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Pourquoi les partis souverainistes doivent tenter de converger en 2018 (2/2)

La convergence n'a pas pour unique but de chasser les libéraux du pouvoir. Elle porte en elle un espoir d'un Québec plus vert, plus équitable, plus démocratique et plus émancipé.
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Pour instaurer un système proportionnel mixte

La troisième raison de faire la convergence souverainiste est que celle-ci pourrait permettre de remplacer le mode de scrutin actuel, uninominal à un tour, par un mode de scrutin proportionnel mixte. Le mode actuel est désuet et il n'y a jamais eu au Québec un tel consensus pour le modifier. Le PQ, ON, QS, le Parti vert du Québec et même la CAQ sont en faveur d'un tel changement pour l'élection de 2022. En effet, réunis sous l'égide du Mouvement démocratie nouvelle, un organisme citoyen non partisan, ils ont signé le 7 décembre dernier une entente et se sont entendus, malgré leurs divergences politiques, à travailler ensemble à « viser, pour la prochaine élection générale de 2018, la présentation de la proposition conjointe la plus susceptible de rallier une majorité de la population, en l'occurrence le scrutin proportionnel mixte régional. » C'est du jamais vu.

Ce changement de notre système politique aurait de nombreux avantages. En premier lieu, il corrigerait les trop grandes distorsions entre les votes obtenus par chaque parti et le nombre de candidats élus (par exemple, pour les élections de 2014 : PLQ, 41,5 % des votes et 56 % des députés; QS, 7,6 % des votes obtenus et 2,4 % des députés, etc.). Ensuite, il améliorerait les chances des petits partis d'être représentés à l'Assemblée nationale. Il favoriserait également le respect du poids politique des régions et il contribuerait à une meilleure représentation des femmes, des jeunes et des communautés culturelles. Enfin, comme bénéfice général, il permettrait de rétablir la confiance envers le processus électoral et les élus. Une arme de destruction massive contre le cynisme actuel, quoi! La politique québécoise vivrait une petite révolution démocratique, et la convergence des souverainistes serait beaucoup moins nécessaire par la suite. Toutefois, pour arriver à changer le mode de scrutin, il faut déloger les libéraux du pouvoir, car le PLQ est contre l'instauration d'un mode proportionnel mixte. Il y a présentement une opportunité historique pour un tel changement, qui risquerait toutefois d'être bloqué par la reprise du pouvoir du PLQ. Et si c'était le cas, rien n'indique que l'entente de modifier le mode de scrutin survive ou que le blocage des libéraux ne puisse pas se répéter lors des élections suivantes. Pourquoi attendre?

Pour des mesures progressistes et écologistes

La quatrième raison de faire la convergence des partis souverainistes est qu'elle permettrait de faire adopter dans le mandat un certain nombre de mesures progressistes et écologistes qu'ont en commun les partis souverainistes: réinvestir de façon efficace en santé et en éducation, augmenter le salaire minimum horaire à 15$, adopter un moratoire sur la construction de nouveaux pipelines au Québec, investir dans l'électrification des transports, réinvestir dans les programmes de francisation et d'intégration des immigrants, créer Pharma-Québec, etc. Avec la modification du mode de scrutin, ça remplirait très bien un mandat de 4 ans. Après presque 15 ans sans interruption de gouvernement (néo) libéral, la population pourrait enfin souffler un peu. Bien sûr, les partis souverainistes ont de nombreuses divergences d'opinions et n'auraient pas à être d'accord sur tout pendant le mandat post-2018. Chacun d'eux demeurerait libre d'appuyer ou non d'autres mesures proposées par les différents partis de l'Assemblée nationale et de défendre les idées qui lui tiennent à cœur. Les Québécois seraient certainement favorables à une telle entente et à de telles mesures politiques, et les partis souverainistes sortiraient gagnants de cette collaboration inter-partis.

Pour faire avancer l'indépendance

La cinquième raison de converger est de faire avancer la souveraineté. Les partis souverainistes ne s'entendent pas sur la façon d'utiliser un premier mandat pour faire avancer l'indépendance (référendum dans un 1er ou un 2e mandat, assemblée constituante ou non, investir ou non de l'argent de l'état pour la souveraineté, etc.). Ces divergences seront certainement difficiles à résoudre.

On se doute déjà qu'une entente ne satisfera pas entièrement chacun des partis en présence quant à la stratégie indépendantiste à adopter. En effet, on voit se dessiner la position ferme du PQ de ne pas tenir un référendum dans un premier mandat. Cette stratégie cherche à rallier un maximum de nationalistes rébarbatifs à un 3e référendum et qui souhaitent surtout voir sortir les libéraux et avoir un bon gouvernement. Les souverainistes, même s'ils souhaitent tous voir un 3e référendum gagnant le plus tôt possible, doivent admettre que la stratégie péquiste n'a pas que des inconvénients, surtout si elle améliore les chances de prendre le pouvoir aux mains du PLQ.

Avec les souverainistes au pouvoir en 2018 à Québec, l'élection fédérale de 2019 pourrait bien être l'occasion de parler de la place du Québec dans le Canada et de voir comment les différents partis fédéraux se positionnent à cet égard.

Malgré cela, les souverainistes auraient à négocier afin de déterminer une stratégie commune ou complémentaire pour faire avancer la souveraineté pendant ce premier mandat. Sans prévoir ce qui sortirait de ces négociations, à tout le moins, on peut penser qu'élire un plus grand nombre de souverainistes à Québec et remplacer un gouvernement fédéraliste par un gouvernement favorable à l'indépendance serait un pas en avant pour la souveraineté. Avec les souverainistes au pouvoir en 2018 à Québec, l'élection fédérale de 2019 pourrait bien être l'occasion de parler de la place du Québec dans le Canada et de voir comment les différents partis fédéraux se positionnent à cet égard. En parallèle, L'IRAI et Oui-Québec pourraient aussi jouer un rôle important dans la préparation de l'élection de 2022, qui porterait sur l'indépendance.

En somme, la convergence n'a pas pour unique but de chasser les libéraux du pouvoir. Elle porte en elle un espoir d'un Québec plus vert, plus équitable, plus démocratique et plus émancipé. Dans cette optique, je me joins à l'« Appel solennel à l'unité » proposé par Normand Baillargeon, Dominic Champagne, Hugo Latulippe et Geneviève Rochette en novembre dernier. Dans une lettre ouverte, ils demandaient aux partis indépendantistes et au Parti vert du Québec de se parler et de s'entendre, « de placer aujourd'hui l'intérêt supérieur du Québec et le bien commun au-delà de la partisanerie et de chercher, avec toute la bonne volonté dont ils sont capables, un terrain d'entente qui permettra en 2018 de faire front commun contre le PLQ et de le déloger du pouvoir »

Il revient aux partis de montrer toute leur bonne volonté dans ce processus afin qu'ils en arrivent à faire les compromis nécessaires pour qu'émerge une entente raisonnable et bonne pour chacun. Et qui sait si une telle collaboration, dans l'exercice du pouvoir, ne permettrait pas aux différents partis souverainistes de se retrouver et de réapprendre à collaborer? Ça pourrait être fort utile pour l'exercice du pouvoir dans un système proportionnel mixte et lors d'une campagne où ils seraient unis dans le camp du Oui.

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