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Éducation: responsables, mais pas coupables

L'année scolaire se termine en laissant une ambiance amère, une vague désespérante d'impuissance. Impuissance face aux décisions dictées par une rigueur budgétaire dogmatique.
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L'année scolaire se termine en laissant une ambiance amère, une vague désespérante d'impuissance. Impuissance face aux décisions dictées par une rigueur budgétaire dogmatique.

Nous avons assisté depuis plusieurs années à une accumulation de décisions handicapant le système d'éducation publique. Les coupes sont venues amputer, année après année, les services offerts tant aux élèves réguliers qu'à ceux ayant des besoins particuliers. Les écoles publiques ont souffert à ce point, qu'on a réalisé qu'on allait bel et bien perdre l'une des plus belles choses que la Révolution tranquille nous avait laissées comme héritage. On a finalement réagi, on s'est levé maladroitement, parce que ça faisait trop longtemps qu'on était assis, à regarder, perplexe, ce qui se tramait devant nos yeux.

Devant la structure chancelante du système d'éducation publique, on est allé offrir notre soutien aux nombreux qui la soutenaient depuis un moment et qui devaient se dire «Y'était temps.» Des organisations citoyennes de parents ont vu le jour, ont encerclé les édifices moisis et laissés pour compte afin de signifier qu'on les voulait et qu'on les aimait. Qu'on les soutenait et qu'on n'allait pas laisser faire ça. Tout ça a commencé il y a plusieurs années et semble avoir culminé cette année. La situation a été à ce point dramatique que même ceux ayant choisi de morceler l'éducation publique ont reconnu qu'il fallait la sauver, mieux la supporter. Même eux semblent avoir réalisé, en partie.

Mais l'éducation publique a eu mal et est blessée. L'une des meilleures manières de créer de l'emploi, d'assurer un meilleur avenir pour tous, d'égaliser les chances et de rayonner au niveau international peine à se relever. C'est tout le Québec qui en souffre. Qui est responsable?

Bonne question, mais cette question n'est pas positive et jette nos regards vers l'arrière quand ils devraient, à mon avis, se porter vers l'avenir. On devrait plutôt se dire «Qu'est-ce qu'on fait maintenant?»

Et bien, pensons-y un peu et tentons de comprendre qu'est-ce qui a bien pu malmener à ce point ce qui a toujours été le principal moyen d'émancipation de pratiquement toutes les sociétés. À mon avis, en cette heure de reconstruction, il vaut la peine, justement de se questionner par rapport à la responsabilité, car nous sommes tous responsables de l'éducation des générations futures, que ce soit à l'école, dans la rue, à la télé ou sur le web. Chaque personne influence et enseigne, à sa manière, un peu ou beaucoup, des valeurs et des comportements, des connaissances et des compétences. Il faudra donc assumer, à l'avenir, que l'école, voire l'éducation, est l'affaire de tous. Pas juste celle des parents, pas juste celle du personnel scolaire.

Il faudra aussi réfléchir à une forme d'imputabilité des décideurs en éducation, car lorsqu'on signe un contrat, on est tenu responsable de son application et de son respect. On est imputable, si celui-ci n'est pas respecté. Pourquoi, alors, lorsqu'on signe un document explicitant une décision qui aura un impact sur des milliers d'individus, en tant qu'élu ou employé des services publics, on est responsable, mais pas imputable? Mauvaise décision, vous dites? C'est vrai. Je suis désolé.

On apprend, à l'école et dans la vie en société, qu'on est responsable et imputable de nos gestes et paroles. Pourtant, plus on s'approche du sommet d'une institution publique en éducation et plus nos décisions auront un impact certain sur quantité d'individus qui ne pourront jamais s'exprimer contre, moins on est imputable.

  • Être derrière les décisions budgétaires qui ont coulé une commission scolaire dans un déficit critique: désolé.
  • Être derrière une décision pédagogique qui renouvelle l'ensemble d'un programme, sans prendre en compte les besoins et particularités de nombreux élèves et sans offrir du matériel adapté: désolé.
  • Être derrière une politique (2000) censée améliorer les services offerts aux élèves handicapés ou en difficulté d'apprentissage ou d'adaptation et négliger d'en faire un suivi rigoureux depuis 8 ans: désolé.
  • Être derrière des décisions budgétaires reconnues pour amputer les services essentiels assurant la salubrité, la qualité des activités et celle de l'enseignement offerts aux élèves: désolé.
  • Être derrière des décisions qui lèsent des droits fondamentaux, tels que l'accès à des services, et qui compromettent le développement de personnes vulnérables et sans voix: désolé.

Pourtant, au primaire, au secondaire, au Cégep, à l'Université, quand on ne respectait pas le code vie, on était puni, on avait une note au dossier, on était très souvent suspendu ou, si ça s'était produit auparavant, on pouvait être renvoyé.

À quand l'imputabilité des décideurs en éducation?

Et celle dans les autres secteurs tels que la santé ou l'immigration.

Parce qu'on a tout de même une Charte des droits et libertés.

François-Olivier Pinard-Herkel a lancé une pétition que vous pouvez signer sur le site cavapaslatete.ca

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