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Le Québec en faillite? Vraiment?

L'avenir est beaucoup plus clair que certains veulent bien le dépeindre. Nous sommes dans une position enviable, comme société, pour les décennies à venir. Reste à faire ce virage, à exploiter correctement et efficacement nos ressources pour nous amener vers une prospérité axée sur l'avenir et non la prochaine élection.
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Prenez note que ce texte a été rédigé le 11 février 2014, et qu'un ajout à la fin s'y est greffé après l'annonce du 13 février concernant l'exploration pétrolière à Anticosti.

J'entends partout que le Québec est dans une situation financière précaire, que l'avenir est noir, que bientôt, nous serons dans la même situation que la Grèce. Comme j'aime mon Québec, j'ai décidé de faire quelques démarches pour en avoir le cœur net! On fait quoi quand on est en difficultés financières? On appelle un syndic de faillite! Je passe donc un coup de téléphone au cabinet Leblond et associés, de Québec.

Après avoir expliqué que j'appelais au nom du Québec, et que j'aimerais savoir quoi faire pour la province, on me recommande directement au président, Stéphane Leblond. Visiblement, elle croit que le bureau vient de ramasser son plus gros client!

Premièrement, il me rassure, nous ne sommes pas en faillite. La capacité de taxer est toujours là, mais la situation n'est pas parfaite. 42 % des citoyens ne paient pas d'impôts. Si on ne change pas la direction du bateau, le Québec va vivre un exode des gros contribuables. Le changement est nécessaire et doit se faire rapidement. Notre situation n'est pas idéale, et nous pourrions être plus confortables.

Le Québec et la Grèce, c'est comparable? «Comparer le Québec à la Grèce, c'est gros, dit M. Leblond. Le Québec possède des ressources. La Grèce ne peut pas harnacher de rivières, exploiter le pétrole. La Grèce vit principalement du tourisme. Quand ça brasse, il n'y a plus de tourisme, et ils se retrouvent en graves difficultés».

Et nous, au Québec, qu'est-ce qu'on fait des ressources que nous avons sous la main? «On les exploite mal! Exemple: l'Hydro-électricité. C'est notre plus grande richesse. Il n'y a aucune raison pour que chacun de nous ne possède pas un véhicule électrique. L'histoire du moteur roue d'Hydro-Québec est une catastrophe dans l'histoire du Québec». Comment se fait-il que cette invention ait été mise sur les tablettes?

Le père de cette invention, Pierre Couture, propose aujourd'hui un transport électrique par train aérien au-dessus des autoroutes. Est-ce que le gouvernement devrait embarquer dans ce projet? «C'est un projet qui ne nécessite aucune expropriation, on a l'expertise du transport de l'électricité, et on a un joueur mondial, en Bombardier. Tout est là. Le gouvernement devrait être un partenaire majeur dans un projet comme celui-là.» Selon M. Leblond, il n'y a aucun doute que des projets comme celui-là seraient dynamisant pour l'économie québécoise.

Nous sommes propriétaires d'Hydro-Québec, une société qui génère des profits de 1,8 milliard de dollars par année. Aucune province ou État n'est propriétaire d'une entreprise comparable. Ça compte toujours quand tu parles à un banquier. Si demain le Québec décidait de vendre sur les marchés boursiers 49% des actions d'Hydro-Québec, nous irions chercher plusieurs dizaines de milliards de dollars dès aujourd'hui. Donc le ratio actif/passif doit être comptabilisé en tenant compte de cette propriété.

«L'arrivée de Pierre Karl Péladeau est une très bonne nomination, et ça doit être le début d'un mouvement pour rendre Hydro-Québec plus rentable. Est-ce que le 1,8 milliard de dollars, c'est assez? Est-ce qu'on pourrait plutôt aller chercher 3 milliards de dollars?» Aucun parti n'a contesté l'arrivée de M. Péladeau, et je ne crois pas qu'on le démettrait de ses fonctions si le parti au pouvoir changeait. En refusant son salaire, il a les coudées franches pour imposer des coupes là où c'est nécessaire.

