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Mes guides, en matière de révolution, sont Léon Tolstoï et Martin Luther-King: la désobéissance civile pacifique et non violente.
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Zuberka via Getty Images

Seuls les moyens justifient la fin que l'on poursuit. On tient à nous faire accroire que c'est le contraire, que la fin justifie toutes les formes de cannibalisme. Ce n'est pas logique. Ou bien c'est la logique du pire, la logique des anges exterminateurs, la logique des petits hommes qui plongeraient le monde dans une fournaise de glaives, quelle que soit l'issue.

On parle beaucoup de l'extrême-gauche et sans doute pas assez de l'extrême-droite. Par contre, on parle peu de nihilisme.

C'est quoi, le nihilisme? Je ne vous expliquerai pas ça de long en large malgré mes manies didactiques. Disons, pour faire court, que c'est la doctrine de la destruction, où tout doit périr pour possiblement régénérer le monde, quoique ce ne soit pas vraiment nécessaire d'arriver à quelque fin que ce soit. Pourvu que les moyens soient violents, sanguinaires, voire génocidaires.

Dostoïevski a abondamment traité le sujet du ressentiment, fondement du nihilisme, dans ses romans Crime et châtiment, ainsi que dans Les Possédés. Il faut dire que le nihilisme était aussi une philosophie partagée par les contemporains de Dostoïesvski, dont quelques romanciers et bien sûr Netchaïev, rendu célèbre par le Catéchisme du révolutionnaire qui aura fortement influencé les organisations aspirant au coup d'État totalitaire.

Dans Crime et châtiment, Roskolnikov, étudiant plutôt révolutionnaire, rêve de se venger de ce monde pourri et d'obtenir sa place au soleil. Il n'hésite pas à tuer une vieille prêteuse sur gages. Il se dit que si Napoléon peut faire périr des milliers d'hommes sur les champs de bataille pour faire triompher les idées républicaines, pourquoi devrait-il s'empêcher de tuer la vieille pour obtenir l'argent qu'il lui faut pour arriver à ses fins? Il a trouvé sa logique. La logique de la haine. Il tue la vieille. Cependant, il aura pour châtiment d'être rongé de remords. Ce qui n'est pas toujours le cas d'un SS ou d'un commissaire du peuple, les remords.

Dans Les Possédés, Dostoïevski explore relativement le même thème. Les révolutionnaires se disputent sur la manière de mener leur oeuvre de rénovation sociale. Puis le chat sort du sac. On s'en fout de la révolution! Qu'ils périssent tous autant qu'ils sont! Nous sommes des gredins. On s'en fout du peuple, des petites misères et des pleurnicheries. On veut seulement faire sauter le couvercle de la marmite. Péter sa coche. Tout démolir.

***

Des pulsions nihilistes existent au sein de toutes les organisations sociales. L'être humain est rarement plus intelligent en groupe. Voilà pourquoi le sage doit souvent faire un pas de côté et mesurer ses allégeances pour ne pas contribuer à nourrir ceux qui ne carburent qu'à la haine et prêchent autant pour la destruction que pour l'autodestruction.

Mes guides, en matière de révolution, sont Léon Tolstoï et Martin Luther-King: la désobéissance civile pacifique et non violente.

Je ne prétends pas être sage. Mais je ne veux pas devenir le visage incarné de la haine.

Je suis sans doute naïf.

Naïf comme le docteur Jivago. Je veux soigner les blessés au lieu d'en provoquer de nouveaux.

Je ressens un besoin métaphysique de justice sociale.

Mon coeur porte à gauche. Je ressens un besoin métaphysique de justice sociale. Quelque chose qui transcende les positions, les votes, les congrès, les tracts et même les manifs. Ce quelque chose que je ne trahirai jamais. C'est ma relation directe avec l'Infini, avec l'Amour, avec Dieu si vous préférez. C'est non-négociable.

Bref, je ne suis pas nihiliste. Je suis sans doute un militant des droits civiques. Mais je n'appartiens à personne. J'appartiens à l'univers. Et je me charge de ne pas lui faire honte.

Et mon combat, si combat il y a, il continue dans la vie, la beauté, la paix et l'amour.

Give peace a chance.

Avril 2018

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