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J'ai survécu à mon trouble d'anxiété généralisée

TÊTE À TÊTES - Du plus loin que je me souvienne, j'ai commencé à faire de l'anxiété à l'âge de huit ou neuf ans, en troisième année du primaire. Chaque matin, je pleurais à l'école, sans exception. Je ne comprenais pas trop pourquoi en tant qu'enfant, j'avais ce sentiment d'inconfort et d'inquiétude...
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«Tu as un T.A.G Gabriel» que mon médecin m'a annoncé. J'avais enfin trouvé une réponse à mes questions. Je savais enfin pourquoi je faisais des crises de panique depuis ma tendre enfance. Je venais d'apprendre que je souffrais d'un trouble d'anxiété généralisée. Bon, dit comme ça, on dirait que je suis atteint d'une grave maladie dégénérative, mais en fait, ça veut juste dire que mon cerveau aime bien s'inquiéter pour un peu tout et rien.

L'anxiété, ce n'est qu'un autre mal qui gagne de plus en plus notre société en mal de vivre, particulièrement les jeunes. Comme enseignant, mais aussi comme quelqu'un d'expérimenté dans le domaine, je peux facilement constater l'évolution de cette maladie mentale dans ma classe. Le format de la société dans lequel nos enfants naissent et évoluent est complètement démesuré et oppressant. Nous pourrions parler du culte de la beauté qui gagne les jeunes filles dès l'âge de 5 ans selon Annie Aimé, une psychologue de l'Université du Québec en Outaouais. Ou nous pourrions également parler de l'anxiété liée à la performance de nos enfants parce que nous leur en demandons trop. Malheureusement, je n'écris pas mon billet dans un élan de dénonciation, mais plutôt dans un élan de compassion et d'empathie.

Du plus loin que je me souvienne, j'ai commencé à faire de l'anxiété à l'âge de huit ou neuf ans, en troisième année du primaire. Chaque matin, je pleurais à l'école, sans exception. Je ne comprenais pas trop pourquoi en tant qu'enfant, j'avais ce sentiment d'inconfort et d'inquiétude qui me gagnait à la seule pensée que je devais faire cette journée où on allait sans doute me demander maintes tâches et responsabilités. La direction de l'école avait convoqué mes parents, mais personne ne voyait ce qui se passait réellement. Ces derniers croyaient simplement que j'étais un enfant perturbé, j'ai donc dû composer seul avec mon problème d'anxiété. Comme enfant, mes moyens étaient plus que limités, je me souviens avoir vécu ces jours de tristesse au moins durant la moitié de l'année. Puis un matin, alors que j'étais fatigué d'être dans cet état, j'ai décidé de jouer au ballon-chasseur pour tenter de me changer les idées. J'y ai vite trouvé un moyen d'évacuer ces inquiétudes qui me gagnaient chaque matin. Je jouais à chaque jour, sans exception, j'avais enfin trouvé ma porte de sortie.

«Le format de la société dans lequel nos enfants naissent et évoluent est complètement démesuré et oppressant».

Je n'ai plus entendu parler de l'anxiété jusqu'en troisième secondaire. Jusque-là, j'avais moi-même pensé que j'avais simplement été perturbé durant cette période de mon enfance. À l'âge de 15 ans, mon anxiété est revenue en force sous forme de crises de panique. Je croyais que je devenais complètement fou, que je perdais la tête. Je m'enfermais chez moi, croyant être à l'abri de cette maladie qui me gagnait dès que je sortais hors de ma zone de confort. Plus les jours avançaient, plus cette zone de confort rapetissait, au point où j'en étais confiné dans ma chambre. J'attendais, croyant que les crises partiraient comme elles sont arrivées, de par elle-même.

J'ai fini par sombrer dans la dépression. On ne peut tout de même pas rester six mois dans cet état sans en subir des conséquences. Je suis allé consulter mon médecin de famille qui m'a prescrit une médication, mais également une thérapie de groupe. En moins de deux semaines, la médication avait commencé à faire effet et je me sentais mieux. La thérapie, quant à elle, m'a aidé à comprendre ma maladie, mais elle n'a pas tellement appris comment la gérer. J'ai dû réapprendre à vivre, ni plus ni moins. Apprendre à vivre dans le moment présent, apprendre à utiliser mes pensées comme un outil plutôt que de me laisser envahir par ces dernières. J'ai beaucoup lu sur le sujet, j'ai commencé à méditer, à faire du sport régulièrement et à éviter les situations qui pouvaient facilement se transformer en source d'angoisse. J'ai fait beaucoup de démarche par moi-même, faute de bonnes ressources pour ce genre de maladie.

Étonnamment, je suis devenu enseignant. Je me présente chaque jour devant une vingtaine d'élèves et je me donne en spectacle. Évidemment, c'est une façon de parler. J'ai toutefois la chance de pouvoir aider les étudiants qui souffrent d'anxiété comme personne ne saurait sans doute le faire mieux. C'est surtout ça, enseigner. Apprendre de nouvelles notions c'est important, mais apprendre à vivre et à être heureux, c'est primordial. Et ça, la société ne nous l'enseigne point.

Et si toi, lecteur de ce billet, tu te sens concerné par mon histoire. Ou même si tu connais quelqu'un, un adulte, un ado ou même un enfant qui cherche désespérément à comprendre son problème d'anxiété, je t'invite à me laisser un commentaire au bas de ce billet, il me fera un grand plaisir de discuter avec toi.

Vous êtes en situation de crise? Ou vous connaissez quelqu'un qui a besoin d'aide? Plusieurs centres d'écoute sont à votre disposition au Québec, 24h/24, 7 jours sur 7. Vous pouvez aussi joindre Jeunesse, J'écoute au 1-800-668-6868.

Tête à têtes est une nouvelle série de blogues lancée conjointement par le Huffington Post Québec et le Huffington Post Canada. Inspirée par le projet Maddie, cette série met l'accent sur les adolescents et la santé mentale. Elle a pour but de sensibiliser et de susciter des conversations en s'adressant directement aux adolescents qui traversent un moment difficile ainsi qu'à leurs familles, aux enseignants et aux dirigeants communautaires. Nous voulons nous assurer que les adolescents qui sont aux prises avec une maladie mentale reçoivent l'aide, le soutien et la compassion dont ils ont besoin. Si vous souhaitez contribuer à cette série, envoyez-nous un courriel à cette adresse : nouvelles@huffingtonpost.com.

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