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Le capital politique

Les politiciens ne savent compter que les votes. Leur horizon de placement ne s'étend pas plus loin que la date du prochain scrutin. Les savants calculs électoraux qu'ils effectuent les incitent à financer des programmes ne servant ultimement que leurs propres ambitions; la formule gagnante consistant à détourner l'argent de l'ensemble des contribuables afin de soudoyer une majorité d'entre eux.
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L'État ne crée pas d'emplois, ses investissements ne rapportent que des dettes et la protection qu'il accorde aux entreprises menace le niveau de vie des particuliers. En matière d'économie, un gouvernement démontre plutôt son habileté en pratiquant une politique inspirée du serment d'Hippocrate : avant tout, ne pas faire de tort. Alors que la tâche du législateur réside dans la conception d'un cadre juridique susceptible de promouvoir l'essor d'une société libre et prospère, les largesses qu'il octroie au gré de ses caprices ne contribuent, au contraire, qu'à appauvrir une population croulant sous le fardeau de sa générosité.

Les fonctionnaires se révèlent de bien piètres entrepreneurs. Les administrateurs du modèle interventionniste québécois occuperaient un poste plus lucratif s'ils maîtrisaient les compétences essentielles à la gestion fructueuse d'un portefeuille d'investissements. Les incursions étatiques dans le monde des affaires - soit directement ou par le biais de la fiscalité - ne produisent jamais les résultats escomptés. En fait, nul ne détient l'omniscience indispensable à la planification éclairée d'une économie centralisée. Seul l'égoïsme de millions d'épargnants, en quête du rendement optimal selon le degré de risque encouru, motive les choix judicieux qui génèrent la croissance dynamique découlant d'un marché des capitaux concurrentiel.

Lorsque nos dirigeants décident de subventionner une entreprise en difficulté, les sommes mises à sa disposition sapent les efforts déployés par des entreprises rivales trop compétitives pour recevoir une aide similaire. Quand le ministère des Finances accepte de garantir un prêt contracté auprès d'un bailleur de fonds privé, il appuie la réalisation d'un projet hasardeux et compromet, du même coup, le financement de compagnies dont la vision stratégique semblait pourtant vouée à un avenir plus prometteur. Au-delà des dommages immédiats que provoque leur ingérence, les retombées budgétaires néfastes de ces gestes annoncent, à grands cris, des lendemains qui déchantent.

En effet, puisque les ressources consacrées à ce genre d'action gouvernementale émanent, en partie, de prélèvements qui grèvent les profits des sociétés rentables, les ponctions exercées sur leurs bénéfices amenuisent nettement la capacité d'expansion de ces dernières. Si la récolte annuelle d'impôts ne parvient pas à satisfaire tous les besoins des mendiants qui sollicitent un support quelconque, les montants empruntés sur les marchés financiers pour combler le déficit se traduisent, à la longue, par un alourdissement des charges destinées au remboursement du capital et des intérêts. Dans cet univers anti-darwinien, la récompense de l'échec, quoique ponctuelle, pénalise le succès de manière systématique.

Les politiciens ne savent compter que les votes. Leur horizon de placement ne s'étend pas plus loin que la date du prochain scrutin. Les savants calculs électoraux qu'ils effectuent les incitent à financer des programmes ne servant ultimement que leurs propres ambitions; la formule gagnante consistant à détourner l'argent de l'ensemble des contribuables afin de soudoyer une majorité d'entre eux. Typiquement, le contenu de leurs plateformes renferme une telle quantité de promesses que l'appui si chèrement soutiré au peuple se repaye, après le dépouillement des suffrages, au prix de maintes déprédations; le candidat victorieux dilapidant allègrement les deniers publics dans le but inavoué d'amasser du capital politique.

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