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Francophonie: la Rwandaise Louise Mushikiwabo succèdera-t-elle à Michaëlle Jean?

Une telle élection marquerait l'histoire: pour la première fois, une femme africaine siégerait à la tête de l’Organisation internationale de la francophonie.
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L’actuelle ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, est candidate au poste de Secrétaire général à l’Organisation internationale de la Francophonie.
Simon Newman / Reuters
L’actuelle ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, est candidate au poste de Secrétaire général à l’Organisation internationale de la Francophonie.

Étant de jeunes francophones originaires du Rwanda, le courant de la vie nous a menés à traverser de nombreux pays où la francophonie occupait un rôle central par sa nature fédératrice et son historique colonial.

C'est avec cet héritage que nous avons souhaité partager notre réflexion sur la candidature de l'actuelle ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, au poste de Secrétaire général à l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Une candidature critiquée

Plusieurs critiques entourant sa candidature pointent non seulement la nature du régime politique rwandais, jugé peu démocratique et susceptible de ternir les valeurs de l'OIF, mais également la régression du français au Rwanda. Le français n'est effectivement plus une langue administrative depuis 2010, puisque peu à peu remplacée par l'anglais.

Nous souhaitons contester l'arrivée soudaine de critiques entourant la nature du régime rwandais. En effet, considérant que le Rwanda soit membre de l'OIF depuis 1970, nous pouvons nous demander pourquoi la nature de son régime apparaît soudainement comme une préoccupation.

Si seuls les ressortissants des États mettant en pratique une démocratie centrée sur le modèle libéral occidental méritent de présider l'OIF, en réalité bien peu d'États membres de l'OIF se qualifieraient à ce poste. Il faut rappeler que la personne occupant le poste de Secrétaire général se voit retirer le droit de s'ingérer dans toutes les questions qui relèvent de la politique nationale.

Si Louise Mushikiwabo venait à être élue, elle devra être apolitique et aura la responsabilité de gouverner l'OIF de manière indépendante vis-à-vis du gouvernement rwandais, quelle que soit la nature, perçue ou réelle, du régime de Kigali.

Opposer sa candidature à la nature du régime est peu pertinent. La nature du régime, peu importe sa nature ne devrait pas avoir d'impact sur la gestion de l'OIF.

Par conséquent, plutôt que de se concentrer sur la nature du régime, qui à notre sens est un débat qui a sa place ailleurs, il serait préférable de se pencher sur la candidature et le parcours de Louise Mushikiwabo.

Le parcours de Louise Mushikiwabo

L'actuelle ministre des Affaires étrangères du Rwanda a une maîtrise en Langues et Interprétariat, avec la langue française comme spécialisation. Elle a ensuite travaillé à la Banque africaine de développement (BAD) en Tunisie et a obtenu un Prix humanitaire d'exception. Elle est par la suite rentrée au Rwanda où elle a occupé deux postes ministériels depuis 2008.

Ce parcours international met en lumière son leadership et une aptitude à naviguer avec aisance au travers de responsabilités similaires à celles qu'elle occuperait comme Secrétaire générale de l'OIF. Nous considérons qu'il s'agit d'une candidature de qualité. En devenant Secrétaire générale, sa candidature viendrait redonner un souffle aux petits pays de la francophonie et aux pays aspirant à accorder plus de place à la langue française.

De plus, une telle élection marquerait un moment historique: pour la première fois, une femme africaine siégerait à la tête de l'Organisation internationale de la francophonie. Un message symbolique et important pour atteindre une meilleure représentation féminine dans les instances décisionnelles africaines. Cela viendrait confirmer que l'accès à l'éducation pour les jeunes filles dans plusieurs pays reste primordial, celles-ci ayant un rôle clef à jouer dans l'édification non seulement de leur nation, mais aussi du reste du monde.

La francophonie peut être vue comme une force dynamique qui navigue à travers temps et espace, même anglophone. Le français reste une langue importante pour les enfants de la diaspora rwandaise. C'est celle qui les rassemble, malgré les frontières et les différences générationnelles, et c'est celle qui leur permet de comprendre qu'ils se ressemblent.

Le français reste un outil de rassemblement des différentes diasporas et au vu de la candidature de Louise Mushikiwabo, on ne peut qu'être optimiste que des politiques permettront une émancipation plus importante de la langue française avec le soutien des Rwandais du reste du monde.

Nous vous invitons à imaginer la francophonie comme un vent dans les voiles d'un développement de la culture rwandaise.

Enfin, il nous faut dépasser la notion restrictive de la langue française lorsqu'on parle de la francophonie. Nous vous invitons à imaginer la francophonie comme un vent dans les voiles d'un développement de la culture rwandaise. Une brise qui souffle sur les feuilles de l'ouvrage Petit pays de Gaël Faye sur une terrasse parisienne, sur le rythme de la voix de Corneille au Québec et partout ailleurs.

Le secrétariat général de la francophonie ne doit pas être octroyé au plus francophile, mais plutôt à ceux qui ont le désir de faire des efforts pour défendre des valeurs universelles, telles la promotion de la diversité culturelle et linguistique et l'inclusion des minorités.

De la même façon que les J.O. de 2008 avaient été assignés à la Chine dans l'optique de l'encourager dans ses politiques de droits de l'Homme, nous souhaitons voir élue au secrétariat général de l'OIF une Rwandaise d'exception. Réserver ce poste à une femme africaine serait l'occasion d'insuffler à l'organisation une vision où la francophonie est vectrice d'une nouvelle alliance internationale centrée sur les capacités diversifiées des Africains, comme nous le montre le parcours de Louise Mushikiwabo.

Ce blogue a été coécrit avec Uwayo Dushime.

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