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Le président et un blogueur d'Arabie saoudite

Ce texte de l'historien Heiko Heinisch a été publié dans le journal, en Autriche. Il expose les actions incohérentes: d'un côté défendre les droits de la personne et de l' autre ne pas appliquer ces mêmes droits dans son propre pays.
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On ne me fouettera jamais pour avoir écrit ce texte. Raif Badawi, lui, a été condamné à 1000 coups de fouet et 10 ans prison pour avoir blogué.

Aujourd'hui, les coups de fouet ont encore été reportés.

Aujourd'hui, comme chaque vendredi à Vienne, une vigile est organisée pour demander la liberté de Raïf devant le Centre international du roi Abdallah Ben Abdel Aziz d'Arabie Saoudite pour le dialogue interreligieux et interculturel, plus connu en anglais sous l'acronyme KAICIID : King Abdullah Bin Abdulaziz International Center for Interreligious and Intercultural Dialogue.

Ce texte a été publié dans le journal Derstandard en Autriche. (traduction libre et personnelle). Il expose les actions incohérentes: d'un côté défendre les droits de la personne et d'un autre ne pas appliquer ces mêmes droits dans son propre pays.

L'auteur, Heiko Heinisch, est historien.

Le président et un blogueur d'Arabie saoudite

Heinz Fischer, le président de la République fédérale d'Autriche, défend le Centre international du roi Abdallah Ben Abdel Aziz pour le dialogue interreligieux et interculturel, plus connu en anglais sous l'acronyme KAICIID : King Abdullah Bin Abdulaziz International Center for Interreligious and Intercultural Dialogue, à Vienne.

Dans une interview avec l'agence de presse autrichienne, le président de l'État fédéral, Heinz Fischer, interrogé récemment sur l'objectif d'un tel centre de dialogue des différentes religions à Vienne, a mentionné que ce dernier peut encore s'adapter aux réalités.

Le président, représentant d'un état démocratique, devrait plutôt défendre des gens, comme Raif Badawi qui, en Arabie Saoudite, seront soumis à des châtiments barbares parce qu'ils défendent les droits humains.

Je n'ai rien contre un centre de dialogue. Mais pourquoi un tel centre porte-t-il le nom du roi et est financé par l'Arabie saoudite?

Un pays qui n'est pas reconnu pour la tolérance et la liberté religieuse. Au Contraire. Au royaume d'Arabie saoudite, tous les symboles des autres religions sont interdits. Même les Juifs ne sont pas en mesure d'obtenir un visa d'entrée.

L'année dernière, au moins 83 personnes ont été exécutées en public, généralement après la prière du vendredi - même si Mme Bandion-Ortner, secrétaire générale adjointe du KAICIID, nous a récemment affirmé que « cela n'arrive pas tous les vendredis ».

La peine de mort est désignée en Arabie saoudite pour toute une série d'infractions, notamment la sorcellerie, l'homosexualité et l'apostasie. Les athées également sont considérés comme des terroristes en vertu de la nouvelle loi portant sur la sécurité nationale en Arabie saoudite.

Des dizaines de personnes sont incarcérées sous l'accusation de « diffamation contre l'islam ». Y compris le militant des droits humains et blogueur, Raif Badawi, qui a été condamné en septembre 2014 à 10 ans de prison, 1000 coups de fouet et à une amende de 200 000 euros. Sa femme a pu s'échapper avec leurs trois enfants. Elle vit au Québec à Sherbrooke (Canada).

Le 13 janvier, Raif Badawi a célébré son 31e anniversaire. Cette journée a marqué son 964e jour en prison. Parce qu'il a récemment été transféré dans une autre prison, les observateurs craignaient l'exécution des châtiments corporels, vendredi 9 janvier. Cela a été réalisé à raison de 50 coups de fouet pour 20 vendredis consécutifs, respectivement, après la prière du vendredi sur la place en face de la mosquée Al-Jafali à Djeddah.

1000 coups de fouet laisseront des dommages physiques permanents.

L'offense de Raif Badawi? Il a tenu un site libre qui prônait l'ouverture envers les questions religieuses. Il mettait sur un même pied d'égalité les musulmans, les juifs, les chrétiens et les athées.

À la lumière de ces événements, la déclaration du président est plus qu'irritante. Pourquoi alors un centre de dialogue qui stipule que tous les objectifs et les principes de la Déclaration universelle des droits de l'homme doivent être mis en œuvre. En particulier, ce centre devrait défendre la Déclaration universelle des droits de l'homme et les objectifs et les principes qui en découlent, en particulier, le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Un centre qui condamne l'affirmation que tous les humains sont égaux.

Le président d'un État démocratique devrait encourager les gens comme Raif Badawi, dans leur lutte pour les droits humains, la coexistence pacifique et l'égalité pour tous. Bref défendre tous ceux qui en payent le prix, au lieu de promouvoir un centre qui porte le nom du roi saoudien.

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Vendredi 9 janvier 2015, Raif Badawi recevait ses premiers 50 coups de fouet, devant la place de la mosquée Al-Jaffali à Djeddah en Arabie Saoudite.

Dans la voiture qui le menait sur la place... sur le trajet qui le conduisait devant ses bourreaux... Raif Badawi récitait les noms de tous ceux et celles qui le soutiennent et travaillent pour sa libération.

Que la liste des personnes qui le soutiennent s'allonge au point :

  • qu'il n'ait plus à réciter nos noms pour lui donner la force de supporter la torture, mais que ces noms d'individus et d'organismes deviennent: le monde...
  • que tous les individus qui défendent la liberté d'expression, de presse, ou celle d'exercer sa religion comme sa non-religion...
  • que tous ceux qui sont Charlie #JeSuisCharlie demandent sa libération et se transforment en #JeSuisRaif et finalement en un

Merci à tous ceux qui se sont mobilisés pour ma liberté!

Ceux qui le soutiennent demandent:

  1. que cessent définitivement les coups de fouet;
  2. que le gouvernement canadien lui offre l'asile politique et un statut de réfugié. Sa femme Ensaf et ses trois enfants sont déjà réfugiés au Québec à Sherbrooke. La réunification des familles devrait aussi s'appliquer à nos réfugiés politiques.

Enfin, que le nouveau roi d'Arabie saoudite, Salman bin Abdulaziz al Saud, fasse de ce centre un réel lieu de dialogue interreligieux et interculturel.

Et que, pourquoi pas. Raïf Badawi soit un jour invité à y livrer une conférence sur la liberté d'expression et la liberté de presse.

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Qui est Raif Badawi?

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