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La campagne électorale, version LNI

Bienvenue, mesdames et messieurs à ce spectacle unique et inédit de la Ligue nationale d'improvisation mettant en vedettes nos dirigeants politiques.
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Bienvenue, mesdames et messieurs à ce spectacle unique et inédit de la Ligue nationale d'improvisation mettant en vedettes nos dirigeants politiques. Pour surveiller et règlementer cette joute, un être imparfait mais adorable qui ne cache pas l'existence de ses ex, monsieur Simon Durivage.

La foule est survoltée et très colorée: de nombreux partisans du NPD vêtus d'un grand gilet orange, quelques libéraux arborant fièrement leur tignasse blanche et des foulards rouges, Gilles Duceppe et quelques chauds partisans du Bloc québécois sont blottis dans un coin en haut des estrades et cachés derrière de grosses lunettes sombres, en veston-cravate environ cinq membres du Parti Conservateur, parmi lesquels on croit reconnaître Pierre Paradis, qui a annoncé son intention de ne pas se présenter à la prochaine élection. Certains disent qu'il Part à Dis-raéli pour mieux s'isoler de la tempête médiatique.

Sans plus de préambule, écoutons l'arbitre qui lance la compétition en sifflant longuement pour obtenir l'attention de tous. Catégorie mixte, nombre de joueurs illimités, sous le thème «Des promesses, des promesses», durée interminable à la discrétion de l'assemblée.

Stephen Harper saute alors sur la glace très agilement pour faire face à son équipe et donner ses instructions. Thomas Mulcair semble avoir le couteau entre les dents et montre clairement qu'il veut emporter la victoire en dirigeant avec doigté son groupe. Pendant ce temps-là, Justin Trudeau salue dans la foule les demoiselles de 17 à 97 ans en leur envoyant des clins d'œil, des sourires et des baisers soufflés avant de replacer une mèche de cheveux qui s'est déplacée à son insu.

Autre coup de sifflet, les conservateurs ouvrent le bal avec un de leurs ténors, Maxime Bernier, qui sourit à la foule, qu'il salue comme si elle lui était déjà acquise. Il enchaîne alors avec un long exposé sur un ton monocorde où il fait valoir les grandes qualités de son gouvernement en précisant que c'est ce que monsieur Harper lui a dit de dire. Quelques claques volent tout près de lui. Il sourit encore plus et les ramasse en disant que les propriétaires les ont probablement échappées et qu'il offre de leur retourner s'ils s'identifient, ce qui leur éviterait d'abîmer leurs beaux souliers en retournant chez eux à la fin de la soirée puisque la pluie humide comme la pluie des promesses électorales fait rage dehors.

C'est à ce moment-là que Stephen Harper pousse son ministre Denis Lebel dans la mêlée. Arborant son sourire discret, figé et à la franchise incertaine, il ajoute aux propos de son collègue que son gouvernement est celui qui a écouté la population et qui a compris l'importance de remplacer le pont Maurice Rich... euh, le pont Champlain. Il tente de soulever une vague d'applaudissements en accentuant le geste et en élevant la voix pour souligner que les travaux ont d'ailleurs déjà commencé. Plusieurs murmures de réprobations se font entendre.

N'en pouvant plus, le visage aussi rouge que son gilet, Stéphane Dion saute alors sur la glace pour dire leurs quatre vérités aux conservateurs. Il rappelle que ceux-ci mettent beaucoup plus d'ardeur à faire traverser le Québec par un oléoduc transportant le pétrole des sables bitumineux albertains qu'ils se sont hâtés à mettre en marche les travaux de remplacement du pont Champlain. Il ajoute que ce même gouvernement n'a pas écouté les demandes de Québec pour protéger l'environnement en installant sur ce pont un transport en commun qui aurait diminué les émissions de gaz à effet de serre.

Maxime Bernier s'empresse alors de mentionner qu'aucune étude n'a démontré à quoi sert ce gaz... à effet de serre. Steven Blaney se joint à lui pour détourner la conversation et faire valoir les efforts du gouvernement actuel pour protéger la sécurité des Canadiens, tant au niveau de l'environnement qu'au niveau de l'image forte du pays sur la scène internationale et à l'intérieur, face aux terroristes qui ont réussi à entrer dans notre pays et qui essaient de soulever des jeunes et en faire des adversaires de notre démocratie.

C'est alors que Thomas Mulcair rejoint ses adversaires sur la patinoire à la grande satisfaction de la foule qui provoque immédiatement une vague orange. De nombreux applaudissements fusent et il sourit timidement aux spectateurs avant de regarder directement dans les yeux ses adversaires conservateurs, sans rien dire, mais en leur faisant clairement comprendre par son langage non verbal qu'il n'en peut plus d'entendre tant d'inepties.

Il critique alors le choix polluant des conservateurs en misant sur le pétrole albertain pour relancer les finances de tout le pays. Il met en doute la sincérité des ténors de ce gouvernement en disant qu'ils donnent l'impression de respirer la sincérité lorsqu'ils s'adressent à la population, mais qu'ils semblent avoir le souffle court.

C'est alors que dans un geste majestueux, Justin Trudeau se joint aux débats. Il s'adresse alors lentement à l'assemblée en paraphrasant maladroitement un de ses prédécesseurs, Jean Chrétien qui disait «Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?» Trudeau lui, dit tout bonnement: «Qu'est-ce que vous voulez entendre?». Et débute au ralenti le texte qui semble issu d'un enregistrement répété constamment: «Le Parti li-bé-ral du CA-NA-DA, grand parti dirigeant de ce grand pays d'une Rocheuse à l'autre, a comme priorité de procurer à la classe moyenne de meilleures conditions de vie».

Thomas Mulcair demande alors à son jeune adversaire combien de gens de la classe moyenne regroupe le Parti libéral? Comme Trudeau est incapable d'en identifier un seul malgré un coup d'œil autour de lui, Mulcair sourit à la foule en désignant ce symbole de crédibilité auquel il fait face.

L'arbitre siffle la fin du match et la vague orange repart de plus belle en chantant: «Na, na, na, hé, hé, good-bye imposteurs».

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