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Le DEP, diplôme d'études poche?

Qu'on l'admette ou non, la formation professionnelle se fait encore énormément bouder au Québec, et pourtant...
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Je suis au collège Édouard-Montpetit, il est environ 7 h 30 du matin et nous sommes au lendemain de l'Action de grâce. Café en main, j'ai du mal à retirer mon manteau pour affronter le climat frisquet de la salle des exposants avec pour seuls boucliers ma chemise et ma cravate. C'est aujourd'hui que se tient l'activité : «Tout un programme», un événement où se rencontrent centres de formation professionnelle, collèges et universités afin que les étudiants de diverses écoles secondaires puissent faire un choix éclairé pour leur avenir.

Je vois tranquillement notre relève envahir le plancher de cette grande salle où nous sommes installés, tous souriant à l'idée de conquérir le monde prochainement. Je vois l'espace du collège Vanier se faire littéralement envahir, puis c'est au tour des autres collèges. Je me suis bien habillé, je suis tout sourire et j'ai hâte qu'on vienne m'aborder. Une heure passe, puis deux, je me dis qu'ils sont gênés, j'attrape quelques pamphlets au vol et j'attaque littéralement les adolescents avec ma « grande trappe ». Je les interroge sur ce qui les intéresse et ce qui les passionne. Plusieurs d'entre eux démontrent des intérêts et de belles aptitudes pour participer à certains de mes programmes, mais je n'arrive pas à les convaincre à cause de seulement trois lettres: D.E.P.

Le diplôme d'études poche, c'est ce que ces trois lettres signifiaient dans leur tête, avais-je l'impression. Qu'on l'admette ou non, la formation professionnelle se fait encore énormément bouder au Québec, et pourtant... Certains des métiers les plus payants de la province sont enseignés seulement en formation professionnelle. De plus, plusieurs personnes l'ignorent, mais le DEP est une belle porte d'entrée pour l'université, j'en suis même la preuve vivante.

Et d'abord, pourquoi nous boude-t-on ? Vaut-on moins cher que le cégep? Sans compter qu'une bonne part de nos étudiants proviennent des cégeps... C'est un peu passer par la baie James pour revenir à Québec vous ne trouvez pas ? De plus, croire que le collège répond aux besoins de tous nos jeunes, c'est un peu comme croire que toute espèce animale puisse voler, marcher ou même nager... J'aurais bien du mal à concevoir une envolée de baleine à bosse...

Une bonne part de cette situation provient, selon moi, de deux sources très influentes dans la vie d'un jeune adulte en devenir. La première, ce sont les parents. Tous les parents du monde aimeraient voir leur enfant obtenir un diplôme universitaire, mais ce n'est malheureusement pas une vision objective. De plus, université ne rime pas forcément avec cégep, je suis présentement en train de compléter un Baccalauréat et je n'ai pas de diplôme d'études collégiales en poche, j'ai fait un diplôme d'études professionnelles... Sans compter que nos conditions de vie dépendent en bonne partie de certains métiers qui ne nécessitent pas d'études collégiales ou universitaires. S'il n'y avait pas de camionneur ou même d'éboueur, la situation ne tarderait pas à devenir catastrophique au sein de notre population.

Je crois sincèrement qu'il est primordial d'analyser le parcours de chaque étudiant avant de lui suggérer n'importe quel chemin.

La deuxième source qui provoque de la négligence envers la formation professionnelle, ce sont certains de mes collègues enseignants. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, j'ai des collègues qui ont la fâcheuse tendance à prôner les études collégiales plutôt que les professionnelles. Je suis bien d'accord pour dire que c'est sans doute ce qu'il y a de mieux pour une partie de la clientèle, mais pas pour toute la clientèle. Les méthodes pédagogiques sont très différentes d'un établissement à l'autre, de même que l'encadrement, ce sont certains des éléments qu'il faut garder en tête lorsqu'on tente de guider un élève.

Quant aux perspectives d'avenir avec la formation professionnelle, elles sont devenues, au fil des années, pratiquement identiques que celles du collégiale. Il n'est pas rare de voir que l'un de mes finissants travaille au même endroit que certains étudiants finissants du cégep, et pire encore, au même salaire...

Finalement, je crois sincèrement qu'il est primordial d'analyser le parcours de chaque étudiant avant de lui suggérer n'importe quel chemin à emprunter lorsqu'il s'agit de son avenir. Que le meilleur choix s'arrête sur des études collégiales ou professionnelles, je crois qu'il s'avère tout de même important d'analyser les deux possibilités et sans les juger ou les dénigrer.

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