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Le diplomate, acteur international méconnu

Sans d'habiles diplomates, un accord pour mettre en veilleuse les visées nucléaires de l'Iran n'aurait pas eu lieu et la libération récente d'une ressortissante irano-canadienne non plus.
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De nombreux jeunes Québécois rêvent d'une carrière à l'international. Ils étudient dans des secteurs qui y mènent ou ont développé ce goût lors de voyages ou de stages à l'étranger. Ils s'ouvrent au monde et c'est tant mieux. Les possibilités d'emploi se développent: secteur privé, organisations internationales, bureaux d'avocats etc. Une autre sphère, plus traditionnelle est bien sûr la diplomatie. Un métier qui est finalement peu connu.

L'image d' Épinal est que le diplomate passe son temps dans des réceptions à boire du champagne. Tout cela est bien loin de la vérité. Bien sûr il y a des réceptions officielles, mais il s'agit de ce qui s'appelle maintenant «réseautage», qui se pratique dans bien d'autres sphères professionnelles. Il s'agit d'un moyen de se faire connaître, mais surtout de cultiver des interlocuteurs qui seront utiles pour faire avancer les objectifs diplomatiques. J'ai dirigé une négociation d'une quarantaine de pays de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) sur près de 2 ans à Vienne et j'ai réussi à influencer favorablement bien des collègues lors de rencontres informelles, au restaurant ou à un 5 à 7!

Pour avoir été diplomate canadien pendant un peu plus de 30 ans je peux témoigner des changements profonds que cette profession a connus et de son influence. Quand j'ai commencé ma carrière au début des années 80, il n'y avait ni ordinateurs ni internet. Nous communiquions avec nos autorités par télégrammes codés et nous avions des secrétaires qui tapaient les messages. À moins d'une crise, ces télex étaient peaufinés longuement, car rien ne pressait. La qualité de l'analyse et de l'écriture primait. Dans certains pays le téléphone ne fonctionnait pas.

Aujourd'hui le diplomate compétitionne avec de multiples sources d'information: médias électroniques et sociaux notamment et on lui demande de réagir en temps réel. Ses instruments de travail sont la tablette et le téléphone cellulaire. Dans cette frénésie de l'information, l'avantage du diplomate est qu'il est sur le terrain, qu'il connait bien les enjeux locaux et les décideurs du pays où il est posté.

Sans d'habiles diplomates, un accord pour mettre en veilleuse les visées nucléaires de l'Iran n'aurait pas eu lieu et la libération récente d'une ressortissante irano-canadienne non plus.

La diplomatie actuelle ressemble désormais davantage au lobbyisme. Il s'agit de promouvoir ou de défendre les intérêts de son pays, à l'étranger, que ce soit en politique étrangère ou promotion commerciale. Cela ne se fait pas de la même façon en Afrique que sur le continent européen. Un exemple sera la campagne que le Canada entreprend pour se tailler un poste au Conseil de sécurité des Nations Unies en 2021. Une partie de l'argumentation sera sûrement commune, mais certains éléments de celle-ci et la stratégie d'approche seront sans doute différents selon qu'elle est faite à Ryadh ou à Paris. Tous les moyens modernes de communication seront utilisés pour faire passer le message. Alors que jadis les chefs de gouvernement ou les ministres faisaient des annonces par l'entremise de longs communiqués de presse maintenant c'est par tweet ou sur YouTube qu'ils s'expriment.

Voilà pourquoi nos diplomates passent plusieurs années dans le même pays. Il est important d'avoir une bonne culture générale et d'être adaptable. La connaissance des langues est évidemment un atout. Le fait de pouvoir me débrouiller en arabe m'a été très utile à plus d'une occasion. J'ai beaucoup appris en discutant avec un paysan égyptien ou un chauffeur de taxi de Damas sur leurs réalités quotidiennes. Cela me donnait un certain pouls du pays. Sans d'habiles diplomates, un accord pour mettre en veilleuse les visées nucléaires de l'Iran n'aurait pas eu lieu et la libération récente d'une ressortissante irano-canadienne non plus. Pas plus que l'entente de Paris pour protéger l'environnement. Il y a des échecs comme les efforts pour ramener la paix en Syrie, mais tôt tard la diplomatie reprendra sa place dans ce dossier.

Un défi aux efforts de nos diplomates est celui relié à la sécurité. Certains pays au Moyen-Orient par exemple ont toujours été plus ou moins à risque. Mais ce qui est nouveau c'est que l'Occident est aussi visé. Cette situation a un impact sur le travail diplomatique à des échelles variées. Il n'en demeure pas moins qu'en période de mondialisation intense, le Canada doit pouvoir compter sur des diplomates efficaces et bien formés pour que nos valeurs et intérêts soient défendus, âprement parfois, sur la scène mondiale et contribuent à la paix, la stabilité et au progrès économique.

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Mai 2017

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