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L'Écosse face à son destin

700 ans après avoir sauvé leur liberté à Bannockburn, les Ecossais décideront par référendum, le 18 septembre, de rester au sein du Royaume-Uni ou de recouvrer leur indépendance. Un choix dicté par l'Histoire?
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Ce sont les Celtes qui, au travers de leur résistance à Rome, ont jeté les bases de l'identité écossaise: une culture, un territoire et le refus de toute sujétion. Christianisée au VIe siècle, l'ancienne Caledonia devient en 843 le royaume d'Écosse. Un embryon d'État souvent fragilisé par des querelles internes que son nouveau voisin, l'Angleterre, ne manque pas d'exploiter à son profit, ouvrant, dès le XIe siècle, cinq cents ans de conflits qui ont laissé, de part et d'autre de la frontière, des marques tenaces d'incompréhension et d'hostilité.

Pour imposer leur domination, les Anglais usent simultanément de la force et du droit. En 1296, Édouard Ier croit avoir gagné: Scotland est vaincue et vassalisée. C'est alors que William Wallace lève l'étendard de la révolte. Son aventure est brève: vainqueur à Stirling en 1297, il est battu un an après à Falkirk. Mais Braveheart a su rassembler les Écossais au nom de la liberté: une nation est en train de naître. Sous Robert Bruce, roi en 1306, l'indépendance et la souveraineté calédoniennes, conquises par l'épée à la bataille de Bannockburn en 1314 et revendiquées par la Déclaration d'Arbroath de 1320, sont définitivement reconnues par Londres en 1328. L'Écosse est libre, mais son essor sous la nouvelle dynastie des Stuarts reste compromis par la constante rivalité avec l'Angleterre qu'attise l'Auld Alliance établie avec la France dès 1295.

Le XVIe siècle marque un tournant décisif. Les Écossais adoptent en 1560 le calvinisme presbytérien, rompent avec la France en 1586 et se rapprochent de l'Angleterre, permettant ainsi à Jacques VI, fils de Marie Stuart, déchue en 1567, de succéder à Elizabeth Ière en 1603. L'Union des couronnes, qui préserve l'identité des deux royaumes, marque paradoxalement le déclin de l'Écosse, désormais gouvernée depuis Londres et soumise aux aléas de la politique anglaise. Les Écossais subiront ainsi les crises politico-religieuses du début du siècle, le Protectorat de Cromwell, la Restauration de 1660 puis la Glorieuse révolution de 1688, n'en retirant qu'amertume et dépendance. C'est pourquoi, afin de s'assurer de leur allégeance définitive, les Anglais vont les convaincre -ou plutôt les contraindre- d'accepter la création du Royaume-Uni de Grande-Bretagne. Le traité de 1707 garantit la paix et la succession royale, unifie Parlement, gouvernement et fiscalité, mais laisse à l'Écosse son église, son droit et son système éducatif et lui ouvre les marchés de l'Angleterre et de son empire: sous l'emprise de la nécessité, l'intérêt l'a emporté sur la souveraineté.

L'Union finit par se révéler bénéfique pour les Écossais. Le Siècle des Lumières apporte prospérité économique et brillance culturelle. Mais David Hume, Adam Smith, James Watt ou les frères Adam s'illustrèrent en North Britons plus qu'en Scots: il faut attendre le romantisme, où brillent Robert Burns et Walter Scott, pour que l'Écosse retrouve son passé et sa culture au moment même où, grâce à la révolution industrielle, à la conquête coloniale et à l'émigration, l'aura calédonienne s'étend sur le monde.

C'est alors qu'elle paraît la plus intégrée à l'apogée victorienne. L'Écosse commence à s'interroger sur son destin. Apparu sous forme associative dès 1853, en plein mouvement des nationalités, le nationalisme écossais n'est ni ethnique, ni religieux, ni idéologique comme ses homologues européens: il veut avant tout rendre aux Écossais leur identité et le contrôle de leurs affaires.

Autonomiste plus que séparatiste, il obtient la création d'un ministère spécifique en 1885, mais voit échouer, entre 1886 et 1927, les vingt projets de décentralisation qu'il soutient.

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