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Faim dans le monde: combien de plus?

En octobre dernier, la FAO faisait un triste constat: les progrès en matière de réduction de la faim dans le monde ralentissent depuis 2007-2008. Dès lors, il faut poser la question: combien de plus? Combien d'autres personnes le monde laissera-t-il souffrir de la faim et la sous-nutrition, se vider peu à peu de leurs forces au point souvent d'en perdre la vie?
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Poor children in Ethiopia with outstretched hands asking for money. Some unrecognizable persons.
Getty Images
Poor children in Ethiopia with outstretched hands asking for money. Some unrecognizable persons.

En octobre dernier, la FAO faisait un triste constat: les progrès en matière de réduction de la faim dans le monde ralentissent depuis 2007-2008. Dès lors, il faut poser la question: combien de plus? Combien d'autres personnes le monde laissera-t-il souffrir de la faim et la sous-nutrition, se vider peu à peu de leurs forces au point souvent d'en perdre la vie?

Alors que la grande Conférence internationale contre la malnutrition infantile vient de se tenir à Paris les 14 et 15 mai, il faut rappeler que 9 enfants sur 10 souffrant de malnutrition aiguë sévère dans le monde n'ont pas accès à un traitement. Plus d'un tiers des décès d'enfants de moins de cinq ans sont liés à la sous-nutrition. C'est un drame individuel et une intolérable souffrance, mais pas seulement: c'est aussi un fléau économique pour les pays.

On estime que la sous-nutrition fait chuter de 2 à 3 % le PIB des États, car elle est un frein à la réussite scolaire, elle affaiblit la capacité productive des individus, contribue à la persistance de la pauvreté, favorise l'apparition de maladies qui pèsent lourdement sur le budget des systèmes de santé... Elle réduit de ce fait la rentabilité des investissements réalisés dans d'autres secteurs, tels que l'agriculture ou encore l'éducation.

Pour montrer les bienfaits de la nutrition sur les individus, mais également sur les États, Action contre la Faim a lancé une grande campagne de mobilisation, la campagne #NUTRIR avec le slogan "NUTRIR, c'est plus que nourrir", à retrouver sur nutrir.actioncontrelafaim.org.

"Nutrir", drôle de mot, n'est-ce pas? Nutrir est un néologisme créé par Action contre la Faim. "Nutrir", ce n'est pas seulement faire en sorte qu'un individu mange à sa faim. C'est faire en sorte qu'il reçoive les nutriments variés essentiels à sa santé et à son plein développement. Et en faisant cela, on va au-delà de l'acte fondateur de nourrir: on soutient également le développement des pays.

Oui, investir dans la lutte contre la faim et la sous-nutrition n'est pas seulement une question de solidarité et d'humanité: c'est aussi une question d'efficacité. En 2012, un panel d'économistes mondiaux parmi les plus renommés, dont quatre Prix Nobel, s'est réuni à Copenhague pour répondre à la question suivante:

Quelle est manière la plus intelligente, la plus cohérente et la plus rentable de dépenser 75 milliards de dollars pour répondre aux grands défis du monde et réaliser le bien-être de l'humanité?

Leur réponse: il faut investir dans la nutrition et la lutte contre la faim!

Des progrès médicaux considérables ont été accomplis ces deux dernières décennies, qui permettent aujourd'hui de traiter bien plus efficacement la sous-nutrition, et à moindre coût. Aujourd'hui, plus que jamais, le monde dispose des moyens de combattre la sous-nutrition. Les saisira-t-il?

Un document récent d'orientation stratégique du ministère des Affaires étrangères français soulignait que:

"La nutrition ne peut demeurer la question dont tout le monde se mêle sans que personne ne soit responsable".

La Conférence internationale sur la sous-nutrition infantile qui commence demain est l'occasion précieuse pour le gouvernement français de prendre des mesures concrètes dans la lutte contre la sous-nutrition, à la mesure du poids qu'elle représente dans la vie des individus et dans le développement des États. Malgré des estimations rendues difficiles par le manque de transparence de l'aide au développement française, un rapport récent estime que moins de 2% de l'aide française est consacrée à la lutte contre la faim et la malnutrition.

À la veille de la Conférence du 14 mai, Action contre la Faim appelle le gouvernement français à augmenter de façon significative la part de l'aide française consacrée à la nutrition à travers un meilleur ciblage des projets à fort impact nutritionnel dans les programmes de santé ou de sécurité alimentaire, mais aussi au travers de financements additionnels, tels que la Taxe sur les Transactions Financières (TTF).

La FAO le rappelait dans son rapport d'octobre:

"La croissance économique et agricole doit prendre en compte des considérations nutritionnelles" et, "une fois établie, la bonne nutrition est, un moteur essentiel d'une croissance économique durable".

N'est-ce pas là le but de l'Aide publique au développement?

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La faim dans le monde (diaporama en anglais)

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