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Qui souhaite vraiment éradiquer l'extrême pauvreté?

Le sort de millions de personnes va se jouer dans les semaines à venir.
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Le sort de millions de personnes va se jouer dans les semaines à venir. Cela ne fait pas la une des journaux mais d'ici mi-juillet, les dirigeants du monde, des pays riches comme des pays pauvres, décideront des efforts qu'ils seront prêts à faire pour s'assurer que d'ici à 2030 plusieurs centaines de millions de personnes sortent de l'extrême pauvreté.

L'enjeu est colossal. Il faut en finir avec l'injustice de la pauvreté et permettre à ces personnes d'avoir enfin plus qu'un dollar par jour pour subvenir à leurs besoins, d'avoir accès aux soins de santé, à une éducation de qualité, à l'eau, à une bonne nutrition et à d'autres services essentiels.

Cela peut paraître bien utopique et c'est peut-être ce que certains veulent nous faire croire pour se dédouaner de ne pas en faire assez. Pourtant des mesures simples existent et permettraient d'accroître les ressources disponibles pour le développement, et en priorité pour les pays parmi les plus pauvres des plus pauvres.

C'est pourquoi la Conférence pour le financement du développement qui se tiendra mi-juillet à Addis-Abeba, en Éthiopie, et les réunions internationales qui la précèdent, telles que le Conseil européen des affaires étrangères et le sommet du G7 début juin, sont si importantes. Lors de ces réunions, les dirigeants vont s'engager sur les moyens qu'ils souhaitent allouer à ce combat pour les 15 prochaines années, délai pour atteindre les nouveaux objectifs mondiaux de développement durable qui seront adoptés en septembre par les Nations unies.

Si cette conférence d'Addis-Abeba ne met pas la barre suffisamment haut, c'est l'échec assuré de ces objectifs. C'est maintenant que les États peuvent décider du sort de ces objectifs, les tuer dans l'œuf à l'état de belles paroles en l'air, ou les concrétiser pour le bénéfice de toute la société.

Aujourd'hui, les bruits de couloir ne laissent pas présager que l'ambition des États sera à la hauteur des enjeux. Chaque État attend que l'autre fasse le premier pas. L'Europe et le G7, qui se réunissent en amont de ce rendez-vous, ont donc une responsabilité toute particulière. Ils seront le métronome qui définit le rythme des progrès, le mètre étalon sur lequel les autres pays vont se baser pour définir leur propre position. Ils ont là l'opportunité de tirer tout le monde vers le haut... ou vers le bas.

Ils seront d'autant plus attendus au tournant que ces dernières années leur comportement en la matière n'a pas été exemplaire. Depuis 2010, la plupart des grands pays donateurs ont tourné le dos aux plus pauvres. En 2014, seulement 30% de l'aide internationale a été allouée aux pays les moins avancés, qui concentrent pourtant la plus grande proportion de population vivant avec moins de 1 euro par jour et souvent encore beaucoup moins.

Si cette même année, ils avaient alloué la moitié de cette aide aux pays les moins avancés, pour deux tiers en Afrique subsaharienne, ceux-ci auraient pu bénéficier de 26,5 milliards de dollars supplémentaires pour financer des secteurs sociaux comme la santé et l'éducation.

Quand on sait que le Liberia, par exemple, ne dispose que de 6 dollars par an et par personne pour financer ces services essentiels, contre plus de 8000 dollars en France, on se dit qu'il serait bon que les pays donateurs revoient les priorités de leur politique de développement.

Certes, tous les pays en développement ont besoin de soutien et de nombreuses personnes extrêmement pauvres vivent dans des pays émergents comme la Chine ou l'Inde, mais les capacités de ces pays à remédier à une telle situation sont totalement différentes. Les pays les moins avancés n'ont pas encore d'économies florissantes, ils peinent à attirer des investissements de l'étranger et leurs administrations sont fragiles. L'aide au développement est indispensable pour donner l'impulsion nécessaire et soutenir des populations qui survivent plus qu'elles ne vivent.

Mais il ne faut pas croire que cela dédouane les pays les moins avancés, et en développement en général, de leurs responsabilités envers leurs populations. La conférence d'Addis-Abeba doit accoucher d'un pacte de responsabilité mutuelle entre toutes les nations, pauvres et riches.

Les pays en développement ont une importante marge de manœuvre dans l'accroissement de leurs ressources domestiques et principalement de leurs recettes fiscales. En moyenne, les pays les moins avancés mobilisent moins de 10% de leur PIB chaque année sous forme de recettes fiscales contre 25 à 40% pour les pays de l'OCDE. En mettant en œuvre des politiques fiscales justes et progressives, ces pays pourraient collecter au minimum 14,4 milliards de dollars par an.

Cette augmentation des ressources domestiques des pays les plus pauvres peut aussi être multipliée par un effort global de lutte contre la corruption et les flux financiers illicites, qui -s'ils pénalisent l'ensemble des pays- coûtent plus de 1000 milliards de dollars bien précieux aux pays en développement.

Alors quand tant d'opportunités s'offrent à nous pour réduire les injustices et les inégalités, pour le milliard de personnes extrêmement pauvres dans le monde, mais aussi pour le bénéfice de toute la société mondiale, qu'attendent les dirigeants pour les saisir?

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