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Francophones hors Québec? We want you!

Au lieu de lancer un appel aux anglophones hors Québec, pourquoi ne pas penser aux francophones hors Québec?
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L'entêtement de la minorité anglophone à ne pas vouloir s'intégrer (ni même se mêler) à la majorité francophone du Québec n'est donc pas étonnant, puisque tous les jours, elle n'a qu'à ouvrir un téléviseur ou bien se brancher en ligne pour avoir accès à la culture anglophone.
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L'entêtement de la minorité anglophone à ne pas vouloir s'intégrer (ni même se mêler) à la majorité francophone du Québec n'est donc pas étonnant, puisque tous les jours, elle n'a qu'à ouvrir un téléviseur ou bien se brancher en ligne pour avoir accès à la culture anglophone.

Au Québec, comme partout ailleurs dans le monde, la question linguistique est un enjeu fondamental à la pérennité de sa nation. Pourtant, lorsqu'au Québec cet enjeu est abordé, le débat devient vite empoisonné. En effet, les grandsmédiasnationauxcanadiens s'intéressent soudainement aux questions linguistiques afin de prêter des valeurs xénophobes et haineuses au peuple du Québec. Les gens tombent alors dans le piège canadien. Celui de vouloir survaloriser la communauté minoritaire anglophone du Québec, alors que cette minorité fait déjà partie d'une majorité anglophone hors Québec. Nul ne remet en doute la nécessité d'être bilingue. En fait, plus un individu maîtrise de langues, plus de portes il s'ouvre pour l'avenir. Et en termes de bilinguisme, le Québec tire bien son épingle du jeu. Il en est autrement du bilinguisme canadien. À un point où les communautés francophones hors Québec, d'un océan à l'autre, ont des difficultés à se faire respecter et à faire respecter leurs droits linguistiques acquis par la Charte des droits et libertés. Cependant, les grands médias nationaux canadiens font moins état de cette problématique.

Les nations ont tout intérêt à investir dans la langue qui fait leur culture, de la faire rayonner dans l'espace public et au sein de ses institutions.

Les nations ont tout intérêt à investir dans la langue qui fait leur culture, de la faire rayonner dans l'espace public et au sein de ses institutions. En 1966, l'homme politique et grand orateur Pierre Bourgault disait « les Anglais en Angleterre sont unilingues anglais, les Suédois en Suède sont unilingues suédois, les Allemands en Allemagne sont unilingues allemands et les Anglais au Québec sont unilingues anglais. » Exactement 50 ans plus tard, La Presse rapporte les critiques de Mitch Garber, connu comme ex-dragon, envers la communauté anglophone du Québec :« M. Garber [...] s'explique difficilement comment des anglophones ignorent encore qui sont, par exemple, l'auteur-compositeur-interprète Robert Charlebois ou l'humoriste Martin Matte. «Le refus de certains membres de ma communauté juive et anglophone d'apprendre et de vivre en français est embarrassant», a-t-il lancé, dans un discours bilingue [devant des gens d'affaires réunis par le Cercle canadien de Montréal]. »

C'est donc à dire qu'en 50 ans, les choses n'ont pas beaucoup changé. Il y a certes eu la loi 101, dont nous avons récemment fêté les 40 ans, du brillant psychiatre et homme politique Camille Laurin. Cette loi structurante pour le peuple québécois ne cesse d'être démantelée depuis l'enchâssement de la Charte canadienne des droits et libertés à la Constitution canadienne rapatrié en 1982. Document sur lequel aucun gouvernement du Québec, à l'exception de l'actuel premier ministre Philippe Couillard, n'a voulu apposer sa signature. L'entêtement de la minorité anglophone à ne pas vouloir s'intégrer (ni même se mêler) à la majorité francophone du Québec n'est donc pas étonnant, puisque tous les jours, elle n'a qu'à ouvrir un téléviseur ou bien se brancher en ligne pour avoir accès à la culture anglophone.

Les réalités canadiennes et québécoises sont simplement différentes sur ce vaste continent américain où la langue dominante est l'anglais.

Les réalités canadiennes et québécoises sont simplement différentes sur ce vaste continent américain où la langue dominante est l'anglais. Le souci du peuple québécois quant à sa langue est donc plus que justifié. Qui plus est s'il fait partie du Canada, où sa représentativité politique est en constante baisse depuis plusieurs décennies. C'est donc aux Québécois (et à eux seuls), véritables gaulois depuis plus de 250 ans, de se tenir debout afin de valoriser et véhiculer le fait français. D'autant que le Québec représente la majorité de la population francophone en Amérique. C'est à tout le moins ce que relevait, en 2014, l'Organisation internationale de la francophonie dans son rapport sur la langue française dans le monde. En préface de ce rapport, le Secrétaire général de la Francophonie de l'époque, Abdou Diouf, écrit pertinemment que « la langue française est notre bien commun. En tant que francophones, nous n'en partageons pas seulement l'usage. Nous partageons aussi la responsabilité de son évolution et de sa diffusion. » Alors que dans ce rapport, notre langue française se classait au 5e rang, une récente étude de l'école de commerce INSEAD fait du français la 3e langue en puissance dans le monde. C'est donc à dire que le français est en progression dans le reste du monde, mais semble décliner tant au Québecqu'au Canada. Au profit de l'anglais, bien évidemment.

Lorsque je lis dans les journaux des articles comme : « ''C'est le temps de revenir!'' lance Couillard aux anglophones hors Québec » ou bien « Aux Québécois de langue anglaise, ceci est votre maison, ceci est votre moment. Bâtissons-le, ce présent, ce futur », sans préciser que ce futur doit être en français, je suis outré de mon premier ministre. Le Québec a le devoir de prendre la place et la responsabilité qui lui incombe en tant que plus grande nation francophone en Amérique. Au lieu de lancer un appel aux anglophones hors Québec, pourquoi ne pas penser aux francophones hors Québec? Aujourd'hui, invitons-les à bâtir fièrement un pays pacifiste, égalitaire, écologique, respectueux des différences et où la « joie de vivre » est en français.

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