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Trump: du tweet au discours présidentiel

Et si finalement Trump n'était que le résultat de ce qu'est devenue la société américaine? Et qu'il en soit peut-être un certain miroir, avec son obsession de l'image et de la réussite financière?
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On dit que la période actuelle est à l'individualisme. Les égoportraits et les réseaux sociaux en sont les symboles. On tweete à qui mieux mieux, on commente dans les journaux, dans les lignes ouvertes. Tout un chacun exprime son point de vue. On peut faire connaître à l'univers ses sorties au restaurant, les sourires du petit dernier ou sa position sur les derniers évènements en Syrie.

Certains prétendent que ces modes d'expression sont bons pour la démocratie. D'autres croient qu'en fait cette opportunité de se faire entendre a pour conséquence de démobiliser, de diviser ou de manipuler quand ce n'est pas de servir au terrorisme ou à la propagation de la haine et du racisme.

Il semblerait que les utilisateurs de ces médias aient tendance à communiquer surtout avec d'autres qui partagent les mêmes goûts et les mêmes idées. Des réseaux de gens qui pensent pareil et en vase clos limiteraient l'ouverture sur les autres.

Au plan politique, la tendance à ce retour sur soi et vers ceux qui nous ressemblent nous a donné le président Donald Trump. Ce dernier est passé maître dans l'utilisation de twitter pour, dit-il, s'adresser directement au peuple américain. Mais surtout à ceux qui le suivent et sont déjà convaincus.

Sauf tout récemment lors de son discours au Congrès, il ne cherchait pas vraiment à unir et à gagner à ses «idées» ceux qui ne les partageaient pas.

Et si finalement Trump n'était que le résultat de ce qu'est devenue la société américaine? Et qu'il en soit peut-être un certain miroir, avec son obsession de l'image et de la réussite financière?

L'Amérique porte des valeurs admirables, mais beaucoup de ses citoyens ne pensent qu'à vouloir protéger leurs propres intérêts, peu importe les conséquences sur les autres.

L'Amérique porte des valeurs admirables, mais beaucoup de ses citoyens ne pensent qu'à vouloir protéger leurs propres intérêts, peu importe les conséquences sur les autres. On l'a bien vu de la part des banques, maisons de courtage et d' hypothèques aux États-Unis lors de la crise des sub-primes. Trump joue aussi sur ce registre et sur les divisions de sa population.

Lui et ceux qui l'entourent prétendent agir pour le bien public du «make America great again», mais études et experts indiquent que l'essentiel des politiques économiques proposées ne serviront sans doute qu'à enrichir les plus riches (classe dont il fait partie) et que ses projets de démantèlement d'Obamacare, des mesures pour protéger l'environnement et de baisses des taxes auront un impact négatif sur ceux qu'ils prétendent défendre.

En plus d'être obsédé par lui-même et les sondages Trump cherche à aider sa propre entreprise par l'entremise de ses fils. Son cabinet est largement composé de gens qui, comme lui, viennent du milieu des affaires. Ces derniers vont s'assurer que le 1% s'enrichisse encore plus. Le bien commun? Pas sûr. Plutôt de l'égoïsme de classe et un accroissement prévisible des différences entre riches et pauvres.

Ceci dit, son récent discours au Congrès est décrit comme présidentiel. Il a adouci le ton. La substance et ses thèmes de prédilection restent les mêmes cependant: immigration, dérèglementation, diminution des taxes, militarisation.

Ce qui rend cette nouvelle approche possiblement plus sournoise et dangereuse . L'opposition devra redoubler de vigilance.

Ses conseillers et le parti républicain l'ont-ils convaincu qu'il lui serait plus utile de prendre de la hauteur au lieu d'insulter et de se chamailler sur la grosseur des foules sur Twitter? Pendant ce temps, son cabinet et les membres du Congrès qui le soutiennent pourront tranquillement détricoter ce qu'Obama a construit, en attirant moins l'attention.

Son problème pourrait être que ceux qui ont voté pour lui l'ont fait, car il ne sortait pas du «marécage» washingtonien et qu'il n'était pas un politicien de carrière. Son approche populiste faisait donc mouche auprès de ce groupe.

Le suivront-ils toujours s'il devient plus « traditionnel » ? Sans doute.

Il n'est pas très clair en ce début de période trumpiste si cette tendance à la « modération » va se poursuivre, mais à mon avis il sera difficile de changer un homme de son âge qui croit que le monde tourne ou devrait tourner autour de lui. Il répond à ses impulsions.

Mais de détenir les rênes du pouvoir et les privilèges qui viennent avec pourraient lui suffire et le rendre plus pragmatique et calme.

Jusqu'à la première grande crise qu'il aura à affronter... ou s'il continue de baisser dans les sondages.

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