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Chambre à part

Ce choix de couple ne devrait pas surprendre puisqu'il est admis par les solitaires nocturnes que chacun dort mieux seul dans son lit. Plusieurs personnes en situation de célibat temporaire admettent aussi qu'après une longue période de sommeil réparateur seule au lit, elles ne souhaitent plus trouver un partenaire de sommeil.
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Je constate que chaque fois que je réponds à une question en précisant que ma conjointe et moi faisons chambre à part depuis des décennies, mon interlocuteur se montre d'abord surpris et décontenancé. Ses yeux m'interrogent sur ma qualité de vie en couple. Même lorsque la question n'est pas clairement formulée, comme bien d'autres dans une telle situation, je me crois obligé de préciser que ma femme n'en pouvait plus de m'entendre ronfler.

Et c'est à ce moment-là que j'ai entendu plusieurs personnes réagir en se disant qu'ils auraient possiblement dû prendre la même décision. Les femmes se plaignent de se faire réveiller quelques fois par nuit par les ronflements de l'ours avec qui elles partagent leur lit, tandis que les hommes se plaignent de porter des marques au dos ou au côté à la suite de coups de coude atomiques reçus pendant leur sommeil sous prétexte qu'ils ronflaient.

Parfois, j'entends parler de personnes qui bougent tellement qu'elles n'ont pas besoin de faire de l'exercice pour maintenir leur poids santé. Ce type de bougeotte a aussi pour effet de nuire au sommeil du conjoint ou de la conjointe, quand il ne limite pas l'espace disponible au lit lorsque l'un des deux dormeurs adopte la position de l'étoile en étendant les bras et jambes pour délier les muscles au maximum.

Ce choix de couple ne devrait pas surprendre puisqu'il est admis par les solitaires nocturnes que chacun dort mieux seul dans son lit. Plusieurs personnes en situation de célibat temporaire admettent aussi qu'après une longue période de sommeil réparateur seule au lit, elles ne souhaitent plus trouver un partenaire de sommeil. Pour des ébats, oui, mais pour dormir, pas vraiment. Et ceci ne reflète rien de nouveau. Souvenons-nous qu'à l'époque, les rois et reines, de même que les aristocrates, avaient dans leurs résidences les appartements de monsieur et ceux de madame. Eux aussi avaient compris que de partager le lit pouvait être agréable, mais non nécessaire à toutes les nuits.

On pourrait même imaginer que les dimensions des lits ont pris leur appellation il y a très longtemps, à savoir le lit à une place pour les célibataires, le lit deux places pour les couples d'usuriers, le grand lit deux places (Queen) pour l'accouchement, pour le repos de la reine ou pour recevoir incognito un prétendant, et finalement le très grand lit deux places (King) pour un repos royal ou pour recevoir une préférée du roi lorsque la reine ne se montrait pas disposée à le visiter.

L'invention du lit d'eau a permis de créer un certain exotisme pour les amateurs de voyages, mais l'absence d'anti-vagues a causé quelques nausées quand on passe sous silence des tsunamis comme conséquences de l'abordage.

On pourrait aussi dire que malgré la reconnaissance de notre société distincte à cause de la langue française et de notre système judiciaire utilisant le Code civil au lieu de la « Common law », le Québec ne fait pas et ne fera pas à échéance prévisible, chambre à part du Canada politiquement. Il faudra donc accepter de continuer à recevoir les coups de coude au dos lorsque certains d'entre nous oseront distraire le sommeil canadien avec des revendications autonomistes.

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