. Cependant, il ne faudrait pas que des impératifs pécuniaires dictent les choix de société qui s'offrent à nous.
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Non satisfait d'avoir soulevé un tollé de protestation dans la population, et avant d'avoir statué sur la Chartre des valeurs déposée récemment, le gouvernement du Parti québécois a aussi déposé un projet pour discussion sur un autre sujet délicat, l'aide à mourir dans la dignité. On peut dire que madame Marois, malgré sa minorité au parlement, n'a pas froid aux yeux et qu'elle est prête à s'attaquer à des thèmes existentiels.

Cette discussion a été lancée sur le thème « mourir dans la dignité », mais fait beaucoup référence aux soins en fin de vie ou à l'accompagnement lorsqu'il devient impossible de soulager la douleur. Il est vrai que la population du Québec vieillit et que les besoins du secteur de la santé sont sans cesse en croissance. Cependant, il ne faudrait pas que des impératifs pécuniaires dictent les choix de société qui s'offrent à nous.

Par contre, il faut constater que l'évolution de la médecine permet maintenant de réaliser des miracles ou quasi-miracles. Mais ces succès ont pour effet de sauver la vie de gens qui se retrouvent, vivants, mais parfois, avec une qualité de vie limitée et dans certains cas, inexistante. Or, certains médecins se comportent comme des adorateurs du cœur ou de la machine humaine et veulent démontrer leurs talents pour réparer cette mécanique complexe.

Se pose-t-on la question de savoir si le patient pourra après l'intervention, encore profiter pleinement de la vie? Malheureusement, ceci ne semble pas être le cas. Il faut admettre que parfois, la famille du malade met une pression importante sur le docteur pour sauver son patient, mais là aussi, on ne semble pas se questionner en fonction de la qualité de vie du patient par la suite, on veut s'éviter la peine de le voir partir à ce moment-ci. Il décédera inévitablement, à quoi sert-il de prolonger sa vie s'il ne peut vivre que partiellement?

Vivre partiellement, cela me fait penser à ces colonies de gens souffrant d'Alzheimer qui sont vivants, mais ne le réalisent pas ou pas complètement. Combien de résidences regroupent des gens qui ne souffrent pas physiquement, mais qui ne sont pas conscients de ce qui leur arrive? Lorsqu'ils ne sont plus en mesure de réaliser ce qui se passe autour d'eux ou de reconnaître leurs proches qui les visitent, la famille souffre plus qu'eux. Est-ce cela la qualité de vie? Veut-on vraiment garder ce souvenir des personnes aimées? Peut-on parler d'aide à vivre dans la dignité lorsque la médecine et les médicaments servent aussi à prolonger la vie de gens lourdement handicapés?

La prolifération de CHSLD et de résidences pour personnes âgées plus ou moins autonomes crée de l'emploi dans le secteur de la santé et augmente les revenus des compagnies pharmaceutiques, mais les gouvernements ne suffisent plus pour répondre à la demande. S'ensuit une pression sur les familles pour le maintien à domicile, choix louable, mais qui n'est pas accessible à tous. Créer une génération d'aidants naturels engendrera aussi d'autres besoins dus à la baisse des revenus des gens qui se consacrent à leur entourage en rognant sur leur temps de travail et par ricochet sur leur qualité de vie en restreignant leurs activités familiales ou sociales.

Ces débats sur des enjeux aussi importants sont nécessaires, mais quand serons-nous prêts comme peuple à prendre une décision sur ces sujets? Il est clair que les médecins ont raison de vouloir respecter le serment d'Hippocrate et le cadre éthique de leur engagement. Qui va être apte à trancher la question? À quel Salomon devrons-nous faire confiance pour rendre un jugement fiable?

L'avenir nous dira si madame Marois s'est attaquée à des thèmes existentiels pour le bien-être de la société, ou pour la survie de son gouvernement. Souhaitons que la société québécoise s'en porte mieux.

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Arthur Conte

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