Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Plaidoyer pour la convergence des partis souverainistes (bis)

Il ne faut pas oublier que les souverainistes sont devant un dilemme épineux : ils ont le choix entre un projet de convergence difficile à réaliser, ou la certitude que la division du vote des souverainistes continuera de les pénaliser au profit des partis fédéralistes.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Suite à la publication de mon billet de blogue Plaidoyer pour la convergence des partis souverainistes, des objections m'ont été formulées face au projet éventuel de convergence des forces souverainistes. De nombreux commentaires affirmaient que les trois partis souverainistes ne seront pas capables de s'entendre, que leurs divergences politiques et la complexité d'un tel projet rendent très difficile sa réalisation.

Je suis en partie d'accord avec ceux-ci. Par contre, il ne faut pas oublier que les souverainistes sont devant un dilemme épineux : ils ont le choix entre un projet de convergence difficile à réaliser, ou la certitude que la division du vote des souverainistes continuera de les pénaliser au profit des partis fédéralistes. Dans l'espoir de faire avancer la voie de la convergence des partis souverainistes, j'aimerais proposer une ébauche d'entente de convergence en trois points qui, à mon sens, pourrait non seulement plaire aux 3 partis indépendantistes, mais qui est aussi réalisable.

Premièrement, pour qu'il y ait convergence des partis souverainistes, il faut un plan commun pour faire la souveraineté du Québec. D'emblée, si la coalition souverainiste obtient une majorité de sièges, ça prend un engagement clair de faire l'indépendance dans le premier mandat. Ensuite, il faut une constitution. Pour ce faire, une assemblée constituante serait mise sur pied au lendemain de l'élection de 2018, avec comme objectif la création d'une constitution québécoise dans les 12 à 18 mois. L'idée était déjà défendue par QS et ON, et récemment Véronique Hivon s'est montrée favorable à cette option. En parallèle de divers chantiers préparatifs vers la souveraineté, il serait favorable de faire des élections fédérales de 2019 celle de la place du Québec dans le Canada. Après, en fonction des événements et de la stratégie privilégiée par la coalition, il faudra statuer plus clairement sur la date du prochain référendum quelque part entre 2020 et 2022.

Deuxièmement, en plus du plan commun vers la souveraineté, il faut s'entendre sur des orientations de base de la gouvernance de cette coalition et la présenter aux électeurs dès l'élection de 2018. Ces orientations pourraient être : adopter un moratoire sur la construction de nouveaux pipelines au Québec ; investir dans l'électrification des transports, réinvestir de façon ciblée en santé et en éducation afin d'atténuer les effets de l'austérité dans le système public, renégocier les hausses de salaire des médecins, réinvestir dans les CHSLD (2 bains par semaine et dehors les patates en poudre !), réinvestir dans les programmes de francisation et d'intégration des immigrants, adopter une charte de la laïcité québécoise qui reprend les recommandations du rapport de la commission Bouchard-Taylor, créer Pharma-Québec, organiser des états généraux sur l'instauration d'un mode de scrutin proportionnel mixte. Plusieurs de ces idées font consensus dans la population et pourraient devenir la base d'un programme politique commun. Et l'ensemble offrirait un projet politique attrayant pour une bonne part de la population.

«La prise du pouvoir, comme la réalisation de la souveraineté du Québec, ne pourra pas se faire sans risquer de sortir de nos vieilles stratégies électorales.»

Troisièmement, il faut une entente électorale. Les trois partis souverainistes pourraient continuer de proposer les orientations de leur formation (pas de fusion), tout en faisant la promotion de la souveraineté et des orientations d'un éventuel gouvernement de coalition souverainiste. En parallèle, un certain nombre de comtés où la division du vote des partis souverainistes est la plus dommageable seraient choisis pour y présenter un seul candidat. Je propose de sélectionner une trentaine de comtés (chiffre variable). La sélection des comtés pourrait se faire par l'analyse approfondie des dernières élections ainsi que par des sondages internes plus récents. La sélection et la répartition des comtés choisis pourraient se faire par négociation entre les 3 partis, avec l'aide de membres de l'organisme Oui-Québec comme médiateurs pour les aider à trouver des compromis. Quant à la répartition des comtés pour chaque parti, je propose que cette répartition se fasse en prenant en compte une moyenne de plusieurs sondages sur les intentions de votes pour ON, QS et le PQ.

Par exemple, si depuis 1 an, les sondages indiquent que le PQ a une moyenne de 30% des intentions de vote, QS 12% et ON 1%, on fait une proportion sur le nombre total des votes pour les partis souverainistes (30+12+1=43) : ainsi le PQ obtiendrait 70% des sièges à se répartir (30/43), QS 28% (12/43) et ON 2% (1/43). Si on cible 30 sièges à se répartir, ça donne environ ceci : 21 sièges où c'est un candidat(e) péquiste qui se présente, 8 pour QS et 1 pour ON. Il serait certainement favorable que les comtés où QS obtient le plus de voix leur soient attribués (ex. : Laurier-Dorion, Crémazie, Hochelaga, etc.). Si ce plan est bien fait, il n'est pas impossible de croire que ça pourrait sauver entre 10 à 15 comtés aux souverainistes, ce qui pourrait faire une énorme différence sur l'issu des élections. D'autres ententes pourraient aussi s'ajouter, comme de ne pas présenter de candidats des deux autres partis dans les 33 comtés où il y a déjà un député souverainiste sortant, histoire de consolider la base.

Cette ébauche d'entente de convergence est-elle irréalisable ? Je suis convaincu qu'avec de la bonne volonté de part et d'autre une entente similaire est possible et qu'elle plairait à un grand nombre d'électeurs. Il est temps pour les souverainistes de prendre au sérieux la division de leurs votes et d'arrêter de faire campagne les uns contre les autres. Le défi que représente la création d'une entente de convergence se doit d'être affronté au plus tôt. En plus d'atténuer les effets néfastes de la division, elle permettrait une synergie des forces indépendantistes et mettrait la table à la création du camp du Oui.

La prise du pouvoir, comme la réalisation de la souveraineté du Québec, ne pourra pas se faire sans risquer de sortir de nos vieilles stratégies électorales. Sinon, pourquoi l'électorat prendrait le risque de passer outre les critiques que l'on s'adresse entre nous, en plus des peurs qu'utilisent déjà les partis fédéralistes pour nous contrer. Les enjeux de la prochaine élection sont trop importants pour la suite du Québec. Il est temps d'oser.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Mai 2017

Les billets de blogue les plus lus sur le HuffPost

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.