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Pourquoi les étudiants ont-ils peur de la Politique?

Le cynisme n'est pas plus élevé chez les jeunes que dans les autres franges de la population. Les étudiants privilégient simplement d'autres formes d'implication que l'engagement politique traditionnel, comme au sein de leur association étudiante, dans les manifestations ou dans la signature de pétitions.
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Étudiants, étudiantes, nous m'inquiétons, parfois.

Plusieurs d'entre nous avouent candidement, jour après jour et sur toutes les plateformes, ne pas voir l'intérêt de « la politique ». Les jeunes sont sous-représentés dans tous les niveaux décisionnels publics et on voit comme anormal, contre nature ou inquiétant tout Léo Bureau-Blouin qui voudra se présenter « avec les grands » pour siéger à l'Assemblée nationale. Parallèlement, les jeunes, au Québec, votent significativement moins que le faisaient leurs aînés au même âge il y a 40 ans.

Il est clair que les exemples que l'on reçoit d'agissements politiques exemplaires comme celui-ci ou celui-là peuvent miner rapidement l'intérêt ou le respect envers des pairs qui choisiraient cette voie. On perçoit rapidement un engagement en politique comme opportuniste - mais réfléchir de la sorte révèle surtout un cynisme facile. Où se trouve, en pratique, l'avantage envié ? Dans les heures de fou, le pouvoir somme toute limité des députés, ou la fame qui mène à l'exposition complète de leur historique Internet ?

En fait, le cynisme n'est pas plus élevé chez les jeunes que dans les autres franges de la population. Les étudiants privilégient simplement d'autres formes d'implication que l'engagement politique traditionnel, comme au sein de leur association étudiante, dans les manifestations ou dans la signature de pétitions.

Pourtant, dévouer plusieurs heures par semaine, voire une ou deux années complètes de sa vie, à la politique étudiante est un engagement directement relié à la politique au sens large. Les associations étudiantes, en revendiquant des réinvestissements en éducation, en s'opposant à des diminutions de services dans leur institution, en réinventant la mobilité étudiante, agissent pour modifier la société vers un idéal. Et la plupart de leurs idées ne peuvent être mises en place que par des projets de loi et des motions présentés et adoptés à l'Assemblée nationale, par des députés qui croient en ces projets. S'investir en politique traditionnelle ou en politique étudiante, ce ne sont donc que deux points dans un continuum d'amélioration du monde dans lequel nous vivons.

Mais, demandent plusieurs, comment éviter d'élire des « profiteurs » qui ne souhaitent que garnir un CV en vue d'un saut en politique ? Il ne s'agit pas d'un problème impossible à résoudre, heureusement.

Il ne s'agit pas, non plus, d'une catégorie d'individus - voulant s'impliquer en politique - qu'il faut simplement éradiquer de nos associations. Il s'agit en général de jeunes qui veulent simplement s'impliquer à leur niveau ; ayant constamment en tête de vouloir améliorer leur milieu de vie, ils rejoindront pendant leurs études leur association pour représenter leurs idées face aux décideurs publics et universitaires, et se présenteront peut-être eux-mêmes comme députés plusieurs années plus tard, pour mener à bien ces mêmes projets. Il est bien certain que leur expérience associative leur aura fourni une bonne expérience et une bonne compréhension politique ¬- et ce n'est pas répréhensible. Cela leur permettra notamment d'acquérir de bonnes mœurs et une habitude de transparence dans un milieu souvent un peu plus permissif et formateur.

Cela devient un problème lorsque l'intérêt n'est pas dans le travail associatif lui-même, mais uniquement dans une mention sur son parcours : l'individu qui se présente ne sera alors pas en mesure de s'impliquer corps et âme dans l'association pour faire un travail constructif. Le même problème se pose lorsqu'un exécutant d'association est également impliqué dans un parti politique de manière publique - il est parfois compliqué de rallier la défense des positions des étudiants représentés et les positions partisanes d'un parti.

Alors à nous, étudiants et étudiantes, je donne ce conseil bien simple pour les assemblées générales à venir : réfléchissons. Évaluons les candidats qui se présentent devant nous, leurs aptitudes, leur motivation apparente et leurs idées. Ne tombons pas dans la facilité en voyant l'intérêt et le désintérêt politiques comme une situation manichéenne, comme un facteur primordial qui influera sur notre vote. En politique étudiante, nous n'avons pas besoin d'une chasse aux sorcières pour débusquer les futurs politiciens. Nous avons besoin de bonnes idées et de gens motivés à les porter plus loin. Point à la ligne.

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