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«Bêtes de foire»: la preuve qu'il existait des cirques québécois avant le Cirque du soleil

Historia vient de produire, une série de trois épisodes portant sur le cirque québécois d'antan, ses origines et ses différentes déclinaisons. Non seulement je suis très heureux d'avoir collaboré à ce projet, mais je suis vraiment enthousiaste.
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« Le cirque est le seul plaisir intemporel que l'on puisse acheter avec de l'argent » - Ernest Hemingway

Le canal Historia vient de produireBêtes de foire, une série de trois épisodes portant sur le cirque québécois d'antan, ses origines et ses différentes déclinaisons. Non seulement je suis très heureux d'avoir collaboré à ce projet, mais je suis vraiment enthousiaste, parce qu'enfin on ne passe pas sous silence l'existence même des cirques québécois.

Mise en contexte et pendules à l'heure

Sur la photo: Frederico Boris Iuliani

Je me souviens très bien quand j'avais 16 ans. Je regardais un reportage sur L'Exposition internationale de 1986 à Vancouver. Le Cirque du Soleil y prenait part et clamait haut et fort qu'il s'agissait du tout premier cirque québécois. D'une part, j'étais étonné que les médias embarquent dans ce discours occultant tout le travail que ma famille et plusieurs autres amis et collègues avaient fait, mais plus encore, je trouvais inutile de dénigrer les autres afin de se positionner. J'ai toujours cru que ce discours révisionniste était totalement futile puisque la qualité du spectacle cirque au chapiteau jaune et bleu était de loin suffisante pour vendre et rayonner.

J'ai eu la même réaction lorsque j'ai assisté à une conférence de presse à la TOHU en 2007 où l'on célébrait le lancement du livreDésirs de vertige, afin de souligner les 25 ans de l'École nationale de cirque. Cet ouvrage, publié aux Éditions des 400 coups, a été coécrit par l'historien de cirque Pascal Jacob et son collaborateur Michel Vézina. Ce dernier avait mentionné devant l'assemblée que l'école avait été fondée avant même l'existence d'un cirque québécois! J'étais resté digne et calme, mais imprégné d'une furie tellement grande que mes voisins, propriétaires eux aussi d'autres compagnies de cirque québécois bien en vue, se sont retournés et m'ont dit que ce n'était pas la vérité. Ils s'attendaient à ce que je réagisse. C'est vrai que je suis expressif et que je n'ai pas la langue de bois, toutefois je n'allais pas faire un scandale et casser leur party. Bien que je sois diplomate et respectueux, je bouillais! La plupart des gens savent que non seulement je connais la plupart des protagonistes du milieu, mais que j'ai effectué des tournées avec eux dès mon plus jeune âge! J'étais insulté, au nom de tous les miens.

J'ai attendu mon tour et je suis allé discrètement à la rencontre de cet auteur pour lui signifier discrètement que c'était un pur mensonge éhonté, tout en l'invitant à ne pas répéter ses dires dans les médias, à tout le moins. Ma démarche était justifiée, d'autant plus que s'il s'était donné la peine de consulter le site de l'École nationale de cirque et sa prestigieuse bibliothèque, il aurait réalisé sa bévue qui discréditait tout son discours. Il m'a répondu que c'était des cirques traditionnels avec animaux!

Fin de la petite montée de lait!

Revenons à Bêtes de foire

Lorsque le recherchiste Vincent Parisien m'a contacté, il y a déjà quelques années, j'ai tout de suite adoré l'idée et offert ma collaboration et, surtout, je l'ai mis en lien avec certains acteurs clés du milieu. En outre, avec mon redoutable papounet, lequel possède l'une des plus vastes collections de livres de cirque et que je considère comme une véritable encyclopédie vivante de l'histoire du cirque américain. Pas facile de lui faire cracher le morceau, mais il maîtrise le sujet et son expertise fut grandement appréciée par les plus anciens membres de la Circus Historical Society, laquelle comprend des conservateurs de musée et tels fins connaisseurs en la matière.

