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Aidants naturels, pas naturels pour tous

À force de côtoyer des aidants naturels, au cours des derniers mois, j'ai constaté que plusieurs personnes ne sont pas conscientes que cela implique beaucoup d'empathie, de don de soi et d'oubli de ses goûts et besoins personnels.
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Les médias parlent de plus en plus souvent de façon élogieuse des aidants naturels, aussi appelés les proches aidants. Ce rôle est valorisé pour le dévouement qu'il implique, mais n'est cependant pas reconnu à sa juste valeur partout dans notre société.

À force de côtoyer des aidants naturels, au cours des derniers mois, j'ai constaté que plusieurs personnes ne sont pas conscientes que cela implique beaucoup d'empathie, de don de soi et d'oubli de ses goûts et besoins personnels.

Il faut cependant être conscient que les aidants naturels n'ont pas été préparés à jouer ce rôle. Cela ne s'apprend pas à l'école. La vie l'a appris à certaines personnes qui ont dû, très jeunes, se dévouer pour un membre de la famille. Le titre d'aidant naturel est attribué à des gens qui, par vocation et par goût, s'en acquittent merveilleusement, mais aussi à des gens qui en héritent par la force des choses. Dans la majorité des cas, il semble que ce n'est pas un choix d'avenir que de devenir proche aidant. Cela se produit par un hasard de circonstances.

Le manque de préparation pour accomplir les tâches reliées à ce rôle m'amène à constater que certains n'ont pas le profil pour s'occuper des finances, du bien-être physique et moral de leurs proches, mais doivent accomplir ces tâches parce que, dans de nombreux cas, personne d'autre ne s'offre pour le faire. J'ajouterais que même si ce n'est pas naturel pour tous de devenir un aidant naturel, tous les gens que j'ai rencontrés et dont j'ai entendu parler s'acquittent admirablement de leur rôle, malgré leur manque de formation et leur profil peu enclin à jouer un rôle humanitaire.

La bonne volonté déployée permet d'acquérir le savoir-faire et les aptitudes nécessaires pour répandre le bien autour de soi et améliorer la qualité de vie des aidés. Ce n'est cependant pas une vie facile et le risque est de s'enterrer dans les tâches pour faciliter la vie de l'aidé et de s'oublier. D'où l'existence et l'importance des organismes d'aide pour les aidants naturels. Ces gens sont les aidants des aidants et, par ricochet, des aidés en procurant de l'aide psychologique, de la formation, de l'information et même du répit pour donner l'occasion de se changer les idées et de continuer à vivre sa vie même en consacrant beaucoup de temps et d'énergies pour leurs aidés.

Ceci est d'ailleurs tout à fait conséquent avec un livre intitulé : « Vivre avec un malade sans le devenir » (Bruno Fortin et Sylvain Néron chez Méridien Collection Psychologie médicale) que j'ai lu il y a quelques années à la suite d'une suggestion d'un psychiatre. Le message principal que j'ai retenu est : « continue à vivre ta vie, sinon tu deviendras malade toi aussi et tu ne pourras plus aider le malade avec qui tu vis ». Dans le contexte de notre société où les coûts des services de santé croissent incessamment et dépassent la capacité de payer des gouvernements, le rôle d'Aidant naturel devient primordial pour garder les gens dans leur milieu de vie, mais au risque d'épuiser les Aidants qui s'oublieraient dans ce processus et deviendraient eux aussi malades.

La religion et la prière semblent être un moyen choisi par certains pour mettre fin à la misère. Mais de faire appel aux Aidants naturels pour matérialiser la prière « Délivrez-nous du mal » constitue une mission pas toujours possible. Comme le fait de chercher de l'espoir en disant que Dieu ne nous fait jamais vivre d'épreuves plus grandes que celles auxquelles nous pouvons faire face peut constituer une utopie dans certains cas. Vérifiez donc auprès d'un grand brûlé ou d'une personne en phase terminale qui souffre et n'a aucune lueur d'espoir parce que même la médecine ne peut prédire aucune rémission possible.

Tout ce qu'il nous reste à faire, c'est de souhaiter aux aidés et aux aidants tout le courage nécessaire. Aux organismes d'entraide, souhaitons des bénévoles et des employés qualifiés à qui les ressources financières, physiques, matérielles et techniques pourront être fournies pour supporter tous les Aidants dans leur mission de rendre la vie des aidés plus douce dans les circonstances pourtant pénibles dans plusieurs cas.

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