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Sommet Genève 2016: encore un espoir pour Raif Badawi

Comment nous assurer qu'après les portes closes, les démarches, ces discussions politiques, médiatiques, personnelles, sur la libération de Raif Badawi se poursuivront? Qu'on ne l'oubliera pas?
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Dans l'avion de retour de Genève vers Montréal, mercredi 24 février 2016, où nous avons participé au Sommet des droits humains et de la démocratie, organisé par UN Watch; nous élaborions une liste des actions que nous entreprendrions à court et à long terme, le bilan de nos journées de rencontres, de ce que nous avions retenu, des personnes, des témoignages et des mots qui nous ont interpellés, etc.

Comme chaque fois que nous participons à des événements de petites ou de grandes envergures, nous revenons pleins d'espoir que les choses changeront vite.

Notre première réflexion à l'issue de ce sommet, a été spontanée: tant de souffrances subies par des individus, des peuples, des organisations de par le monde qui se battent pour que justice et transparence soient faites!

Ensaf Haidar, Tom Gross journaliste, Kacem El Ghazzali, traducteur.

13 entrevues

Plus de 13 entrevues ont été accordées auprès de nombreux médias suisses et européens, de l'Agence France-Presse (AFP) en passant par le Matin de Genève, la télévision, la radio, etc. des rencontres des personnalités officielles des Nations unies basées à Genève. Des rencontres avec des hommes et des femmes charmantes remarquables et de bonne volonté!

La question qui, spontanément, nous est venue en faisant le bilan de nos trois jours passés à Genève: qu'est-ce que ces démarches charmantes auront pour résultat? Comment nous assurer qu'après les portes closes, les démarches, ces discussions politiques, médiatiques, personnelles, sur la libération de Raif Badawi se poursuivront? Qu'on ne l'oubliera pas?

Parce que le tapage international commence à démontrer sa limite maintenant.

Maintenant et plus que jamais

Après avoir reçu un des plus prestigieux prix international, le prix Sakharov, décerné par les parlementaires européens, nous étions, les partisans de Raif, pleins d'espoir.

Imaginez! Tous les parlementaires européens!

L'appel de Martin Schulz, de faire libérer Raif afin qu'il puisse venir en personne chercher son prix n'a pas été entendu. Imaginez, appuyé par TOUS les parlementaires européens!

Le voeu de Raif

Depuis son transfert dans la nouvelle prison, Raif a entrepris deux grèves de la faim. Plus isolé que jamais, plus déprimé que jamais, plus découragé que jamais de ne pas voir les démarches internationales de millions de personnes et de députés de plusieurs parlements, n'avoir pu obtenir la clémence du roi Salman Ben Abdelaziz Al Saoud, il perd espoir chaque jour un peu plus malgré le courage qui l'anime.

Que fait l'Arabie saoudite sinon le maintenir lui, prisonnier, alors qu'il n'est coupable que du seul crime que de celui de voir les jeunes saoudiens et ceux des pays arabes, participer à la mouvance internationale de l'ouverture sur le monde. Cette ouverture proposée et développée par et pour notre 21e siècle, avec comme toile de fond le web et la liberté de s'exprimer en toute quiétude sur nos idéaux.

Le plus significatif vœu de Raif est de voir son pays s'épanouir et joindre les jeunesses du monde entier...

Le directeur exécutif de UN Watch Hillel Neur a réussi un pari inimaginable pendant le Sommet qui s'est tenu mardi 23 février 2016: nous permettre d'entendre des témoins des quatre coins du monde (vidéos de chacune de leurs interventions), issus de différents milieux raconter les violations des droits humains et du principe démocratique dans leur pays d'origine.

Entre autres intervenants:

Vian Dakhil, cette députée irakienne, qui a bouleversé le monde entier pour défendre le peuple yazidi. (vidéo)

Antonietta Ledzema, fille du maire de Caracas emprisonné (Vénézuela).

Darya Safai, Iranienne défenseure de femmes sportives iraniennes.

Lee Young-Guk, l'agent de sécurité nord-coréen, raconter les extravagances et les atrocités commises par Kim Jong-il, et tant d'autres.

Tous ont subi ou subissent les déboires de systèmes désuets, corrompus, de sociétés qui risquent d'imploser par manque d'air, de transparence et de liberté.

