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Nos médias et le Moyen-Orient

Il est évident que si l'on couvre les évènements à Washington, Paris ou Londres, ce ne sont pas les sources d'information qui manquent. Mais qu'en est-il pour l'Afrique ou l'Amérique latine?
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Depuis que j'ai quitté la diplomatie, je continue de m'intéresser au Moyen-Orient, région que je connais davantage. Je parcours donc quotidiennement la presse internationale, canadienne et québécoise pour me tenir au fait.

Ce qui me frappe le plus, c'est qu'alors que les médias américains et européens produisent de grands dossiers, présentent des analyses bien documentées, nos journaux ou infos télévisées, à part quelques exceptions, se contentent d'utiliser des textes ou vidéos d'agence de presse.

Cette différence dans la couverture médiatique découle sans doute que des journaux comme le New York Times ou les réseaux de télévision américains ou français peuvent se permettre financièrement d'avoir des correspondants dans la région et que leur journalistes soient des spécialistes.

Mais la presse écrite et électronique d'ici ne devrait-elle pas faire un effort dans cette direction? N'est-il pas nécessaire de contrecarrer les «fausses nouvelles» par de l'information mieux étoffée?

Pourquoi n'y a-t-il pas un correspondant québécois à Tunis ou Casablanca?

Au Moyen-Orient, que je sache, du côté francophone seule Radio-Canada maintient des correspondants sur place, mais aucun des médias écrits. Au Canada anglais, CBC et CTV ont des journalistes basés à Jérusalem ainsi qu'au moins le Globe and Mail.

On trouve bien sûr beaucoup d'articles et des opinions sur des sujets moyen-orientaux mais la plupart du temps écrits de Montréal, ou après l'envoi d'un journaliste généraliste qui fait son reportage et revient ici.

Des universitaires ou d'anciens diplomates commentent l'actualité et font leur part d'explications, mais cela ne comble pas l'absence de correspondants.

Pourquoi? Et bien parce que lorsqu'on est sur le terrain pour quelques années, cela permet de se bâtir un réseau, de voyager et de parler aux gens. Cela aide grandement pour comprendre les tenants et aboutissants d'une situation complexe comme le Moyen-Orient.

Me basant sur ma propre expérience, une des valeurs ajoutées que procure pour un pays la présence de diplomates est justement cette connaissance du milieu, des contacts politiques culturels ou économiques qu'ils engrangent pendant qu'ils sont à l'étranger. Souvent la connaissance de la langue du pays accroît cette expertise.

La même chose s'applique pour les médias.

Mes relations avec des journalistes dans les capitales où j'ai travaillé m'ont permis de le confirmer. Quand l'un d'entre eux venait me voir à l'ambassade pour obtenir mon analyse de la situation dans le pays où j'étais posté, il était toujours très intéressant et utile d'échanger impressions, points de vue et contacts.

Il est évident que si l'on couvre les évènements à Washington, Paris ou Londres, ce ne sont pas les sources d'information qui manquent. Mais qu'en est-il pour l'Afrique ou l'Amérique latine? Sauf s'il y a une catastrophe ou un attentat terroriste, il y a rarement des articles avec une touche «canadienne» ou «québécoise» en provenance de ces coins du monde.

Ainsi, comment se fait-il qu'avec une importante communauté maghrébine au Québec, ne trouvons-nous à peu près rien dans nos médias sur ce qui se passe en Afrique du Nord alors que des développements intéressants s'y déroulent?

Ainsi en Tunisie on s'efforce d'y bâtir une démocratie, en Algérie la succession du président Bouteflika est toujours à l'ordre du jour et le Maroc continue d'impressionner par sa stabilité et ses progrès. Les efforts difficiles de ramener la paix en Libye vont bon train.

Pourquoi n'y a-t-il pas un correspondant québécois à Tunis ou Casablanca?

Alors que chaque petit tweet de Trump est décortiqué ad nauseam. Rien ou peu en provenance des États du Golfe ou de l'Iran par exemple, à part quelques clichés. Le dossier palestino-israélien est relativement bien couvert, faut-il préciser.

La région mérite mieux de la part de nos médias. Davantage de journalistes de chez nous là-bas permettrait au grand public de découvrir des aspects qui ne sont jamais ou peu rapportés. Cela contribuerait aussi à contrecarrer certains préjugés à l'égard de ses habitants, religions et cultures notamment.

Allez un effort, dirigeants de presse québécois!

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