Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Le sondage du candidat Germain Chevarie était-il faussé?

Nombre de témoins qui sont passés à la commission Charbonneau sont de futurs candidats à la maladie d'Alzheimer.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Aux Îles-de-la-Madeleine depuis le 12 juin, j'ai eu l'occasion de rencontrer de nombreux citoyens, personnalités, artistes, journalistes, animateurs et politiciens.

Pendant mon séjour, toutes les personnes ou presque m'ont entretenue, que ce soit sur la Grave, à Bassin, à Cap-aux-Meules..., chacune à leur manière, des «magouilles», dont le «député», Germain Chevarie, a été accusé lors des audiences de la commission Charbonneau.

Nombre d'entre eux m'ont signifié leur honte d'être Madelinots, car il faut savoir que les Madelinots sont des gens fiers.

Récapitulatif

Lors des témoignages à la CEIC, l'ex-vice-président de la firme d'ingénierie Roche, André Côté, a donné des détails quant au financement illégal de 5000 $ recueilli avec prête-noms auprès de trois entreprises : Kwaetro, Inspec-Sol et Béton.

Le journal hebdomadaire, Le Radar, ainsi que la radio des Îles, CFIM, ont largement couvert ce triste épisode toujours présent pour les citoyens de l'archipel.

Dans l'édition du 30 mai au 5 juin, Joël Arseneau, éditorialiste au journal Le Radar, a exposé les projets dont a bénéficié la firme d'ingénierie Roche, très présente dans l'Est-du-Québec, au cours des dernières années, et ce, sans que les dossiers n'aient obtenu l'aval des fonctionnaires ni ne répondent aux normes des programmes de financement et, comme il le stipule, «comme cela se passe souvent dans les dossiers des Îles» :

-Chemin du Grand-Ruisseau (11,6 M$)

-Le secteur routier Cap-aux-Meules - Fatima (8,9M$)

-La route et l'aqueduc de Grande-Entrée (22 M$)

Témoin A

Au cours de la semaine suivante, le témoin A, entendu à la commission Charbonneau et dont l'identité n'a pas été dévoilée, a donné plus de détails concernant la demande de l'équipe de campagne de Germain Chevarie, par l'intermédiaire de la directrice de campagne et du frère du candidat, Roger Chevarie. La somme de 5000 $ recueillie était destinée à entreprendre un sondage «dirigé» par la firme Gemini, proche des Libéraux, pour manipuler l'opinion publique. Le candidat Chevarie, dit-on, accusait un retard dans les véritables sondages par rapport à la candidate, Jeannine Richard.

Or, le «député» Chevarie affirme n'avoir été au courant de rien.

Sommes-nous étonnés? Non. Nombre de témoins qui sont passés à la commission Charbonneau sont de futurs candidats à la maladie d'Alzheimer. Il paraît que la maladie commence ainsi. On oublie des moments de notre existence un peu de manière débridée ou on souffre d'amnésie temporaire, comme le disent si bien les avocats lors de causes célèbres.

Résultat des élections

Germain Chevarie a été élu en 2008 avec 316 voix de majorité.

Quand on sait que les sondages sont approximatifs, mais qu'ils ont pour objectifs souvent de faire basculer la tendance; qu'appeler au téléphone des électeurs et leur signifier que celui qui gagnera sera le candidat libéral, Germain Chevarie, ça porte un nom et ça s'appelle mousser une candidature au détriment de son adversaire.

Les électeurs aiment gagner leurs élections. C'est bien connu. Et, nombre d'entre eux votent du côté du «plus fort» pressenti, avec sondage à l'appui, paraît-il.

On le sait maintenant non seulement le «candidat» tel que les Madelinots continuent de le surnommer, Chevarie a nié être au courant des allégations bien qu'il ait reçu la visite de l'UPAC* mais à présent, pour ne pas nuire à l'enquête, il ne parle plus.

Collecte de fonds

Je devais quitter les Îles-de-la-Madeleine le 27 juin et j'ai décidé de poursuivre mon séjour après la collecte de fonds du Parti québécois, organisée par sa présidente aux Îles, l'ex-candidate du PQ, Jeannine Richard.

Histoire de prendre le pouls des membres du parti dans ce coin de pays.

Non seulement toutes les personnes présentes, dimanche 29 juin, ont discuté de long en large des «fraudes» dont est fortement soupçonné le député, mais rajoutaient moult détails plus significatifs et non encore connus du grand public que je ne peux dévoiler dans ce texte, faute de pouvoir vérifier les allégations.

Communiqué émis le 16 juin 2014

«Où s'en va notre archipel avec de tels stratagèmes? Où est rendue la démocratie? Que fait-on du respect de la Loi électorale? Le sondage qui a coûté 5 000 $ a-t-il été déclaré dans les dépenses électorales auprès du Directeur général des élections? Comment se sentent les électeurs et les électrices des Îles face à de telles actions condamnables pour influencer leur vote et diriger leur réflexion?» se questionne Jeannine Richard, ex-candidate du Parti québécois.

La vérité? Un jour

Maxime Arseneau, ex-député des Îles jusqu'en 2008 et ancien ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation sous le gouvernement Landry, a répété pendant son allocution sur un ton excédé que :

«Peut-être qu'on connaîtra un jour les vrais résultats des élections de 2008 et les vrais résultats des élections de 2014. Et qu'on aura de vraies élections dans les prochaines années, des élections au cours desquelles la population aura vraiment choisi ses représentants.»

«Il faut continuer à documenter le dossier des élections 2008 et 2014. Il ne faut pas lâcher le candidat, car les libéraux le couvrent toujours», a conclu Maxime Arseneau, vivement applaudi.

Jeannine Richard, Maxime Arseneau et les membres du Parti Québécois présents ce dimanche pour un après-midi, Moules et Hot-dog, étaient unanimes.

Candidat et non député

Pour les péquistes présents, Germain Chevarie est toujours «candidat». Ils ne reconnaissent pas son élection. D'après eux, il n'a pas encore été élu et ne peut pas être considéré comme un député. Il a accédé au pouvoir illégalement et son élection ne doit pas être reconnue.

On le sait bien quand on travaille au sein de firmes de relations publiques destinées à contrôler les dommages collatéraux, on apprend à laisser courir une information et la nouvelle, qui a fait les manchettes, ne devient plus qu'un mauvais souvenir les semaines suivantes.

Les libéraux l'ont très bien compris.

Ici, tout se sait!

Ici aux Îles, ça ne peut pas se passer ainsi. Non seulement tout se sait, mais les membres du Parti québécois ont répété pendant ce 5 à 7 de collecte de fonds qu'ils ne lâcheront pas Germain Chevarie.

Qu'ils ne peuvent pas s'être fait voler des élections et laisser le «candidat» prendre ainsi le pouvoir à coup de manigances.

«Les enquêtes en cours pourront nous apporter des réponses, mais il reste que la démocratie de notre communauté madelinienne est entachée à tout jamais par de telles manigances et que je ne peux m'empêcher de penser que le résultat du vote du 8 décembre 2008 aurait pu être tout à fait différent, car il s'est terminé avec seulement 316 voix de différence», conclut Jeannine Richard.

À suivre...

* Les perquisitions font partie de l'opération Joug, une enquête de l'UPAC qui porte, entre autres, sur le financement politique illégal au sein du Parti libéral du Québec.

VOIR AUSSI SUR LE HUFF POST

Tony Accurso

La commission Charbonneau en bref

Retrouvez les articles du HuffPost sur notre page Facebook.
Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.