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Polytechnique: la haine des femmes

Cette tuerie qui a fait le tour du monde, nous en gardons tous un souvenir douloureux. Mais au-delà du devoir de mémoire, où en sommes-nous aujourd'hui en matière de condition féminine?
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Déjà 25 ans depuis la tragédie du 6 décembre 1989 où 14 jeunes femmes, à la fleur de l'âge et promues à une brillante carrière en génie, ont été tirées à bout portant par Marc Lépine, 25 ans, au cœur même de l'École Polytechnique de Montréal, faisant aussi 14 blessées, 10 femmes et 4 hommes.

Ces victimes ont été froidement tuées parce qu'elles étaient des femmes. Leur «crime»: elles avaient osé «envahir» un espace de savoir traditionnellement réservé aux hommes.

Avant de se s'enlever la vie, Marc Lépine (de son vrai nom Gamil Gharbi) avait tenu à s'en expliquer dans une lettre où il tenait les féministes responsables de sa haine envers elles. Il les traitait de «viragos» et d'«opportunistes» qui lui ont «toujours gâché la vie» et qualifiait son suicide de geste «politique».

Cette tuerie qui a fait le tour du monde a marqué à jamais, les familles endeuillées ainsi que les victimes collatérales, la mère du tueur, Monique Lépine, et sa sœur, Nadia Gharbi, décédée, en 1996, d'une overdose, à l'âge de 29 ans. Nous en gardons tous un souvenir douloureux.

Mais au-delà du devoir de mémoire, où en sommes-nous aujourd'hui en matière de condition féminine? 25 ans après la tragédie de Polytechnique, des avancées significatives ont été enregistrées tant au plan juridique qu'en matière d'emploi, mais des reculs aussi. L'expérience nous enseigne que les acquis des femmes ne sont jamais définitifs et le combat pour l'égalité des genres est toujours à reprendre à chaque génération.

Face aux nouveaux enjeux politiques, notamment la montée de la droite religieuse et des intégrismes, nous avons tous un devoir de vigilance pour barrer la voie à toutes les mouvances qui instrumentalisent les religions pour justifier la domination, l'oppression et l'infériorisation des femmes. Voilà un défi qui nous interpelle tous et auquel les féministes ne semblent pas préparées.

Pour lutter efficacement contre toutes les formes de violences faites aux femmes et aux enfants, le féminisme doit sortir de son cadre étroit de la condition féminine et se connecter au «monde des hommes». Ce n'est qu'en conjuguant nos efforts que nous parviendrons ensemble, à faire une différence, ici et dans le monde.

Geneviève Bergeron

Les victimes de l'École Polytechnique - 1989

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