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Faire confiance au MELS?

Peut-on vraiment faire confiance au ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport? J'en doute beaucoup.
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Peut-on vraiment faire confiance au ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS)? J'en doute beaucoup et je suis déçu d'en venir à une telle conclusion.

Il est vrai que ce ministère n'a pas été à la hauteur de nos attentes au cours des dernières années. On a beau dire que comme la santé, l'éducation est une des priorités du Québec, les étudiants et les travailleurs du secteur de l'éducation n'ont pas ressenti l'impact de ce choix de société. Nos écoles sont trop souvent logées dans des édifices en décrépitude ou mal équipés et les ressources mises à la disposition de la clientèle font parfois défaut.

Le fait d'avoir vu passer trop de ministres n'a pas aidé. Sept ministres ont tenu la barre depuis 2010, dix si l'on tient compte des duos lorsque le ministère était scindé pour placer l'Enseignement supérieur ou le Loisir et le Sport sous la responsabilité d'un autre ministre. Certains d'entre eux sont passés en coup de vent, heureusement pour la société, mais malheureusement pour l'éducation. La qualité de l'enseignement n'en a pas bénéficié et on peut même affirmer qu'elle en a souffert. Seules Line Beauchamp pendant vingt mois de 2010 à 2012 et Marie Malavoy (en duo avec Pierre Duchesne à l'Enseignement supérieur, la Recherche, la Science et la Technologie) pour 19 mois entre 2012 et 2014 ont été en poste pendant plus d'un an à la tête du ministère.

Le passage de madame Malavoy ne semble pas avoir laissé de marque tangible au ministère. Pour sa part, Line Beauchamp fait adopter le bulletin unique et a présidé un Forum sur les enfants avec des handicaps et des difficultés d'adaptation et d'apprentissage (EHDAA) et a proposé l'achat de tableaux blancs interactifs pour l'ensemble des classes, en plus d'amorcer un plan sur 5 ans pour l'implantation obligatoire de l'apprentissage intensif de l'anglais en 6e année. Au printemps 2012, la grève étudiante symbolisée par les carrés rouges et les concerts de casseroles devenus des «plats de résistance» ont mis fin à sa carrière politique.

N'y avait-il pas quelqu'un au ministère qui aurait pu rappeler au ministre que l'année scolaire débutait en septembre?

Les étudiants semblent oubliés par le ministère. On discute de structures, de briques et mortier. Le ministre Sébastien Proulx, en poste depuis février 2016, est de plus en plus visible depuis la fin de l'été pour annoncer des constructions ou rénovations d'écoles. Il est certain que ses prédécesseurs François Blais et Yves Bolduc ne lui ont pas préparé un séjour relaxant au ministère, mais il est souhaitable qu'il se penche sur des problèmes cruciaux que le ministère tente de faire oublier.

En effet, les écoles illégales dédiées à l'enseignement religieux dans la communauté juive, par exemple, continuent d'opérer, certaines avec la «bénédiction» du ministère, malgré un flou épouvantable au niveau du respect du programme scolaire québécois par les parents qui n'ont souvent pas la formation ni les connaissances nécessaires, par exemple en français. Le ministre s'en remet à une commission scolaire pour vérifier la qualité de l'enseignement et l'acquisition des connaissances.

Est-ce que cette commission scolaire sera aussi vigilante que celles qui admettent les élèves au secondaire, même si 26 des 28 écoles alternatives du Québec au primaire ne leur communiquent pas les résultats des examens de 6e année du ministère? En passant, le ministère ne reçoit pas non plus ces résultats, et ne semble pas vouloir réagir.

Le ministre et ses fonctionnaires n'ont pas réglé avant la récente rentrée scolaire le dossier des enfants sans papiers. En effet, malgré les promesses de ses prédécesseurs, le ministre Proulx n'a pas veillé à ce que plusieurs centaines d'enfants d'immigrants sans statut puissent avoir accès à l'école en septembre. Si l'éducation était une priorité et un droit, comme le disent souvent nos politiciens, n'aurait-on pas donné instruction aux fonctionnaires de trouver des solutions, comme l'ont fait l'Ontario et la Colombie-Britannique?

Le gouvernement se défend en disant que son projet de loi 86 est à l'étude à l'Assemblée nationale. N'y avait-il pas quelqu'un au ministère qui aurait pu rappeler au ministre que l'année scolaire débutait en septembre, pour que le dépôt de ce projet de loi et son étude en commission parlementaire se fassent à temps pour la rentrée scolaire 2016?

C'est à se demander si le ministère est sclérosé ou si les politiques gouvernementales retardent la prise de décisions. Quand s'attaquera-t-on sérieusement à la réussite scolaire, au décrochage, à la valorisation de l'excellence, à l'attribution de ressources suffisantes pour l'aide aux élèves en difficulté et à l'enseignement de l'économie? Verra-t-on un jour un ministre de l'Éducation qui mettra autant d'énergie et de conviction en vue de faire reconnaître l'importance du travail des enseignants que le ministre Jean Garon en avait mis pour faire reconnaître l'importance des agriculteurs?

Chose certaine, la table est pleine de dossiers chauds à régler au MELS et il est souhaitable que le ministre Proulx puisse mener le bateau à bon port avant qu'on lui désigne comme destination un autre ministère.

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