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Lorsqu'on lit que Bombardier fait des mises à pied, on se dit qu'avant d'en arriver là, elle avait créé de l'emploi. Il est cependant difficile de lui pardonner tout ce qu'on peut lire et entendre à son sujet.
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On ne me fouettera jamais pour avoir écrit ce texte. Raif Badawi, lui, a été condamné à 1000 coups de fouet et 10 ans prison pour avoir blogué.

Quelle désolation de voir un fleuron de l'industrie québécoise se comporter comme un « bum corporatif »!

Nous avons connu la compagnie Bombardier il y a longtemps alors qu'elle œuvrait dans le secteur du loisir. Son fondateur Joseph-Armand avait inventé un moyen de s'amuser dans la neige malgré les froids sibériens qui pouvaient nous accabler. Il avait créé une industrie qui a évolué en développant ensuite des véhicules hivernaux de transport, pas seulement récréatifs.

Plus tard, cette entreprise a encore innové en développant des véhicules récréatifs sur l'eau, un autre moyen de nous faire apprécier notre environnement. La compagnie n'a pas cessé de croître malgré le décès de son fondateur. Elle a évolué vers les véhicules ferroviaires et leur version urbaine, les métros. Elle a alors développé rapidement une clientèle internationale. Cependant, depuis qu'elle s'est envoyée en l'air en acquérant Canadair, on a l'impression que Bombardier vit aux crochets des gouvernements.

Il est déplorable de lire dans les médias les chapelets de nouvelles peu reluisantes au sujet de Bombardier, et il y en a toute une litanie. Lorsqu'on lit que Bombardier fait des mises à pied, on se dit qu'avant d'en arriver là, elle avait créé de l'emploi. Il est cependant difficile de lui pardonner tout ce qu'on peut lire et entendre à son sujet.

Quand on nous dit que Bombardier menace de déménager à l'extérieur du Québec ses activités de recherche et développement et même des activités manufacturières, nous sommes en droit de grimacer, puisque c'est chez nous que cette entreprise a démarré et grandi, mais maintenant, elle fait du chantage à nos gouvernements pour poursuivre ses activités chez ceux qui ont contribué à sa croissance. Sachant que Bombardier vit d'abord et avant tout des contrats gouvernementaux et des subventions de nos gouvernements en plus de profiter de généreux crédits d'impôt, son comportement frise l'indécence.

Quand on apprend que des employés de Bombardier à Montréal ont utilisé le titre d'ingénieur pour effectuer des tâches normalement réservées à des ingénieurs, on grimace encore, mais c'est encore plus navrant quand on apprend que Bombardier ne s'en repent pas, et répond simplement que l'Ordre des ingénieurs du Québec n'a aucune juridiction sur elle puisque les activités aéronautiques sont de juridiction fédérale.

Quand Bombardier annonce des retards dans le lancement de la CSeries et revient à la charge avec d'autres retards pour cette même gamme d'avions pour ensuite admettre des problèmes lors des essais en vol. Il est clair que les délais engendrent des coûts supplémentaires et pourraient entrainer des annulations de commandes des clients qui ne peuvent plus attendre, mais on peut se demander si on serait arrivé à des résultats identiques en utilisant de vrais ingénieurs qualifiés. Plus on entend parler de la CSeries, plus on est en mesure de constater que développer de nouveaux avions, C. difficile comme de se débarrasser d'une bactérie.

Quand Bombardier annonce des mises à pied massives et des gels de salaires pour assainir ses finances, il faut comprendre qu'elle veut faire réaliser aux syndicats qu'il ne faut pas tuer la vache à lait en exagérant dans leurs demandes pour des employés déjà très bien rémunérés. La compagnie se doit de demeurer compétitive face à ses concurrents internationaux. Il serait cependant rassurant d'apprendre au même moment que les hauts dirigeants renoncent à leurs primes de performance ou gèlent eux aussi leurs salaires, ce qui ne semble pas le cas. Il serait aussi souhaitable que les actionnaires aient des attentes raisonnables.

Quand on apprend que l'agence de notation financière Standard & Poor's réduit la note de crédit de Bombardier et que les analystes financiers recommandent la prudence avant d'acheter l'action de Bombardier, il faut réaliser que la compagnie n'est plus dans le secteur loisir. Elle doit modérer ses transports. Lorsque les investisseurs paniquent, il est souvent trop tard. Sans vouloir être défaitiste, ceci ne fait que confirmer ce que vivent les fournisseurs de Bombardier depuis longtemps, une attente interminable avant de se faire payer leurs factures. La compagnie manque de liquidités et sa capacité d'emprunter décline.

Souhaitons que les membres du conseil d'administration sachent identifier des solutions. La roue dentelée du logo de la compagnie a accumulé la poussière et il semble y avoir du sable dans l'engrenage. Ne soyons pas surpris si les mauvaises nouvelles au sujet de l'entreprise s'accumulent à court terme, mais surtout, souhaitons que nos gouvernements cessent de faire survivre ce B.S. corporatif. Si elle est viable sans l'aide de l'état, qu'elle survive. Sinon, qu'elle se limite aux activités rentables et cesse de s'éparpiller internationalement puisque les liquidités ne le permettent pas. Que Bombardier redevienne une fierté québécoise serait une grande satisfaction pour nous, mais la tempête s'annonce terrible et pourrait n'être affrontée qu'en Ski-Doo ou en se déplaçant en métro.

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