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Un gouvernement désorienté

Le PLQ ne sait plus où donner de la tête tellement sa gestion désastreuse des crises qu'il s'inflige lui-même accapare l'essentiel des énergies qu'il devrait mettre dans la gestion de la chose publique.
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Le Parti libéral du Québec a perdu ses repères, et le gouvernement qui en est issu, depuis deux ans, est totalement désorienté. Reporté au pouvoir depuis deux ans aujourd'hui avec un nouveau chef, Philippe Couillard, à la suite d'un court intermède de 18 mois d'un gouvernement péquiste minoritaire (2012-2014), il ne sait plus où donner de la tête tellement sa gestion désastreuse des crises qu'il s'inflige lui-même accapare l'essentiel des énergies qu'il devrait mettre dans la gestion de la chose publique.

Le plus préoccupant, c'est que le premier ministre Couillard ne semble pas reconnaître sa part de responsabilité dans la tourmente qui secoue les officines gouvernementales à Québec et le parti qu'il dirige. Il a tracé une ligne imaginaire dans sa tête, entre le côté lumineux du PLQ dont il se réclame jusqu'aux réformes de Georges-Émile Lapalme, et le côté sombre, auquel il a lui-même été associé, mais dont il se distancie, comme s'il s'agissait d'un corps étranger. Il se pose constamment en victime. Victime des partis de l'opposition qui ne le ménagent pas en période de questions, victime des médias qui alimentent les controverses, victime même de son ministre et ami, Sam Hamad, qui s'est exilé temporairement en Floride, en pleine tourmente, sans même lui demander son avis.

Le style, c'est l'homme

«Le style, c'est l'homme», disait Buffon, et ce qui est en cause ici, c'est précisément le style de leadership de Philippe Couillard, incohérent et déroutant. Un exemple parmi tant d'autres. Le 19 octobre 2013, le caucus des députés libéraux est réuni, au Château Bonne entente, à Québec.

Ce jour-là, on nous a distribué, pour lecture, le programme du PLQ en vue de la prochaine élection générale, qui sera déclenchée par Pauline Marois, cinq mois plus tard. Avant même d'en lire la première page, le chef Couillard s'est levé et a décrété ceci: «Le document qu'on vous distribue est le meilleur programme politique que le Parti libéral ait jamais produit.»

La raison du plus fort

Du jamais vu. D'habitude, un chef écoute les commentaires de ses députés et constate s'il y a consensus avant de se prononcer lui-même. En cas de divergences, il cherchera à les atténuer avant de rendre publique une quelconque position politique. Dans le cas présent, il s'agit du programme du parti. Ce n'est pas rien. Le programme est une pièce maîtresse dans la stratégie électorale. Il énonce les engagements du parti et les députés sont précisément ceux et celles qui, avec les nouveaux candidats, iront le «vendre» aux électeurs dans leurs circonscriptions et le défendre publiquement.

Qu'à cela ne tienne, le chef Couillard a parlé. De toute évidence, il a fait son caucus avec lui-même. Quel est maintenant le député casse-cou qui va se lever pour le contredire? Je n'étais pas impressionnée.

Je suis donc intervenue sur trois points. D'abord un commentaire général pour dire que j'ai cherché désespérément une seule idée nouvelle dans ce programme et que je n'en ai pas trouvé. Pour le volet économique, j'ai constaté le vide. Ce n'était pas sérieux: le PLQ ne pouvait pas se présenter, en campagne électorale, sans un véritable plan économique. Certes, il y a la stratégie maritime, une très bonne idée, mais il faut remercier la CAQ de l'avoir développée dans le «projet Saint-Laurent», rendu public par François Legault en mars 2013. Sur la question de l'immigration, le programme était très mince. J'ai proposé des mesures concrètes pour l'intégration au marché du travail et en milieu scolaire. Quant au volet culturel, j'étais tout simplement sidérée de constater que dans «le meilleur programme que le Parti libéral ait jamais produit», le PLQ de Couillard s'engageait, dans la même phrase, à promouvoir le français et l'anglais.

Comment peut-on si aisément renier l'héritage libéral de la loi 22, qui avait fait du français la langue officielle du Québec en 1974, prélude à la loi 101 ? J'ai demandé: «Est-ce qu'il y a quelqu'un ici qui comprend que le français est la langue officielle du Québec? La langue de l'enseignement, la langue de travail et la langue du rayonnement du Québec dans le monde? On ne peut pas la mettre sur un pied d'égalité avec l'anglais.» J'ai donc soumis, par écrit, des mesures précises pour la promotion du français et proposé, dans des paragraphes subséquents, des engagements pour le soutien de l'anglais et autres langues secondes.

Et maintenant?

Aujourd'hui, et à mi-mandat, force est de constater que le style de leadership de Philippe Couillard, à bien des égards, nuit à la cohésion du gouvernement, qui navigue à vue, au gré des intempéries, et divise le Parti libéral du Québec au lieu de le rassembler.

En choisissant de faire une campagne électorale, en 2014, sur la promesse des 250 000 emplois qu'on attend toujours et en recyclant des slogans comme celui de la «cage aux homards» pour contrer la menace d'un éventuel référendum, le chef du Parti libéral du Québec a choisi la voie de la facilité et de la paresse. Il a raté l'objectif de se préparer lui-même à assumer sa charge publique de premier ministre et privé le gouvernement d'un programme politique avec un plan économique qui guiderait ses actions. Au contraire, la CAQ ne cesse de développer des idées et des orientations nouvelles en phase avec les Québécois francophones, et le PQ, malgré ses turpitudes, a une cible claire à l'horizon, l'indépendance du Québec, qui cimente sa base.

À l'allure où vont les choses, si rien n'est fait pour apporter les correctifs qui s'imposent, il y a fort à craindre que ce gouvernement Couillard ne se rende même pas au terme de ses quatre ans.

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Mai 2017

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