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Radio-Canada: nous aussi, nous sommes inquiets

La semaine dernière, 17 journalistes de renom lançaient un «cri d'alarme» quant aux «graves conséquences» des coupures draconiennes annoncées dans le budget de Radio-Canada. En tant que jeunes actifs dans l'espace public, nous partageons le même souci pour la qualité du débat public et reconnaissons à cet égard la contribution essentielle de la société d'État .
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La semaine dernière, 17 journalistes de renom lançaient un « cri d'alarme » quant aux « graves conséquences » des coupures draconiennes annoncées récemment dans le budget de Radio-Canada. Nous sommes des jeunes de moins de 35 ans provenant de tous les horizons et avons entendu leur appel. Certains parmi nous militent au NPD, au PLC ou au Bloc Québécois, d'autres dans les organisations syndicales (CSN, FTQ, CSQ) et d'autres encore ne s'associent à aucun parti politique. Malgré nos désaccords, nous unissons aujourd'hui nos voix. Nous aussi, nous sommes inquiets.

En tant que jeunes actifs dans l'espace public, nous partageons le même souci pour la qualité du débat public et reconnaissons à cet égard la contribution essentielle de Radio-Canada. La direction de la société d'État a déjà annoncé que plus d'une trentaine de postes seront supprimés à la division de l'information. Ces coupures auront des conséquences graves quant à la diversité et à la qualité de l'information. Qu'adviendra-t-il des nouvelles internationales, déjà trop souvent négligées? Et la culture? Trop de questions restent sans réponses. Il est irresponsable de sabrer ainsi dans la société d'État sans avoir procédé, avec l'ensemble de la population, à une réflexion en profondeur sur son financement et son organisation.

Les détracteurs du diffuseur public arguent que l'émergence des nouveaux médias a rendu obsolète son existence. Comme jeunes qui s'impliquent activement dans l'espace public, il nous semble au contraire que la multiplication des sources d'information renforce la pertinence d'un média public fort, capable de servir de point de référence. Pour jouer ce rôle, Radio-Canada a plus que jamais besoin d'un financement stable lui permettant de répondre à d'autres impératifs que ceux dictés par la course aux cotes d'écoute. Donnons à Radio-Canada les moyens de servir l'intérêt public.

Quelques jours après l'annonce de ces compressions historiques, une étude indépendante dévoilait que les coûts totaux des controversés avions de combat F-35 pourraient atteindre 126 milliards de dollars au courant des 40 prochaines années. Cela représente environ 126 fois ce que le gouvernement canadien verse annuellement au diffuseur public. Nous avons les moyens de financer Radio-Canada; ces coupures ne découlent pas d'impératifs financiers, mais d'une approche idéologique. D'ailleurs, la très grande majorité des pays développés ont un diffuseur public, et la quasi-totalité d'entre eux le finance bien mieux que nous. En fait, seuls les États-Unis et la Nouvelle-Zélande le financent moins.

Radio-Canada n'est pas parfaite, loin s'en faut. C'est cependant un élément crucial pour la survie d'un espace public ouvert et diversifié. Sans cet espace public, pas de démocratie. Nous avons besoin d'un lieu où discuter ouvertement et en toute connaissance de cause des enjeux sociaux, politiques, économiques et culturels qui sont au cœur de notre société. Nous avons besoin d'un espace où la culture sera abordée autrement que sous l'angle du divertissement. Il est évident, pour nous, que le diffuseur public est un élément essentiel de cet espace public et, par conséquent, de notre démocratie

Si les employés de Radio-Canada ont besoin de notre solidarité, c'est donc parce que leur mobilisation vise bien plus que la sauvegarde de leurs emplois. Ce qui est en danger, ici, c'est la possibilité pour chaque citoyen d'être informé des décisions qui sont prises en son nom. La situation est bien plus qu'inquiétante. Elle est alarmante. Laisserons-nous les artisans de Radio-Canada se défendre seuls ?

Cette lettre est consignée par: Jonathan Allard, co-président des jeunes-néodémocrates du Canada; Léa Couture-Thériault, vice-présidente des jeunes libéraux du Canada; Xavier Barsalou-Duval, président du Forum jeunesse du Bloc québécois; Anick Ferland, pour le comité national des jeunes de la CSN; Maxime Sabourin, pour le comité jeunes de la FTQ; Isabelle Noreau, pour le réseau des jeunes de la CSQ; Widia Larivière, militante autochtone; Léa Clermont-Dion, auteure et militante féministe; Aurélie Lanctôt, étudiante en droit et militante féministe; Pierre-Luc Brisson, auteur; Gabriel Nadeau-Dubois, ancien porte-parole étudiant et candidat à la maîtrise en sociologie.

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