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Qu'est-ce que ça prend pour être un bon chroniqueur aujourd'hui?

Il faut apprendre la différence entre prendre position dans un dossier chaud et semer le vent.
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Quand la plupart des chroniques que l'on produit ne font que l'éloge du pessimisme et du négativisme, il faut se poser des questions.
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Quand la plupart des chroniques que l'on produit ne font que l'éloge du pessimisme et du négativisme, il faut se poser des questions.

Qu'est-ce que ça prend pour être un bon chroniqueur aujourd'hui? Vous me direz sans doute qu'il faut savoir s'exprimer, qu'il faut avoir une jolie plume et, peut-être me direz-vous aussi, qu'il faut certaines études. Certains d'entre vous me diront sûrement qu'il faut avoir une opinion, un sens critique et faire preuve de jugement. Bien entendu, je ne possède probablement pas toutes ces qualités, autrement, il y a longtemps que je serais un vrai chroniqueur aguerri. Mais en fait, est-ce vraiment tout ce qu'il faut pour être lu? Est-ce suffisant pour être suivi chaque semaine? Ou ne faut-il pas faire parler de soi par tous les moyens possibles?

« Ch'pu capable ! » Connaissez-vous l'expression : « Parles-en, en bien ou en mal, l'important, c'est que t'en parles »? On dirait que les véritables opinions dans les quotidiens populaires n'existent plus. Comme si on était prêt à vendre sa façon de penser au profit de la popularité d'un article ou d'un billet. Les chroniques de chialage et de « bashing » au Québec sont devenues un véritable fléau. Quand ce ne sont pas les humoristes qui se font tirer sur la place publique, c'est Céline Dion qui en met trop dans une cérémonie ou c'est le prochain spectacle de Véronique Cloutier qu'il faudrait tant surveiller. Sérieux? Ce sont nos préoccupations du moment?

Bien qu'ironiquement, je sois moi-même en train de chialer, j'ai l'impression qu'on n'a plus le droit à de réelles opinions de la part des chroniqueurs de peur que leur popularité baisse.

À quel point faut-il savoir répandre le vide pour être un bon chroniqueur au Québec? Bien qu'ironiquement, je sois moi-même en train de chialer, j'ai l'impression qu'on n'a plus le droit à de réelles opinions de la part des chroniqueurs de peur que leur popularité baisse. J'en ai une opinion, moi aussi: quand on a du talent, on n'a pas besoin de scruter l'ensemble des potins à deux piastres pour essayer de mettre notre article en valeur. Ce qui est d'autant plus frustrant, c'est que la technique de vente a fait ses preuves. Ça fonctionne! On prend le lecteur pour un imbécile heureux qui est prêt à avaler n'importe quoi.

Bon d'accord, vous me direz que dans certains cas, cela suscite des débats et que la divergence d'opinions est même saine. Oui, parce que si nous ne nous posions jamais de question, nous aurions du mal à avancer comme peuple et nous aurions sans doute du mal à cerner nos valeurs fondamentales et nos racines.

Je suis moi-même un chialeur professionnel, c'est dur de me battre.

Mais, il y a un « mais ». Il faut apprendre la différence entre prendre position dans un dossier chaud et semer le vent. Quand la plupart des chroniques que l'on produit ne font que l'éloge du pessimisme et du négativisme, il faut se poser des questions. Est-on réellement en train d'émettre une opinion ou est-on en train de fesser sur tout ce qui bouge? Je veux bien croire qu'on peut être une personne avec des avis tranchés et des prises de position, mais il faut aussi savoir prendre les choses avec légèreté de temps en temps.

Je suis moi-même un chialeur professionnel, c'est dur de me battre. Et, même si j'ai un certain talent avec les mots, je ne me sens pas obligé de cracher un texte sur tout ce qui me sidère. Je suis humain, il y a beaucoup de choses qui m'offusquent ou qui me choquent dans le monde, sauf qu'à trop se concentrer sur la noirceur, on finit par ne plus voir clair...

Avril 2018

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