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Aucune justification pour l'absence d'une hausse de la taxe tabac

Le gouvernement a décidé de ne pas hausser la taxe spécifique sur le tabac, ce qui en fait le troisième budget consécutif du ministre Leitão à laisser stagner cette taxe.
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Si le gouvernement décidait soudainement d'arrêter de vacciner les poupons contre des maladies infantiles, il est certain que d'innombrables voix s'élèveraient pour réclamer du gouvernement des justifications. Les maladies ont-elles été éradiquées? Les effets indésirables se sont-ils avérés plus importants que les maladies devant être prévenues par les vaccins?

Dans la même veine, si le gouvernement choisissait de ne pas mettre en œuvre une mesure démontrée efficace pour lutter contre une épidémie qui coûte plus de 10 000 vies chaque année, le public serait en droit de connaître les raisons justifiant une telle décision.

Or, c'est exactement ce qui s'est passé dans le cadre du plus récent budget provincial. Le gouvernement a décidé de ne pas hausser la taxe spécifique sur le tabac, ce qui en fait le troisième budget consécutif du ministre Leitão à laisser stagner cette taxe.

Déjà, le Québec a la taxe la moins élevée au Canada et son efficacité s'effrite en l'absence de hausse. De plus, selon le nouveau budget le marché de la contrebande demeure stable, voire en diminution, soit en deçà de 15% et, ce, malgré les hausses de taxe en 2012 et 2014.

Pourquoi alors le gouvernement choisit-il de priver les populations les plus sensibles au prix -- les jeunes et les communautés défavorisées -- de la mesure la plus efficace de réduction du tabagisme?

Ne pas avoir de réponse à cette question est d'autant plus frustrant que le ministre Leitão a réitéré à plusieurs reprises durant son discours l'importance de faire «bénéficier tous les Québécois» de la «marge de manœuvre» budgétaire qui leur «appartient».

Or, il existe aussi une marge de manœuvre pour augmenter le prix des produits du tabac. Mais c'est l'industrie et non le public qui en a profité pendant plus de deux ans et demi, en augmentant ses prix d'une moyenne de 4,60$ la cartouche de 200 cigarettes depuis mi-2014 -- un montant supérieur à la dernière hausse de taxe qui avait été vigoureusement dénoncée par cette même industrie!

Précisons que contrairement au choc sur les prix provoqué par une hausse substantielle de taxe, les hausses effectuées par les fabricants sont graduelles et modulées de manière à ne pas affecter la consommation.

Le gouvernement précisait lui-même au moment de la dernière hausse en juin 2014 qu'elle aurait pour effet d'inciter «50 000 fumeurs à cesser de fumer». Ce sont autant de Québécois qui auraient vu leurs risques d'AVC et d'autres maladies chuter dramatiquement si le gouvernement avait décidé d'instaurer une nouvelle hausse.

L'absence d'une hausse représente aussi un cadeau de quelque 150 millions $ aux fabricants de tabac, argent qui aurait pu être transformé en revenus pour l'État qui, lui, est toujours aux prises avec la facture des soins de santé causés par le tabac.

Dans la mesure où le gouvernement est incapable de fournir des justifications solides quant à sa décision, il devrait procéder à une hausse dans les plus brefs délais. Il en a le pouvoir et il n'est jamais trop tard pour bien faire.

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Mai 2017

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