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Le salut par les femmes

Des femmes, un peu partout, se soulèvent courageusement trop souvent au péril de leur vie. Et notre devoir, nous les occidentales, est de les appuyer en leur offrant des conditions de soutien dignes de ce nom sans tomber dans le sentimentalisme concernant la femme «indigène».
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« Il suffit d'arpenter les couloirs des universités du Caire, de Beyrouth ou de Bir Zeit pour se rendre compte d'une évidence: elles se féminisent. Le phénomène s'observe depuis les années 2000 dans tout le monde arabe, si l'on excepte quelques pays comme le Yémen ou l'Irak. »

C'est remplie d'espoir que je lisais ce texte.

Les universités dans le monde arabe sont de plus en plus fréquentées par des femmes!

Le marché du travail

Tous les pays arabes ne privilégient pas l'accès des universités aux femmes pour les mêmes raisons, comme l'explicite si bien l'article. Certains pays y voient une éducation à parfaire pour futures mères afin qu'elles sachent comment élever leurs fils ou pour qu'elles aient « une tête sur les épaules » ou comme le disent certains misogynes en quête d'attention, pour leur mettre « du plomb dans la tête ». Ces femmes n'étudient pas nécessairement pour investir le marché du travail qui, de toutes les manières, ne leur accorde que peu de place.

La nation islamique

D'autres y voient un lien avec le grand « umma islamiyya » - Nation islamique - comme mon ami kabyle, Rachid Bandou, ex-candidat du Parti Québécois 2012 et 2014, qui répondait au post lié à l'article sur facebook et à mon commentaire sur l'espoir du rôle que la femme jouerait de médiatrice pour la paix dans les pays arabes:

« Ces femmes qui vont ramener la paix dans le monde arabe? Pas vraiment. Une bonne partie d'entre elles sont des ''Guerrières d'Allah'' dont les ''Soldats d'Allah'' ont besoin pour bâtir la Grande ''Ouma islamia'' orientale et pourquoi pas, réaliser avec leur rêve celui qu'est aussi la conquête des démocraties occidentales. »

Guerre civile à nos portes

Cette réflexion de Rachid Bandou rejoint celle de Sami Awad ALDEEB ABU-SALIEH, professeur suisse de droit musulman et arabe, d'origine palestinienne chrétienne, qui voit la guerre civile à nos portes , si nous ne prenons pas au sérieux les menaces qui fusent de toutes parts.

Rappelons-vous, dit-il, du préambule de l'acte constitutif de l'UNESCO :

« Les gouvernements des États parties à la présente Convention, au nom de leurs peuples, déclarent :

Que, les guerres prenant naissance dans l'esprit des hommes, c'est dans l'esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix...".

Il y a une donnée à ne pas négliger comme le précise Sami Awad Aldeeb et à laquelle il nous faut croire pour continuer à soutenir ceux et celles qui subissent les extrémismes:

« Les musulmans représentent la majorité des victimes des musulmans djihadistes qui causent morts et destructions même dans les pays où ne vivent plus des chrétiens comme la Libye, en Somalie et ailleurs. »

Islamophobie

Les islamophobes ne tiennent pas compte de ce fait. Les premières victimes de ces fous d'Allah sont les musulmans eux-mêmes qui les ont vus s'emparer du printemps arabe pour mieux s'installer et affirmer leur suprématie.

Mais revenons aux femmes. Alors que le printemps arabe suscitait de si nombreux espoirs dans le monde, je n'adhérais pas à cet enthousiasme. Les analyses n'ont pas tardé à confirmer mes doutes. C'était en 2011, un article du magazine Le Point titrait « le Printemps arabe oublie les femmes ».

Puis de l'oubli du printemps arabe, la situation des femmes s'est aggravée dans le monde.

« Kurmanjan Datka », Queen of the Mountains

Lors de sa programmation 2014, le Festival des films du monde (FFM) présentait un film troublant qui racontait comment, en Asie centrale, une femme « Kurmanjan Datka », Queen of the Mountains, a sauvé sa nation des mains de l'invasion russe. 10 000 figurants y ont joué.

Ce film, souhaitons-le, sera sélectionné dans la catégorie Oscar du meilleur film étranger. Hasard et coïncidence, il est difficile de croire que les réalisateurs aient mis 10 ans à le produire tant il est d'actualité.

Tout ce que nous entendons, qui fait désormais partie de notre palmarès d'horreur dans les actualités quotidiennes, y était illustré: les décapitations, les guerres fratricides, les interprétations multiples de la charia, les accusations arbitraires, les guerres de clans, la violence faite aux femmes, les femmes en cage, vendues comme des esclaves, etc.

