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Devenir parent rend-il stupide?

Vous avez déjà entendu parler du «mode bébé»? Vous savez, cette mollesse intellectuelle qui va de paire avec les nuits écourtées et les seins qui fuient...
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Vous avez déjà entendu parler du «mode bébé»? Vous savez, cette mollesse intellectuelle qui va de paire avec les nuits écourtées et les seins qui fuient... Mais est-ce possible que cet état dure plus longtemps que la première année de vie de bébé?

Vraiment plus longtemps, je veux dire?

C'est peut-être à cause du sommeil brisé par les premières années de mon petit ou encore le fait d'être interrompu chaque seconde quand j'essaie d'écrire une phrase qui fait du sens, mais il me semble que j'étais plus intelligente avant...

Une étude parue dans le Psychology Today avance que, contrairement à ce que l'on pourrait croire, ceux qui pratiquent le multitâches sont moins performants et perdent jusqu'à 40 % de leur productivité.

Peut-être qu'en tentant de tout faire et de plaire à tout le monde, les parents n'arrivent à rien faire du tout au final.

Avant l'arrivée de bébé, j'arrivais à mener mes tâches à terme. Je réussissais à cocher toutes les cases de ma liste de choses à faire. Et j'avais même le temps de réfléchir à tout ça afin de faire les meilleurs choix possibles.

Aujourd'hui? Je ne suis qu'en mode survie.

«Je n'arrive pas à me tenir au courant de l'actualité, je m'endors devant les films et mon historique d'Internet comprend des recherches sur le pieds-mains-bouche et sur les façons d'encourager bébé à aller sur le petit pot.»

Chaque dix minutes, mon enfant va m'interrompre pour :

• recevoir de l'aide pour atteindre un jouet coincé quelque part

• gratter son pied qui pique

• demander une collation

• demander une meilleure collation

• nettoyer son dégât

• et (bien sûr) me lancer, sur un ton accusateur, un «Joue avec moiiiiii!»

Ce n'est presque plus surprenant si j'égare quelque chose toutes les heures, si je rédige des courriels - et même des notes à moi-même - qui sont incompréhensibles, si je suis devenue une amie plutôt ennuyante, surtout auprès de mes amis sans enfants, qui me regardent comme si on m'avait amputé du cerveau.

Je n'arrive pas à me tenir au courant de l'actualité, je m'endors devant les films et mon historique d'Internet comprend des recherches sur le pieds-mains-bouche et sur les façons d'encourager bébé à aller sur le petit pot.

Je me console en me disant que tout ça est temporaire et que mon cerveau se remettra à fonctionner un jour.

Je me dis que, quand j'aurai fini de procréer et que les petits voleront de leurs propres ailes, je retrouverai cet espace qui me permet de penser et de dormir. Je pourrai à nouveau faire aller mes muscles cérébraux. Je pourrai lire des livres qui n'ont pas «bébé» dans le titre. Je pourrai discuter sur des forums en ligne qui n'ont rien à voir avec les fluides corporels. Je pourrai (peut-être) débuter ce doctorat.

Mais je me dis aussi que, avec les cheveux gris, le ventre mou et les pattes d'oies, ce cerveau en bouillie est peut-être là pour de bon.

«Pourquoi sommes-nous si rapides à chercher des réponses à nos questions sur la parentalité? Cette efficacité ne s'applique à aucun autre pan de notre vie. Pourquoi les questions des parents engendrent-elles autant d'insécurité?»

Le déclin de l'intellect parental se mesure également dans notre relation avec les autres parents. Dès qu'ils ont des enfants, les parents se mettent à consulter tout ce qu'ils peuvent afin de trouver les réponses à leurs inquiétudes. Comme s'ils étaient incapables de trouver la réponse eux-mêmes.

Le jour, nous sommes capables de parler de fonds de placement spéculatif, mais de retour dans notre rôle de parent, nous cherchons l'approbation de dizaines d'étrangers en ligne avant de décider s'il est mieux de donner la suce à son enfant.

Sur un forum que je consulte, une super femme s'est mise à écrire la même réponse à toutes les questions d'ordre médical : demandez à votre médecin. Elle en avait tellement marre, qu'elle s'est mise à répondre en majuscules et avec des points d'exclamation, mais toujours avec la même réplique : DEMANDEZ À VOTRE MÉDECIN!!!

Après tout, les autres mères qui consultent ce même forum sont comme vous : elles en ignorent plus qu'elles en savent. Bien sûr, elles ont toutes leurs anecdotes à raconter, un peu d'expérience et elles peuvent vous encourager. Mais elles peuvent aussi être une source de stress et d'anxiété et remettre en doute vos façons de faire. Et elles peuvent offrir, parfois, de très mauvais conseils.

Pourquoi sommes-nous si rapides à chercher des réponses à nos questions sur la parentalité? Cette efficacité ne s'applique à aucun autre pan de notre vie. Les parents ne publient rien sur leurs problèmes conjugaux, ne demandent pas conseil sur les investissements les plus rentables ou ne questionnent pas des inconnus afin de connaitre LE modèle de voiture à acheter. Pourquoi les questions sur la parentalité engendrent-elles autant d'insécurité?

Peut-être est-ce parce que nous ne voulons pas prendre ces choses à la légère. Nous ne voulons surtout pas faire d'erreur.

Peut-être est-ce parce que consulter les usagers d'un forum en ligne est plus facile que de demander à un expert ou que de lire un livre ou encore de mener notre propre enquête et en tirer nos propres conclusions.

Peut-être est-ce parce que nous sommes beaucoup trop fatigués pour faire tout ça!

Je me souviens que lorsque j'étais préadolescente, je levais les yeux au ciel devant ma mère qui ne pouvait se rappeler d'une blague, d'un mot ou d'un numéro de téléphone. Je me disais qu'elle était stupide. Aujourd'hui, je sympathise avec elle. C'est ma faute si elle était ainsi!

Si, vous aussi, vous souffrez du «mode bébé» et de la mollesse intellectuelle qui vient avec, dites-vous que, même si vous ne connaissez pas la capitale de la Moldavie, vous connaissez votre enfant mieux que quiconque. Vous savez où le chatouiller pour le faire éclater de rire et vous connaissez la chanson qui va l'endormir à tout coup. Et pour ça, vous devriez aussi faire partie de Mensa.

(En passant, la capitale de la Moldavie est Chisinau. Merci, Google.)

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Ce billet initialement publié sur le Huffington Post Canada a été traduit de l'anglais.

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