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25 ans après Oslo, les espoirs d'une paix israélo-palestinienne s'éloignent

Souhaitons que notre pays se montre généreux envers les Palestiniens. Ne pas le faire risque de mener à une spirale de violences générées par le désespoir.
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En septembre 1993, à la suite des négociations secrètes sous l'égide de la Norvège, les ennemis d'hier, Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, se serraient la main sur les pelouses de la Maison-Blanche en présence du président Clinton.
Gary Hershorn / Reuters
En septembre 1993, à la suite des négociations secrètes sous l'égide de la Norvège, les ennemis d'hier, Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, se serraient la main sur les pelouses de la Maison-Blanche en présence du président Clinton.

En septembre 1993, à la suite des négociations secrètes sous l'égide de la Norvège, les ennemis d'hier, Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, se serraient la main sur les pelouses de la Maison-Blanche en présence du président Clinton. Ce devait être le début du processus d'Oslo, menant à une paix juste et équitable entre Israéliens et Palestiniens.

25 ans plus tard, ce beau projet est passé de vie à trépas et les espoirs qu'il apportait se sont évaporés sous les coups de boutoir d'une longue suite d'évènements tragiques: l'assassinat de Rabin, les attaques israéliennes contre Gaza, les chicanes intrapalestiniennes, le terrorisme, la deuxième Intifada, la montée de la droite en Israël et des islamistes à Gaza, et bien d'autres. La construction de colonies de peuplement israéliennes a aussi contribué à ce triste résultat. Avec comme bilan des milliers de victimes, hommes, femmes et enfants, et des destructions de chaque côté.

Le mirage qui s'éloigne

L'objectif de la création de deux États, Israël et Palestine, vivant côte à côte pacifiquement, est devenu un mirage qui s'éloigne toujours davantage.

Diverses tentatives pour ressusciter les négociations de paix ont eu lieu, les dernières sous l'administration Obama, mais elles ont toutes échoué.

Diverses tentatives pour ressusciter les négociations de paix ont eu lieu, les dernières sous l'administration Obama, mais elles ont toutes échoué. Le gendre de Donald Trump travaillerait aussi sur un «plan» qui se fait toujours attendre.

Pourtant, Oslo semblait voué à un meilleur sort. Ayant moi-même assisté à quelques séances de négociation du groupe de travail sur les réfugiés (dirigé par le Canada) je n'en revenais pas du climat incroyable d'optimisme qui y régnait, au début. Mais le tout s'est ensuite graduellement détérioré alors que la volonté politique et la confiance réciproque, gages de succès de toute négociation se sont estompées.

Évidemment, comme toujours dans la région, chaque partie accuse l'autre d'être la cause de cet échec.

Les récentes décisions de l'administration Trump de couper les aides financières américaines aux Palestiniens, bilatérales et multilatérales, et de fermer le bureau de l'OLP à Washington, pour apparemment les punir de ne pas s'asseoir à la table de négociation, sont contre-productives.

Elles s'ajoutent à la reconnaissance unilatérale par Washington de Jérusalem comme capitale d'Israël et ne font que renforcer les clans du refus de négocier, de part et d'autre. Le premier ministre Netanyahu obtient plus qu'il n'en demandait et fait monter les enchères.

Pourquoi relancer le processus de paix?

Israël est désormais en contrôle total. Militairement supérieure, grignotant toujours plus le territoire palestinien avec ses colonies et surtout recevant un appui sans limites de Washington, elle n'a pour l'instant aucune raison de relancer le processus de paix.

Les Palestiniens se trouvent dans une position de faiblesse qui ne les incite pas non plus à négocier. Ils auraient tout à perdre. Avec toujours moins de territoires, manquant de ressources financières et divisés entre Cisjordanie et Gaza, sans passage contigu. Mahmoud Abbas, le successeur de Yasser Arafat à la tête de l'autorité palestinienne (institution découlant d'Oslo) est un leader âgé, malade. Personne ne semble avoir été désigné pour le remplacer. Près de 78% des Palestiniens interrogés jugent que l'autorité palestinienne est corrompue.

Dans ce contexte, les dirigeants palestiniens feront le dos rond en espérant que les élections de mi-mandat au Congrès américain cet automne, et peut-être à la présidentielle de 2020, amèneront un changement de cap à Washington. Mais le temps ne joue pas en leur faveur.

En outre, ils ne peuvent plus compter sur un appui sans faille, comme jadis des pays arabes «frères». Ces derniers ont d'autres priorités et sont englués dans de nombreux conflits régionaux et divisions, comme celle entre l'Arabie saoudite et le Qatar. Ils sont aussi fatigués d'un dossier qui ne se règle jamais.

Il sera intéressant de voir lesquels des pays arabes montreront davantage de générosité pour compenser les pertes financières palestiniennes.

Il sera intéressant de voir lesquels des pays arabes montreront davantage de générosité pour compenser les pertes financières palestiniennes. Que fera par exemple l'Arabie saoudite, qui tend à satisfaire les vues trumpiennes?

La situation pourrait éventuellement changer si l'administration américaine redevenait un «honest broker», menant à des compromis acceptables pour les deux parties. Ce qui est bien sûr un gros «si» et fort peu probable, à la lumière de la politique américaine actuelle dans cette région.

Certains dirigeants palestiniens ont déjà, par le passé, indiqué qu'ils pourraient saborder l'autorité palestinienne, ce qui, en vertu des Conventions de Genève, obligerait la force occupante (Israël) à assumer ses obligations envers la population de 2,5 millions en Cisjordanie. Une opération coûteuse pour le gouvernement israélien et aux conséquences imprévisibles, notamment démographiques, car elle reviendrait, en pratique, à annexer la Cisjordanie.

Cette menace ne semble pas, pour l'instant, inquiéter le gouvernement Netanyahu. Sachant probablement qu'Abbas ne voudra pas laisser comme héritage la dissolution de la seule institution relativement autonome qu'ils ont.

Hasard du calendrier, on fête aussi en septembre 2018 le 40e anniversaire des accords de Camp David qui ont mené à la paix entre l'Égypte et Israël.

L'accord prévoyait un volet pour le règlement de la question palestinienne, mais le premier ministre israélien Begin avait réussi à en limiter la portée, faisant dire à Yasser Arafat que les Palestiniens n'auraient «que les égouts à gérer». Il avait d'ailleurs rejeté ces accords à l'instar du reste du monde arabe.

Et le Canada dans tout cela? On le cherche. Notre politique étrangère se limitant à peu près à négocier un nouvel accord de libre-échange avec notre voisin du sud.

Au Moyen-Orient, du moins publiquement, Ottawa semble se contenter de distribuer de l'argent à des fins humanitaires et de twitter. Pas toujours avec succès si on se fie au récent épisode avec l'Arabie saoudite sur la détention d'opposants au régime de Riad....

Faute d'une quelconque vision politique originale dans ce coin du monde, il est à souhaiter que notre pays, de concert avec d'autres, se montre financièrement généreux envers les Palestiniens pour compenser les pertes américaines. Car de ne pas le faire risque de mener à une spirale de violences, générées par le désespoir.

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