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Ce n'est pas une conspiration, c'est une campagne électorale

On pourrait bien croire à une conspiration. Comme s'ils s'étaient tous passés le mot pour faire perdurer le cynisme et le conservatisme latent. Ce que les médias sont présentement en train de faire pendant cette campagne électorale est pire qu'Anticosti, pire que la corruption ou que le néolibéralisme, devenu insulte suprême pour les uns et apanage de fer pour les autres... Ce que les médias québécois font de façon consciente et involontairement à la fois, c'est garder l'électorat bien confortablement dans l'immobilisme et la perduration du système. Parce qu'il est bien très bien comme ça le système.
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On pourrait bien croire à une conspiration. Comme s'ils s'étaient tous passés le mot pour faire perdurer le cynisme et le conservatisme latent. Ce que les médias sont présentement en train de faire pendant cette campagne électorale est pire qu'Anticosti, pire que la corruption ou que le néolibéralisme, devenu insulte suprême pour les uns et apanage de fer pour les autres... Ce que les médias québécois font de façon consciente et involontairement à la fois, c'est garder l'électorat bien confortablement dans l'immobilisme et la perduration du système. Parce qu'il est bien très bien comme ça le système.

Si un (é)lecteur n'a comme source que La Presse, Le Devoir, Radio-Canada, et sans oublier Quebecor, peu de chance qu'il voit au-delà de la vie politique vibrante que le Québec pourrait avoir si ses élites daignaient laisser un peu de leur confort.

Jean-Martin Aussant a déposé une demande d'injonction pour participer au débat Radio-Canada-Télé-Québec et a bien raison de tenter de faire bouger les choses, malgré les propositions peu avant-gardistes de son parti sur la question nationale. Jean-Martin Aussant que personne n'a épargné aux débuts de sa nouvelle formation politique tente bien que mal de prouver son point, mais les médias ne vont vraisemblablement pas être très indulgents.

Québec Solidaire, de son côté, semble prêt à accepter sans trop faire de polémique de se faire écarter des débats de TVA. «Au moins, on a Radio-Canada», que ça doit se dire dans les bureaux de campagne.

La question est: Quel système autre qu'ultra-conservateur peut bien ignorer à ce point les petits partis, qui certes n'ont pas la «susceptibilité de gouverner le Québec», mais qui contribuent au pluripartisme?

Pas besoin d'avoir pris des cours de science politique pour savoir que c'est bien là le nœud d'une vie politique saine, avoir plusieurs partis viables.

Mais non. On écoute le Téléjournal et c'est comme s'il n'y avait que trois partis au Québec. Ou plutôt deux et demi. On ouvre La Presse en ce mardi matin orageux et on lit «L'agenda des chefs». Pour La Presse au Québec, il n'y a que Pauline Marois, François Legault, et Jean Charest. Trois vieux politiciens d'une ancienne génération qui a hérité d'un système en déclin, c'est ça la politique québécoise pour La Presse qui pense avoir l'autorité sur-démocratique de choisir de son propre gré ses invités.

La couverture médiatique des campagnes électorale ne devrait pas être un Tout Le Monde En Parle généralisé. Bien sûr, les «sachants» sont au courant que Québec va voter PLQ, que le reste des cyniques va stratégiquement tomber dans les bras d'un agonisant PQ, et que s'il arrive à bien paraître, François Legault pourrait devenir premier ministre comme on devient PDG d'Air Transat.

Bien sûr qu'ils savent tous ça, mais au moins pourraient-ils faire semblant de participer au débat démocratique et donner une exposition égale pour tous les partis acceptés par la Direction Générale des Élections?

À ne faire écho que de ces trois «principaux» partis, à ne communiquer que les actions des «figures principales», les médias québécois, même dans le métier noble du journalisme d'actualités, sont tombés dans le fait divers, ou pire, dans la politique spectacle poussée à son extrême. Au passage: superbe stratégie péquiste, le coup des candidats vedettes et des révélations fringantes.

Bien sûr, les patrons de presse et de télé se défendent en disant qu'ils respectent les lois électorales, qu'ils donnent leur chance à tout le monde, les journalistes vedettes s'indignent, l'ombudsman s'en mêle, et on nous sert le blabla pré-écrit habituel. On a des politiciens qui font déjà ça très bien.

Ici ce n'est même pas du sensationnel que les médias font, c'est de l'ensommeillement en direct, de la manipulation cynique inconsciente. Soi-disant, les médias au Québec «savent». On tend à vitesse éclair vers une société de «sachants» comme François Legault plonge sur le vote anglophone.

Les médias, qu'ils le veuillent ou non, sont en train de contribuer à cette glaciation de la vie politique québécoise en choisissant leurs invités. Pourtant on pourrait s'attendre que le quatrième pouvoir ne demeure pas qu'un simple éditorialiste bon marché comme il en pullule de partout, et donne sa chance à tous en suivant une objectivité impartiale où tout parti quel qu'il soit se voit attribué le même temps d'antenne, le même rayonnement, et que cela soit contrôlé.

Après, c'est aux médias de soulever les contradictions des uns et des autres lors des débats et des entrevues, aux chefs et candidats de dégurgiter leur même discours bien poli et formaté, aux électeurs de croire à tel ou tel mensonge électoraliste. Et rendu à ce point là, c'est le meilleur (ou le pire) qui gagne.

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