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Le Québec en nous, d'hier à demain

Mes enfants Alfred et Clémence, leurs cousins Jules, Clovis et Léo, ainsi que la toute dernière arrivée, cousine Jeanne, ne réalisent pas encore qu'ils font partie d'une histoire plus grande qu'eux. Et que cette histoire ne cessera pas de sitôt de se jouer en eux et avec eux. Cette grande histoire, celle de ma famille élargie, celle de mes proches, celle du Québec...
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D'où vient-on? Que sait-on de sa propre histoire? De quel élan est-on fait?

Personnellement, je sais que je viens de la rencontre d'un Archambault et d'une O'Neill, d'un québécois et de la fille d'un irlandais, et que les tout premiers pas de l'histoire d'amour de mes parents se sont faits dans une ruelle de Montréal, en jouant au badminton... Né en 1968, je suis un enfant de l'Expo. Premier d'une famille de trois garçons, ma mère me dira un jour que je suis l'enfant de l'amour. Mon frère Stéphane, celui de la réconciliation. Mon jeune frère Benoît, né sept ans après moi, l'enfant de la surprise...

Déjà, avant même que nous soyons au monde, nous nous inscrivons dans une histoire plus grande dont nous ignorons presque tout. L'histoire de nos parents, de leurs propres parents, celle du territoire qui nous porte et qu'on finit par porter en soi.

Si on pense aux premiers colons qui ont traversé l'océan pour venir s'établir ici, on peut dire que ceux dont nous sommes le prolongement étaient fait de courage... et d'une bonne dose de folie! Qu'est-ce qui pousse un homme, une femme, à tout quitter pour s'établir sur une contrée où tout est à faire? Un désir de liberté, à n'en pas douter.

Nous venons d'un élan de liberté, d'une soif d'inconnu, d'un courage presque insensé. Peut-on imaginer la surprise des premiers habitants européens devant la rigueur de nos hivers? Seuls au monde, dans la nuit froide et étoilée, entourés de forêts interminables de part et d'autre... À quoi pouvaient-ils penser? Regrettaient-ils d'être venus s'établir ici? Maudissaient-ils la neige et le vent glacial qui leur brûlaient le visage? Nous venons forcément de patience éprouvée, de nerfs à vif, d'endurance et d'obstination.

Nous venons aussi de travail et d'acharnement, de solidarités tissées autour d'un feu ou d'un repas, unis pour faire face à un isolement parfois pénible, avec pour armes la musique, les chansons et les histoires à dormir debout, équipés pour veiller tard et se désennuyer d'être presque seuls au Nouveau Monde... De la musique, des chansons et des histoires qui résonnent encore en nous aujourd'hui.

Je viens d'une famille d'artistes. Mes frères et ma belle-soeur font de la musique, ma blonde du théâtre. Mon enfance a été portée par les chants de Vigneault, mon grand-père, et le rock'n roll de Charlebois, l'oncle à l'œil moqueur. J'ai pour oncles et pour tantes les membres de la famille Plouffe. Yvon Deschamps, aussi, qui faisait rager mes tantes avec ses blagues sur le mouvement féministe... Et quand je m'installe à l'ordinateur pour écrire, Yvon est là, j'entends son rire; je suis accompagné, je pourrais presque dire « guidé » par lui, par Michel Tremblay, Gratien Gélinas et bien d'autres artistes québécois, américains, anglais, irlandais, écossais...

Notre héritage est complexe. Nous venons de notre rencontre avec les peuples amérindiens, faite de confrontations et de collaborations. D'accords commerciaux, de luttes de territoire, d'entraide, de trahisons et d'amours secrètes entre les deux camps. Nous venons d'un choc brutal avec les Anglais. D'une blessure. D'une défaite historique difficile à avaler. Mais nous sommes faits aussi de survivance et de résilience. Nous venons d'une force incroyable, d'une obstination à ne pas mourir, à ne pas disparaître.

Je suis né en 1968, dans un Québec en pleine ébullition. Il y a cet élan-là, aussi, en moi. Cette marche-là, elle fait partie de ma petite histoire. Je l'ai vécue dans la cour d'école, où les enfants se chamaillaient avec leurs macarons du OUI et du NON comme s'ils étaient les joueurs des Canadiens affrontant ceux des Nordiques. Je l'ai vécue, aussi, dans le salon, où j'ai vu pleurer mon père pour la première fois, un soir de mai 1980.

Je viens d'une enfance à jouer à la guerre dans les ruelles montréalaises, puis au hockey bottine dans les rues tranquilles de la banlieue. J'ai été porté par les triomphes du club de hockey le Canadien et dans mon cœur d'enfant Larry Robinson, Steve Shutt et Ken Dryden me rendaient aussi fier d'être québécois que Guy Lafleur, Jacques Lemaire et Serge Savard. J'ai célébré la victoire et porté à bout de bras la Coupe Stanley plus souvent qu'à mon tour... avec une toune de Beau Dommage dans la tête.

Nous ne sommes ni français, ni amérindiens, ni anglais. Nous sommes une rencontre de tout ça et bien plus encore. Nous sommes la somme de millions de petites histoires tissées, entremêlées, d'histoires vraies, de souvenirs déformés, de légendes fantasmées...

Je suis le père de deux enfants. Alfred et Clémence. Leurs parents se sont rencontrés à l'école de théâtre. Ils se sont serrés dans les bras avant de jouer une scène ensemble et se sont retrouvés seuls pendant le party de la dernière. Leur mère a dit : François Archambault, j'ai envie de t'embrasser. Leur père a accepté l'invitation et c'est comme ça qu'une partie de leur histoire a commencé. Même si elle était déjà commencée depuis longtemps.

Alfred et Clémence, et leurs cousins Jules, Clovis et Léo, ainsi que la toute dernière arrivée, cousine Jeanne, ne réalisent pas encore qu'ils font partie d'une histoire plus grande qu'eux. Et que cette histoire ne cessera pas de sitôt de se jouer en eux et avec eux.

Cette grande histoire, celle de ma famille élargie, celle de mes proches, celle du Québec...

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