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La souhaitable abolition du Sénat et de tout le décorum d'origine britannique

Si on est d'accord pour abolir le Sénat qui est une résidence pour personnes âgées venant recueillir des faveurs obtenues pour leur contribution à la société, ou plus souvent à un parti politique, il faut se demander si tout le protocole d'origine britannique qu'il reflète ne devrait pas être abandonné en même temps.
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Maintenant que des sénateurs ne se sont pas comportés comme on peut s'y attendre, qui plus est, des sénateurs qu'il avait nommés lui-même, Stephen Harper ne voit pas d'autre solution que l'abolition du Sénat. Pas fou, il a envoyé au front son valeureux soldat, Maxime Bernier qui a encore besoin de gagner des indulgences pour racheter ses incartades passées, et lancer l'idée d'un référendum sur le sujet.

Le NPD ne s'opposera probablement pas à cette abolition, mais martèle avec raison le premier ministre de questions parce que ce choix, qu'il semble prêt à faire, cherche à cacher ou faire oublier des anomalies qui proviennent de son bureau.

Cependant, si on est d'accord pour abolir le Sénat qui, il faut l'admettre, est une résidence pour personnes âgées qui viennent recueillir des faveurs obtenues pour leur contribution à la société, ou plus souvent à un parti politique, il faut se demander si tout le protocole d'origine britannique qu'il reflète ne devrait pas être aboli en même temps. Ceci impliquerait la disparition des postes de gouverneur général et de lieutenants-gouverneurs.

Après tout, ce serait un très bon moyen d'atteindre les objectifs budgétaires de ce gouvernement qui s'évertue à réduire les dépenses, même au détriment de l'abolition de services utiles. Dans ce cas-ci, à part les petits amis, personne ne serait réellement pénalisé puisqu'il s'agit de dépenses importantes reliées à un décorum périmé.

Après tout, ce serait une suite logique du mode de fonctionnement des provinces. En effet, lors de la Confédération en 1867, seules les provinces de la Nouvelle-Écosse et du Québec se sont vu imposer une chambre haute. Ce Conseil législatif composé de membres nommés à vie par le lieutenant-gouverneur, sur recommandation du premier ministre, a été aboli en 1928 par la Nouvelle-Écosse. Au Québec, ce n'est qu'en 1968 que l'abolition a été acceptée. Le Conseil législatif y avait longtemps été perçu comme le protecteur de la minorité anglophone contre la majorité.

Comme le Sénat canadien ne semble plus protéger les intérêts de personne, sauf de ses propres membres, il est probablement temps de se débarrasser de cet anachronisme. Pouvez-vous imaginer combien nous coûtent le salaire, les frais de déplacement et les frais d'hébergement de tous les sénateurs? Imaginez maintenant les salaires de tous les employés reliés aux sénateurs et au Sénat. En plus, calculez tous les frais reliés au décorum, aux rencontres protocolaires et aux simagrées de ces bonnes gens, qu'ils nous soient sympathiques ou non. Comme on dit dans l'entreprise privée, quelle est leur valeur ajoutée? Qu'en retirent le peuple canadien et la démocratie? Est-ce que cela vaut le coût?

Aussi surprenant que cela puisse paraître, notre traditionaliste premier ministre Stephen Harper a une opportunité de contribuer au modernisme de la politique canadienne. En profitera-t-il? Jugera-t-il que ceci apportera une valeur ajoutée aux intérêts électoraux de son parti? Ce serait souhaitable que les intérêts électoraux du Parti conservateur rencontrent les intérêts financiers des Canadiens, mais est-ce que les adorateurs de la monarchie britannique et de ses traditions parlementaires auront un sursaut d'énergie pour défendre leur lien avec la Grande-Bretagne?

Pourquoi accepterait-on de se laisser passer un autre sapin? Ce qui est bon pour pitou devrait être bon pour minou. Si les provinces peuvent fonctionner sans la chambre haute, pourquoi Ottawa n'arriverait pas aussi ? Au Québec, au cours des 35 dernières années, nous n'avons pas entendu de nostalgiques se plaindre de l'abolition du Conseil législatif. Est-ce que ce délai d'apprentissage pour la province distincte - et toujours à part - a été assez long pour permettre au reste du Canada de réaliser le bien-fondé de cette mesure?

Si le Salon rouge au Parlement du Québec est devenu un lieu de rencontres protocolaires et autres, la chambre du Sénat pourrait devenir un musée illustrant un parc d'amusement pour gens âgés qui a fait le bonheur et contribué au succès financier d'ex-contributeurs des grands partis politiques. Il devrait être assez facile de trouver un «Conservateur» du musée.

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