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Liberté, j'ai écrit ton nom partout!

Le 14 juillet 2004, plus de 50 000 personnes marchaient dans les rues de Québec pour la liberté d'expression. Je m'en souviens. Je me souviens aussi des gens qui dénonçaient la radio poubelle, qui souhaitaient sa fermeture.
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Le 14 juillet 2004, plus de 50 000 personnes marchaient dans les rues de Québec pour la liberté d'expression. Je m'en souviens. Je me souviens aussi des gens qui dénonçaient la radio poubelle, qui souhaitaient sa fermeture.

De la haine, il en a été publié beaucoup envers les «X». Plus que tout ce qui a pu être dit sur les ondes de la station. Certains bienpensants avaient même dit que le CRTC avait raison de retirer sa licence à la station. La liberté avait une limite, et ce n'était plus celle des tribunaux, mais celle bien plus arbitraire des plaintes d'un groupe, d'une personne. On se basait, à l'époque, sur une certaine grogne supposément populaire pour dire que CHOI devait fermer.

La liberté a reçu son œil au beurre noir cette année-là.

Dans les derniers 24 mois, il y a eu Charlie, le monde entier est devenu Charlie, devenant des portes-étendards de la liberté d'expression. Et puis, on s'est à nouveau endormi... On accepte sans broncher qu'un humoriste soit reviré à l'aéroport, pour, supposément, une condamnation. On sait tous pourquoi Dieudonné a été viré de bord.

Et la même semaine, un sketch au Gala des Olivier est censuré, car il rit de certains groupes.

La limite de la liberté d'expression recule, au fur et à mesure que les peurs, les pressions et les demandes prennent emprise sur elle.

Accepter et encourager, il y a douze ans, la fermeture de CHOI Radio X, c'était mettre le pied dans un engrenage très dangereux, et aujourd'hui, nous sommes devant le résultat; Big Brother a gagné, et un gala d'humoristes peut être censuré par une compagnie d'assurance qui a peur des poursuites. La peur a gagné.

J'espère que les autres humoristes se lèveront d'un bloc, et lanceront un message clair que ce rempart ne pourra pas être pris comme ça, aussi facilement. À force de vouloir laver plus blanc que blanc, de vouloir plaire à tout le monde, on finira par une société médiatique aseptisée et qui déplaira à tous, en voulant plaire à tous.

Jacques Zylbergerg, professeur en sciences politiques et sociales, a prononcé des phrases très lourdes de sens, devant le CRTC, lors des audiences du la fermeture de CHOI 98.1, qui valent la peine d'être répétées aujourd'hui:

Liberté, j'ai écrit ton nom sur toutes les ondes de radio et de télévision

Liberté, j'ai écrit ton nom dans tous mes éditoriaux

Et aucune commission administrative en temps de paix ne doit supprimer le droit de cette liberté.

Cet homme était une sommité mondiale, qui a déjà représenté le Canada, le Québec, à l'ONU et à l'UNESCO, et a déjà enseigné à la Sorbonne, et un peu partout dans le monde.

Aujourd'hui, le Québec devra s'arrêter et regarder ce qu'il souhaite, comme société.

Est-ce qu'il y a une limite à la liberté? Oui, et elle sera déterminée sur la base du droit.

Il y a 12 ans, la liberté a été frappée de plein fouet. Et aujourd'hui, nous en vivons la suite.

Notre constitution a permis les dérapages que nous connaissons maintenant, et il est grandement temps de revoir celle-ci pour que les libertés sociales collectives et individuelles reviennent au centre des préoccupations de notre pays.

Les droits individuels ne peuvent pas avoir préséance sur la liberté d'expression, sauf, au cas par cas, devant un tribunal.

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