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La volonté de Justin Trudeau visant à pénétrer insidieusement ce sanctuaire pour réaliser ses desseins politiques nous ramène à l'élément grave du tableau actuel.
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Jody Wilson-Raybould s'est entretenue avec les médias après avoir comparu devant le comité de la Justice à Ottawa, le 27 février 2019. L'ancienne procureure générale du Canada a affirmé qu'elle avait fait l'objet d'efforts constants et soutenus de la part de nombreuses personnes du gouvernement Trudeau, dans le but de s'immiscer indûment dans les poursuites contre une grande entreprise canadienne d'ingénierie, notamment par le biais de «menaces voilées».
Adrian Wyld/Canadian Press via AP
Jody Wilson-Raybould s'est entretenue avec les médias après avoir comparu devant le comité de la Justice à Ottawa, le 27 février 2019. L'ancienne procureure générale du Canada a affirmé qu'elle avait fait l'objet d'efforts constants et soutenus de la part de nombreuses personnes du gouvernement Trudeau, dans le but de s'immiscer indûment dans les poursuites contre une grande entreprise canadienne d'ingénierie, notamment par le biais de «menaces voilées».

L'affaire SNC-Lavalin et le spectaculaire témoignage de Jody Wilson-Raybould ont conduit finalement à poser les bases d'un dilemme éthique particulier et sensible. Au nom de l'intérêt des travailleurs québécois, faut-il fermer les yeux sur la corruption, spécialement quand il s'agit d'un fleuron essentiel à l'économie locale?

L'interprétation de la situation peut varier en fonction d'une perspective déontologique ou téléologique, c'est-à-dire entre le fait de prioriser le devoir ou la finalité.

À titre d'exemple, Emmanuel Kant est un défenseur de la première, à travers le respect pour la loi morale, tandis qu'Aristote véhicule la deuxième dans son principe de cause finale.

On peut supposer que la décision de l'ex-procureure générale visant à ne pas tendre vers un accord de réparation allait plutôt pour une optique semblant à priori déontologique. En effet, il était pourtant dans l'intérêt des libéraux d'obtenir l'accord afin de fortifier l'assise partisane. Bien que cette voie est sujet à controverses et tensions, Jody Wilson-Raybould aurait tout de même pu œuvrer à faire avancer le processus, ou du moins en donner l'impression.

La finalité était bien plus avantageuse pour les libéraux. Or, pour une raison ou une autre, l'ex-procureure générale n'est pas allée dans ce sens et résistait à la pression.

Conséquemment, une autre question éthique se pose. Au nom de l'esprit d'équipe, n'aurait-elle pas dû se plier à la directive de son parti, spécifiquement vis-à-vis un dossier aussi conséquent que celui de SNC-Lavalin?

Dans le cadre de Justin Trudeau, le sens accordé à la situation semble structuré à partir d'une vision téléologique. En effet, si l'on se fie aux propos qu'il aurait prononcés, il régnait une certaine anxiété quant au fait de conserver la mainmise sur le vote des Québécois.

Afin de modeler une procédure positive et entretenir la fidélité de l'électorat provincial, la pression exercée envers l'ex-procureure générale était subséquemment de mise pour ainsi orchestrer finement la prochaine campagne électorale. Or, le poste que tenait Jody Wilson-Raybould est justement problématique, puisqu'il est également étendard du juridique, donc théoriquement indépendant de la sphère politique. La volonté de Justin Trudeau visant à pénétrer insidieusement ce sanctuaire pour réaliser ses desseins politiques nous ramène à l'élément grave du tableau actuel.

Ultimement, avec la démarche d'Andrew Sheer exigeant la démission de Justin Trudeau et commandant une enquête à la GRC, le message envoyé est très clair, à savoir que les intérêts des travailleurs ne justifient pas l'ingérence du politique dans le juridique comme moyen.

Malgré l'évidente partisanerie sous-tendant cette action, il n'en reste pas moins que la portée morale du scandale SNC-Lavalin nous renvoie à une réflexion intéressante d'un point de vue philosophique, à savoir si la fin justifie toujours les moyens et dans quelle mesure.

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