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La convergence est-elle encore souhaitable et réalisable?

En 2018, est-ce que les différents partis souverainistes vont tenter de collaborer, ou vont-ils encore s'affronter, et tout sera à recommencer en 2022?
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Dans un premier article publié en juin 2016, je me suis basé sur les résultats électoraux de 2012 et de 2014 pour faire ressortir l'impact négatif de la division du vote des souverainistes sur les résultats électoraux des partis indépendantistes. L'élection partielle en décembre dernier dans Verdun en a été une autre belle illustration: le PQ, QS et ON ont respectivement obtenus 27%, 18,5% et 0,8% du suffrage pour un total de 46% total des votes, alors que la candidate libérale a remporté l'élection avec 35,5% des voix. Si rien n'est fait d'ici 2018, la division du vote des souverainistes nous fera encore perdre minimalement 10 à 15 comtés aux mains de la CAQ et du PLQ. Comment les souverainistes peuvent-ils penser reprendre le pouvoir avec 8 à 12% des comtés perdus d'emblée par division aux mains de partis fédéralistes, alors qu'il faut avoir plus de 50% des comtés pour former un gouvernement majoritaire? Il y a urgence que les indépendantistes prennent conscience que dans la conjoncture actuelle, sans convergence, la division rend presque impossible que l'un des 3 partis souverainistes puisse être élu majoritaire.

Dans un deuxième texte publié en septembre 2016, j'ai tenté de proposer une ébauche de plan de convergence entre le PQ, QS et ON, qui se divisait en trois axes: un plan commun pour faire la souveraineté dans un premier mandat, un plan de gouvernance d'une coalition souverainiste, et une entente électorale pour 2018. L'élection de Jean-François Lisée à la tête du PQ change par contre un peu la donne: ce dernier proposant, s'il est élu, de reporter le référendum dans un second mandat (après 2022), il sera plus difficile que prévu d'en arriver à une entente avec ON et QS, qui privilégient plutôt un référendum dans un 1er mandat. Dans ce nouveau contexte, on peut se demander si une entente de convergence est toujours possible. Même si elle sera plus difficile à réaliser, je pense que la convergence est toujours souhaitable et réalisable, mais qu'elle demandera plus de compromis de part et d'autre.

Comme le PQ demande aux deux autres partis souverainistes de faire une énorme concession en reportant le prochain référendum après 2022 (sortir les libéraux en 2018), je pense que le PQ devra en contrepartie, en plus d'une répartition juste des comtés à se diviser, faire des concessions pour favoriser l'adhésion de QS et ON à un plan de convergence où le référendum n'est pas prévu dans le 1er mandat.

D'abord, le PQ doit signer une entente préélectorale formelle avec les autres partis souverainistes sur un plan de remplacement du système électoral uninominal à un tour par un système proportionnel mixte. QS et ON seraient les premiers à bénéficier d'un système qui favorise une meilleure représentation des partis en fonction de leur pourcentage de vote. De plus, dans le pire des cas, si l'entente de convergence venait à ne pas survivre jusqu'à l'élection de 2022, les souverainistes pourraient certainement avoir une meilleure représentation sans avoir la nécessité de converger. Mais pour instaurer un système proportionnel mixte, il faut enlever le pouvoir aux libéraux, qui eux, sont contre un tel changement. La convergence aurait donc aussi comme objectif de changer le mode de scrutin du Québec dans le 1er mandat.

En plus de l'instauration rapide d'un système proportionnel mixte, le PQ devra mettre de l'avant, avec QS et ON, plusieurs mesures progressistes et nationalistes sur lesquels les trois partis s'entendraient avant le mandat de 2018. J'en reprends certaines que j'ai énumérées dans le deuxième article mentionné précédemment: réinvestir en santé et en éducation, adopter un moratoire sur la construction de nouveaux pipelines au Québec, investir dans l'électrification des transports, réinvestir dans les programmes de francisation et d'intégration des immigrants, créer Pharma-Québec, etc. Après presque 15 ans sans interruption de gouvernement (néo) libéral, la population pourrait enfin souffler un peu.

Si le PQ est sérieux dans son désir d'amener ses militants sur le chemin des victoires, alors il doit être prêt à faire ce sacrifice pour se rapprocher de QS et ON, afin de vivre une plus petite victoire que souhaité, mais qui serait sans doute significative pour le Québec.

Au niveau des enjeux identitaires et de la laïcité, il m'apparait clair que le PQ devrait s'en tenir aux recommandations consensuelles du rapport Bouchard-Taylor et renoncer dans ce premier mandat à l'idée d'interdire le port des signes religieux à d'autres fonctionnaires que les juges et les policiers. Si le PQ est sérieux dans son désir d'amener ses militants sur le chemin des victoires, alors il doit être prêt à faire ce sacrifice pour se rapprocher de QS et ON, afin de vivre une plus petite victoire que souhaité, mais qui serait sans doute significative pour le Québec.

Ensuite, si le PQ promet dans ce premier mandat de ne pas dépenser l'argent de l'état pour faire la promotion de la souveraineté, serait-il possible de faire progresser le projet par d'autres moyens? En plus de parler de souveraineté d'une seule voix, serait-il envisageable que les souverainistes (QS, ON, Bloc, Oui-Québec, l'IRAI, etc.) organisent la plus grande collecte de fonds jamais tentée afin de financer l'organisation d'une assemblée constituante qui fera le tour du Québec pour consulter la population sur le projet de pays et qui pourrait permettre de concrétiser certains aspects du Québec indépendant et aider à l'écriture de la première constitution du pays. Je suis sûr que les militants souverainistes seraient prêts à financer cet ambitieux projet afin de préparer le troisième référendum qui viendrait par la suite. Je suis également sûr qu'une telle entreprise aurait des effets bénéfiques sur la mobilisation et la promotion de la souveraineté.

Même si ce plan de convergence n'est peut-être pas idéal pour aucun des trois partis souverainistes, il faut admettre que s'il fonctionnait, les différents partis et les Québécois pourraient y trouver leur compte. Sortir les libéraux du gouvernement, instaurer un système proportionnel mixte, faire passer des mesures nationalistes et progressistes, mettre sur pied une charte de la laïcité consensuelle, avoir la meilleure représentation de députés des trois partis souverainistes, et faire la promotion et la préparation de la souveraineté. En 2018, est-ce que les différents partis souverainistes vont tenter de collaborer, ou vont-ils encore s'affronter, et tout sera à recommencer en 2022?

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