«Quand on compare l'Alberta et le Québec, il faut savoir que du côté albertain, après l'ère d'austérité de Ralph Klein, ils sont retournés vers des gouvernements plus dépensiers. L'Alberta a pigé dans son Heritage Found pour la première fois en 2013. Autre point à prendre en considération, les travailleurs interprovinciaux ramassent l'argent en Alberta, mais retournent dans leurs provinces pour la dépenser. Ils sont perdants sur les deux fronts. Et d'ici une ou deux décennies, ils devront diversifier leur économie, qui est exclusivement basée sur le pétrole. S'il y a un risque financier à court terme, c'est bien en Alberta qu'il se trouve.»

«La nationalisation du secteur pétrolier au Québec est à envisager. Nous devons profiter des expériences des autres, par exemple Pétro-Canada et le fédéral, afin que notre exploitation soit la plus rentable possible. Terre-Neuve était la risée de la fédération canadienne, et aujourd'hui, en exploitant son pétrole, elle est une des provinces riches», souligne M. Leblond. Je suis persuadé que nous pouvons, collectivement, exploiter le pétrole d'Anticosti de façon propre et sans dégâts. Seule condition à remplir : briser le contrat d'exploitation vendu par Hydro-Québec à Pétrolia et autres.

Les Québécois doivent cesser d'accepter d'être gérés en fonction du pouvoir, et exiger des dirigeants qui agissent en fonction de l'avenir. Selon M. Leblond, «peu importe les pays, les gouvernements qui ont réussi des coupes, des restructurations, sont, sauf rares exceptions, des partis de tendance plus à gauche».

La seule performance d'augmentation de dette dans l'histoire qui se compare à celle des libéraux de Jean Charest, entre 2003 et 2012, c'est l'arrivée au pouvoir de Jean Lesage en 1960. La grande différence, c'est que le passage au pouvoir de Lesage a fait passer le Québec dans la modernité, en créant un état digne de ce nom, et en nationalisant Hydro-Québec. Les dépenses de M. Charest ne nous laissent pas beaucoup de richesses.

Le calcul vaut le travail. Entre 2003 et 2012, déficit moyen : 3,67 milliards de dollars. En 9 ans, nous nous sommes endettés de 68 milliards de dollars, soit une moyenne de 7,55 milliards de dollars par année. Alors que pendant les 43 années précédentes, notre dette avait gonflé en moyenne de 2,67 milliards de dollars par année.

Est-ce que le Québec est dans le rouge? Oui. Est-ce que c'est une catastrophe comme certains le disent? Non. Nous devons changer le cap. Assainir les finances publiques, et faire en sorte que les richesses du Québec rapportent collectivement aux Québécois. Voilà le défi du prochain gouvernement.

L'avenir est beaucoup plus clair que certains veulent bien le dépeindre. Nous sommes dans une position enviable, comme société, pour les décennies à venir. Reste à faire ce virage, à exploiter correctement et efficacement nos ressources pour nous amener vers une prospérité axée sur l'avenir et non la prochaine élection.

Qui est en mesure de faire ce virage? Quel parti acceptera d'envisager l'avenir plutôt que son échéancier électoral?

Québec a annoncé jeudi dernier un investissement de près de 115 millions de dollars à Anticosti, dans une coentreprise avec Pétrolia, Corridor Ressources et Maurel & Prom. Québec détiendra 35% de l'entreprise.

Du côté de Junex, l'accord spécifie un investissement de 45 millions, et obtient au moins 40% des parts. Collectivement, nous posséderons 50% des permis d'exploration et d'exploitation. 60% des bénéfices dégagés par l'exploitation éventuelle seront récoltés par Québec.

Selon les chiffres énumérés jeudi, on parle de revenus de plus de 45 milliards pour le Québec, sur environ 20 ans. Et ça nous coûte au maximum 190 millions d'investissements? Un jour, dans très longtemps, il faudra que quelqu'un m'explique pourquoi les entreprises qui étaient propriétaires de tous les droits cèdent 60% des profits pour 190 millions...

Merci au gouvernement, merci de penser à l'avenir. Merci de comprendre que même si on souhaite tous une belle société écologique, nous ne cesserons pas de consommer du pétrole avant un bon bout de temps.

Ah, et pendant que j'y suis... M. Couillard? Êtes-vous là? Qu'est-ce qui s'est passé avec la vente des droits d'Anticosti? On me dit qu'il a changé de numéro de téléphone... Dommage, j'aurais aimé avoir une réponse...

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