Raif est devenu le symbole de la liberté d'expression, de conscience, de religion et de presse dans le monde arabe. Son incarcération est une insulte au monde occidental, aux pays démocratiques et aux citoyens de ces pays; conscients que la liberté est violée chaque jour par des gouvernements corrompus, par des lois dictées dans des textes datant de milliers d'années, et par des dictateurs déguisés en monarques et en défenseurs des droits de l'Homme, peu enclins à soutenir leur peuple, par des pays qui n'accordent aucune importance à la jurisprudence si chère aux États de droit, chère aux pays démocratiques qui multiplient lois, amendements, et créent des précédents pour mieux s'éloigner des lieux communs et de toutes velléités non laïques.

Un espoir pour Raif

L'espoir le plus significatif est l'implication de l'ancien ministre de la Justice et avocat, l'honorable Irwin Cotler, conseiller juridique international pour Raif Badawi. L'intervention de M. Cotler à Genève.

Alors que seuls prédominent l'argent, le pétrole et l'armement

C'est le moment de libérer Raif! C'est le moment qu'il rejoigne sa famille à Sherbrooke au Québec, non pas pour mieux critiquer ou noircir son pays d'origine, ce qu'il n'a, par ailleurs, jamais fait, mais pour qu'il poursuive ce pour lequel il excelle et qui lui tient tant à coeur, le mandat que s'est donné la Fondation qui porte son nom, l'éducation des jeunes. Cette Éducation qui lui tient à coeur. Le libérer non pas pour qu'il lance un appel à la haine, mais pour qu'il puisse enfin exprimer cet appel à la vie, à la liberté de penser et d'agir de manière responsable. Un appel qu'il n'a cessé de détailler sous différents angles à travers ses écrits sur son blogue et que ses partisans endossent à travers le monde. Un appel au dialogue!

Nous sommes deux femmes, originaires de pays arabes que nous aimons: le Maroc et l'Arabie saoudite. Nous sommes toutes deux attachées à notre pays d'origine pour différentes raisons. Nous demandons à nos rois respectifs de tout faire pour que nos pays d'origine, alliés des pays occidentaux, continuent de progresser sur la voie de la modernité. La modernité ne veut pas dire absence de principes. Les principes ne veulent pas dire absence de dialogue.

Le dialogue ne veut pas dire l'abandon de nos idéaux. Antonio Ledzema, maire de Caracas, emprisonné.

Tous les députés des pays démocratiques, individuellement, doivent agir en faveur de la libération des prisonniers de conscience. Organiser des prises de paroles régulières dans les parlements. Ne pas les oublier, eux, ces prisonniers qui se battent dans des conditions parfois atroces.

Sa majesté, Roi Salman, il n'est pas digne de vous, ni de la monarchie que vous représentez, de maintenir des hommes innocents en prison sous prétexte qu'ils expriment leur opinion publiquement. Ces hommes n'appellent pas au meurtre ni aux actions violentes ou à la révolution, ni à la haine, mais à la liberté de conscience et de religion. Vous ne pouvez être à la tête du Conseil des droits de l'Homme aux Nations-Unies et maintenir emprisonnés des hommes et des femmes qui défendent ces mêmes droits.

Accordez le pardon à Raif... pendant que vous siégez à la tête du Conseil des droits de l'Homme. Raif ne mérite pas ce qu'il subit en ce moment. Il ne mérite pas ces actions si dures envers lui. Il mérite que vous le libériez, que vous écoutiez ses doléances et que vous partagiez ses vues pour célébrer la rentrée de l'Arabie saoudite dans la modernité.

Roi Salman, accordez la liberté à tous les prisonniers de conscience qui sévissent dans vos prisons! Ce ne sont pas des criminels!

L"Arabie saoudite, ce pays que Raif aime avant tout autre dans le monde! Cette nation qui l'a vu naître à la vie!

«Un des plus nobles principes fondateurs des nations, c'est de ne pas le mesurer à l'aune d'un seul individu, d'une seule pensée, d'une seule région, ou d'une communauté à l'exclusion des autres, car la nation appartient à tous sans exception, et la nation s'élargit pour tous ses enfants, quelles que soient leurs visions ou leurs tendances intellectuelles.»

Raif Badawi, 1000 coups de fouet parce que j'ai osé parlé librement.

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