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Le ministre Barrette mettra-t-il de l'eau dans son 20?

Même si le ministre Barrette n'a pas le physique d'un sprinter, c'est essoufflant de le suivre.
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Depuis qu'il est ministre de la Santé, le ministre Gaétan Barrette a distribué allègrement des taloches de tous bords et de tous les côtés à ses ex-collègues du secteur de la santé. On peut aussi ajouter que même s'il n'a pas le physique d'un sprinter, c'est essoufflant de le suivre.

En plusieurs situations, il s'est avéré le meilleur allié de son collègue Martin Coiteux, président du Conseil du trésor du Québec et ministre responsable de l'Administration gouvernementale et de la Révision permanente des programmes. Pour réviser les programmes et la structure gouvernementale, Gaétan Barrette a fait plus que sa part avec la loi 10.

La saga récente des démissions en cascades à la tête du CHUM, justifiée par l'ingérence du ministre aurait pu nous porter à croire que le ministre Barrette, par souci d'économies, était prêt à porter tous les chapeaux à lui seul. C'est à se demander si ces dénigreurs sont en train de nous priver d'une économie substantielle.

Cependant, l'intervention du premier ministre aurait permis de sauver les meubles en ramenant le directeur général Jacques Turgeon, à la tête du CHUM avec une volée d'éloges quant à sa compétence, même de la part du ministre. Ce rappel à l'ordre adressé au ministre de la part de son chef est-il la première faille dans la carapace du docteur Barrette à la tête de son ministère?

Il est clair que des décisions difficiles doivent être prises pour corriger le tir au ministère de la Santé puisque l'accessibilité aux services et les coûts du système ne satisfont pas nos attentes. Même si certaines décisions prises sont nécessaires, elles ne sont et ne seront pas faciles à faire accepter et à mettre en vigueur. Un peu de doigtée ne ferait pas de tort. La façon de faire et les explications des décisions aideraient à dorer la pilule. Or, le docteur Barrette n'a jamais démontré ses aptitudes à faire preuve de diplomatie. C'est à croire qu'il est de la même école qu'un patron qui informe ses employés de leur congédiement par télécopieur.

Dans le projet de loi 20, le ministre Barrette veut fixer aux médecins de famille des quotas sur le nombre de patients à rencontrer. Il dit qu'ils ne travaillent pas assez fort et il veut les obliger à en faire plus. Est-ce vraiment la bonne cible qui est visée? Lorsque je demande un rendez-vous avec mon médecin, je l'obtiens au pire dans le mois qui vient, et parfois à l'intérieur de la semaine qui vient.

Cependant, lorsque je dois rencontrer un médecin spécialiste sur recommandation de mon médecin de famille, il est fréquent que le temps d'attente soit de trois à six et parfois de douze mois. Je me demande alors si c'est mon médecin de famille qui ne travaille pas assez ou qui n'est pas assez accessible. Il est possible que l'organisation du travail doive être revue. Ces médecins spécialistes sont aussi à l'œuvre auprès des patients à l'hôpital, mais la segmentation des rôles dans le secteur de la santé, comme partout ailleurs, multiplie les étapes à franchir pour arriver au résultat final.

Il ne faudrait pas que le ministre Barrette ménage ses interventions auprès des médecins spécialistes à cause de la généreuse indemnité de départ de plus d'un million de dollars qu'ils lui ont attribuée lorsqu'il a quitté la présidence de leur fédération. Si quelque chose doit être revu dans l'organisation du travail, il faudrait aussi s'y attaquer.

Il semble que le Dr Barrette envisage aussi de réduire la rémunération des pharmaciens. Or, en général, nous n'entendons pas de plaintes des Québécois. Pourquoi s'attaquer à quelque chose qui fonctionne bien? D'accord pour la réduction des frais des médicaments, mais ce sont les compagnies pharmaceutiques qui contrôlent le tout, pas le pharmacien local. Si les pharmaciens doivent aussi être mis à contribution pour atteindre les objectifs d'économies du gouvernement, il faudrait au moins s'assurer de ne pas réduire le service et ainsi pénaliser les utilisateurs.

Comme la réforme Barrette aura besoin de la collaboration de tous pour être un succès, il serait important que tout un chacun comprenne les décisions prises et accepte les impacts sur soi. Ce n'est pas en bafouant le secteur de la santé et ses membres que le ministre fera un succès. Monsieur Barrette diluera-t-il un peu son projet de loi 20 ou conservera-t-il son attitude habituelle de négociateur qui fait boire l'eau à ses vis-à-vis et garde le vin pour célébrer sa victoire?

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