J'ai eu le privilège de voir les trois documentaires distincts, qui racontent les premiers balbutiements du cirque au Québec, lesquels seront diffusés sur le canal Historia à compter du 27 mai prochain. Non seulement j'ai était estomaqué de voir l'ampleur et la rigueur du travail de recherche réalisé, mais je crois que ces documents feront bien plus que les producteurs ne l'imaginaient au départ. Cette série marquante consistera en un témoignage de l'héritage circassien québécois; elle établira un pont entre les cirques dits « traditionnels » et ceux dits « contemporains ». Elle permettra de remettre les pendules à l'heure et d'offrir autant aux plus jeunes artistes qu'aux téléspectateurs une occasion de revivre cette époque, de mieux l'apprécier et la comprendre. Je me demande réellement comment ils ont pu mettre la main sur des images du cirque Gatini, mais j'en suis résolument fier!

Les hommes forts, les freaks, le cirque

Le premier épisode raconte l'histoire des générations d'hommes forts, à la génétique particulière, qui ont marqué l'imaginaire de générations de Québécois. Le second s'attarde à la vie difficile des phénomènes ruraux : géants, nains, jumeaux, quintuplés ainsi que les phénomènes d'attraction de la femme à barbe à l'homme-canon. On y traitera aussi des «side-show»: cabinets des curiosités, palais de nains... Enfin, dans le troisième épisode, nous voyons comment l'industrie circassienne, par le biais des vaudevilles, cirques ambulants et numéros de clowns, aujourd'hui au cœur de la culture québécoise, a connu un parcours difficile avant de dominer le monde.

Par ailleurs, lorsque j'ai entendu les propos de Jan Rok Achard, ancien directeur de L'École Nationale de cirque, j'ai réalisé à quel point je suis passé à côté d'un homme qui avec lequel j'ai bien plus de points en commun que je ne le pensais! Cette série me fait découvrir que plusieurs acteurs du milieu ont des perceptions et des opinions très largement partagés, que l'on se rejoint bien plus que l'on pense.

Mea culpa, Monsieur Achard, j'ai bien hâte de vous inviter, question de vous connaitre enfin. Le choix des Vincent Messager, Antoine Carabinier, Alain Francoeur,Gaston Auger, Claude Bordez, Rodrigue Tremblay et Nicolette Hazewinkle, Louis-Patrick Leroux, Anna-Karina Balardi, Stéphane Lavoie, Yannick Gosselin et finalement Kiera et Eugène Chaplin, afin d'illustrer et faire comprendre la réalité du cirque sont forts pertinents.

Naturellement, vous y verrez mon papa Giovanni Iuliani et nul autre que l'auteur de ces lignes!

Bêtes de foire, les mercredis à 20h, dès le 27 mai sur la chaîne Historia.

Note de l'auteur Je me lance dans un projet particulier, lequel nécessite le plus grand investissement qui soit dans mon cas, celui de l'humilité. Chaque dimanche, je publierai sur mon blogue au Huffington Post Québec un texte autobiographique. Parfois, les récits et les anecdotes pourront paraître invraisemblables. Mes histoires choisies, elles, seront vraies. En fait, tout sera dans la manière que j'aurai de vous raconter ces petits bouts d'existences, d'observations et de perceptions.

En les écrivant, c'est un peu comme si je les conservais dans une capsule temporelle, afin de ne rien oublier. Juste au cas. Traduites dans plus d'une vingtaine de langues grâce à des collaborateurs, elles seront également diffusées via mon site fredolini.com et sur ma page Facebook. Ensuite, ces textes seront regroupés et publiés sous forme de livre. C'est donc une fabuleuse aventure toute en écriture que j'entreprends. J'espère qu'elle saura toucher le cœur des gens, surtout le vôtre. C'est donc un rendez-vous!

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