Le voile comme prétexte

Aujourd'hui, être témoin de ce qui se passe dans les pays arabes ne peut que conduire à la conclusion de ce texte et aux réflexions du professeur responsable du droit musulman et arabe à l'Institut suisse de droit comparé de Genève.

Le voile porté par les femmes n'est qu'un prétexte. Pour combattre le voile, « il ne suffit pas de faire payer des amendes à celles qui le portent, il faut désacraliser les normes qui lui servent de support. »

Érotisation du voile

Des femmes, un peu partout, se soulèvent courageusement trop souvent au péril de leur vie. Et notre devoir, nous les occidentales, est de les appuyer en leur offrant des conditions de soutien dignes de ce nom sans tomber dans le sentimentalisme concernant la femme «indigène».

La femme « indigène » part de loin. Un ami me racontait, il y a quelques semaines, la nuit de rêve passée avec sa nouvelle maîtresse dans un pays arabe et l'extrême émotion ressentie au moment où sa nouvelle flamme enlevait son voile. J'avoue avoir été totalement ahurie par son témoignage. Voilà encore, un siècle plus tard, la femme « indigène » toujours dans les fantasmes coloniaux. Inutile de raconter ici la discussion qui s'ensuivit.

Tant que nous tiendrons des propos sentimentaux envers la liberté de culte ou envers l'érotisation du foulard islamique, nous ne ferons qu'aggraver la condition de la femme enfermée dans ses voiles. Ou « fanatisée », comme le souligne Rachid Bandou.

#BringBackOurGirls

Tous et toutes avons été horrifiés par le kidnapping des 200 lycéennes par la secte islamiste au Nigéria. Des pancartes se sont multipliées partout sur le web #BringBackOurgirls. Les avons-nous retrouvées malgré les supplications déchirantes des mères via la diffusion de vidéos?

Même la première dame des États-Unis s'y était mise.

Où sont-elles? De toutes les violences que ces femmes ont dû subir, la plus horrible a dû être celle de se sentir abandonnées par le monde des justes.

Les femmes osent

Ce ne sont peut être que des cas isolés, mis en évidence par les médias sociaux, comme celui également de la jeune Amina qui avait joint les Femen, puis s'est rétractée en accusant le groupe d'Islamophobe.

Le dialogue

Et si on écoutait les femmes, un peu plus, juste deux secondes, nous écrivait Marc-André Cyr dans le journal Voir, il y a deux jours.

Si on les écoutait et l'on établissait un véritable dialogue. N'est-ce pas un des attributs que l'on accole trop souvent en dérision aux femmes: « Faut qu'on se parle »?

C'est par les femmes que la paix arrivera dans le monde arabe. Je suis naïve et convaincue.

Les femmes ne peuvent continuer à mettre au monde des fils pour les sacrifier ou pour voir leurs frères, leurs pères, leurs hommes mourir au nom d'Allah.

Et leur parcours académique et professionnel les soutiendra. L'éducation est plus importante que tout. J'y crois.

L'Éducation

C'est par l'éducation que les femmes entreront par la grande porte dans les enceintes réservées aux hommes. Malala, cette jeune femme qui s'est battue pour le droit à l'éducation au péril de sa vie, en a fait la leçon au monde entier.

« Cette crise est si aiguë que je n'y découvre pour ma part qu'une solution : le temps sera venu de faire valoir les idées de la femme aux dépens de celles de l'homme, dont la faillite se consomme assez tumultueusement aujourd'hui. »

Ces lignes, l'écrivain surréaliste, André Breton, les avait écrites dans son plus bel ouvrage poétique, Arcane 17, au Québec, à Percé en Gaspésie, il y a 70 ans, en août 1944, pendant que la Seconde Guerre mondiale sévissait, à la veille de l'annonce de la Libération de Paris et de la découverte macabre des horreurs des camps de concentration. Breton s'était réfugié sur la côte gaspésienne après avoir fui Paris et ensuite New York. Il n'aimait pas la langue anglaise qu'il ne maîtrisait pas.

Je fais mien son constat. Les femmes sauveront le monde de la faillite dans laquelle les hommes et leurs guerres les ont menées. Elles seules ont le pouvoir de guérir ce monde malade!

Quitte à prendre les armes, comme les femmes kurdes qui combattent en ce moment, sur le front syrien, l'État islamique en Irak et au Levant ???

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