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Et il y a vous toutes!

Celles qui se sont lancées dans des investitures politiques [...] celles qui se doivent de devenir invisibles aux yeux des hommes pour ne pas mettre leur vie en danger, celles qui sont enfermées dans des rôles qui les étouffent...
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«Oublier ses ancêtres, c'est être un ruisseau sans source, un arbre sans racines.» Proverbe chinois

D'abord il y a eu ma grand-mère Hannah - celle dont je porte le prénom hébraïque - et probablement le caractère, qui a suivi sa mère et son frère en quittant la Palestine, le quartier Musrara, à Jérusalem, pour aller s'établir au Maroc à la mort de son père rabbin, défenseur de la diversité culturelle, Rafaël Bibas. C'était en 1902!

Hannah et son frère Meir, Photo prise en 1900 à Jérusalem avant l'exil vers le Maroc.

La courageuse qui, en 1948, a osé divorcer, au Maroc, après avoir eu une dizaine d'enfants, pour retourner vivre dans la maison où elle est née, son passeport britannique sous le bras, sur sa terre natale à Jérusalem, devenue Israël.

Ensuite, il y a eu mes tantes, séfarades, qui se sont exilées en partant de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient pour le Québec, la France, les États-Unis, le Mexique, Israël, etc.

Il y a eu ma mère. Aujourd'hui, je revois les mois qui ont précédé le 3 décembre 2001, date de sa disparition. Une femme généreuse, dynamique et libre, qui faisait tourner les têtes sur son passage, comme en témoigne cette photo étonnante et contrastante prise, en 1949, dans une rue de Casablanca (Maroc).

Photo archives famille

Il y a eu une autre Hannah. Arendt cette fois, rencontrée, pendant mon adolescence, au hasard d'une étagère de bibliothèque. Celle qui m'a fait prendre conscience que le mal était le résultat de l'absence de pensée.

Il y a les grands-mères de la Place de mai... à Buenos Aires (Argentine).

«Elles s'appellent Rosa, Estela, Chicha, Elsa, Chela ou Jorgelina. Toutes sont des femmes ordinaires que rien ne prédestinait à devenir extraordinaires; rien, sauf peut-être les aléas de l'histoire.» Reportage France5.

Il y a Anne Sinclair, la brillante journaliste qui a soutenu son mari, Dominique Strauss Kahn, pour le sortir de la tourmente dans laquelle il s'était embourbé, pour ensuite le quitter, et reprendre sa vie professionnelle là où elle l'avait laissée.

Il y a Hillary Clinton qui a bravé les tempêtes elle aussi, entre autres, celle de son mari, pour toujours se redresser et briguer l'investiture de la présidence des États-Unis. Rien de moins!

Il y a Malala Yousafzaï, celle qui a été victime de tentative d'assassinat en 2012, qui a reçu le prix Nobel de la paix en 2014, qui exige l'Éducation pour tous les enfants du monde, y compris pour ceux des terroristes.

Et il y a ces femmes rencontrées récemment au Sommet des droits de la personne et de la démocratie(Vidéos), à Genève, qui défendent courageusement la démocratie, les droits humains, d'autres femmes, celles qui ont vu leur père, frère ou mari assassiné, empoisonné ou emprisonné, dans leurs pays d'origine.

Il y a Vian Dakhil, la femme la plus recherchée d'Irak, assise au petit déjeuner, à la table d'à côté, dans un hôtel à Genève et à qui je n'ai pas adressé une parole. À qui j'ai souri et haussé les épaules en soupirant et en signifiant un non de la tête. Car, que dire? Sinon fondre en larmes et avouer son impuissance devant les atrocités commises envers le peuple Yazidi, leurs jeunes femmes et leurs filles converties et vendues comme esclaves sexuelles en Irak. Les autres, les invendables assassinées sur le champ.

Cette vidéo qui a bouleversé le monde entier et sonné l'alarme. À revoir pour ne pas oublier.

Il y a eu Pauline Marois, la première première ministre du Québec, qui a failli être assassinée la soirée même de son élection.

Il y a eu la fonceuse Martine Ouellet, seule femme à s'être lancée à la chefferie du Parti Québécois, qui a fini la course sans une faute! Elle qui avait été la seule à ne pas pouvoir compter sur UN appui au sein du caucus.

Il y a Samar Badawi, la sœur de Raif et femme de l'avocat de ce dernier, Waleed Abu al-Khair, qui a reçu un trophée des mains de Michelle Obama et de Hillary Clinton justement pour son courage...

Michelle Obama and Hillary Clinton pose with Samar Badawi (centre) as she receives the 2012 international women of courage award.

Il y a Ensaf Haidar qui se bat courageusement et parcourt le monde pour tenter de faire libérer son mari et père de ses trois enfants.

Il y a ces femmes syriennes qui fuient la guerre civile, leurs bébés dans les bras et leurs enfants à la main. Toutes ces femmes dont les vies sont détruites par les conflits et les guerres interminables.

Il y a tant de femmes à nommer, à soutenir... mes soeurs, de toutes allégeances politiques et confessions confondues, laïques, athées, agnostiques, etc. qui défendent leurs droits à l'égalité. Celles qui se sont lancées dans des investitures politiques, celles qui se battent encore dans des salles de rédaction, celles qui n'ont pas même encore le droit de conduire dans leur pays, celles qui se doivent de devenir invisibles aux yeux des hommes pour ne pas mettre leur vie en danger, celles qui sont enfermées dans des rôles qui les étouffent...

Je suis féministe. Pire. Il ne se passe pas une journée sans que je ne puisse m'empêcher de penser, lorsque j'écoute certaines réflexions des hommes dans les médias, sur les tribunes politiques, culturelles ou sociales: si une femme avait osé exprimer cela, ou tenir de tels propos, elle aurait été la risée du monde entier...

Hommes féministes, je vous aime!

Je pourrais rédiger des milliers de pages sur toutes les femmes qui ont changé ou qui changeront le monde... J'ai préféré laisser mon imagination et mes idées courir sans censure ou orientation sur cette page et nommer ces femmes qui s'imposaient à mon esprit. Mon monologue intérieur. Mes femmes intérieures.

Et il y a vous toutes qui les soutenez!

Et il y a vous toutes qui avez eu la patience de lire ces lignes!

Il y a vous toutes! Point!

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