Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Ce sont eux qui étaient Charlie!

Les crimes contre la liberté d'expression ont été commis tous les jours en 2015.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

C'était bien, il y a un an? Et c'était ensuite il y a deux mois? Puis c'était il y a quelques jours?

Non. Ça ne s'est pas produit uniquement pendant ces bien macabres journées qui nous ont tous laissés en deuil d'une part de nous-mêmes, celle de la liberté de penser et d'exprimer ses pensées à notre manière.

Les crimes contre la liberté d'expression ont été commis tous les jours en 2015.

Nous avons aussi basculé pendant les premiers jours de 2016 dans une autre série d'un autre ordre.

Oui. Tous les jours, il y a eu des crimes odieux commis au nom d'Allah; depuis ce triste anniversaire où tous les leaders du monde entier (ou presque) se sont donnés la main pour dénoncer les innommables meurtres commis à Paris contre Frederic Boisseau, Franck Brinsolaro, Cabu, Elsa Cayat, Charb, Bernard Maris, Mustapha Ourrad, Michel Renaud, Tignus, Georges Wolinski.

Ce sont eux qui étaient Charlie

Et il y eut la policière Clarissa Jean-Philippe également.

Il y a eu aussi ces autres meurtres, ceux de l'épicerie l'Hyper Cacher. Ils s'appelaient Yohan Cohen, Philippe Braham, François- Michel Saada, Yohav Attab, ciblés précisément parce qu'ils étaient juifs.

Mais la liste ne s'arrête pas là. Il y a toutes les familles, les amies/amis, les connaissances, derrière tous ces noms. Celles et ceux qui ont dû tenter de puiser en eux la force de survivre à leurs êtres chers disparus. Sans succès. Des vies brisées... à vie.

Au nom d'un nom: TERRORISME

Et autre terreur, il y a eu les premiers 50 coups de fouet administrés à Raif Badawi, le 9 janvier 2015.

48 h seulement après que le monde entier eut été Charlie.

Puis il y a eu l'Arabie saoudite, qui a paradé avec le reste des leaders en ce dimanche 11 janvier avec pour témoins les 3,7 Millions de français, qui insistaient pour se dissocier de ces attaques odieuses. L'Arabie Saoudite se dissociait-elle aussi vraiment de ces attaques?

48 h seulement après avoir fouetté Raif Badawi

Nous entendons souvent des politiciens populistes dire: où sont les Arabes modérés? Pourquoi ne dénoncent-ils pas les atrocités commises dans leurs pays au nom de l'Islam?

Qui les dénoncent ces atrocités? Qui sont ceux qui se tiennent debout... qui appellent à la paix et à la discussion pacifique? À la critique constructive? À la remise en question des pratiques?

Et bien. Ils s'appellent Ashraf Fayadh, Waleed Abu Al Khair, Mohamed Cheikh Ould Mkhaitir, Parweez Jawad, père de Hussain Jawad (lui-même accusé), Khalil Al Halwachi, Raif Badawi... et de nombreux autres dont nous ne connaissons pas encore les noms.

Et ils sont en prison... parce qu'ils ont répondu à cet appel. Si les politiciens les abandonnent pour des transactions économiques, nous ne les abandonnerons pas.

Ils sont emprisonnés à Bahrein ou en Arabie Saoudite pour avoir écrit librement de la poésie, un blogue pour défendre la liberté d'expression, de religion, de presse et les droits de l'Homme pendant que, comble d'insulte, le pays qui enferme certains d'entre eux siège à la tête du panel du Conseil des Droits de l'Homme aux Nations unies.

Peut-on encore trouver un sens à cette confrontation obscurantiste sur fond de développement économique lorsque les gouvernements continuent de transiger avec le pays sans rien exiger d'autre en retour que de l'argent?

Quand donc cela cessera-t-il?

L'Arabie saoudite est un pays allié? Allié de quoi? Pour nous ravitailler en pétrole et nous en armement? Si ça continue, il faudra que les gouvernements qui exportent des armes soient condamnés pour crimes contre l'humanité. Comme ceux qui les reçoivent et les utilisent.

Comment prétendre défendre les droits de l'Homme lorsque l'on est celui qui reçoit les plaintes et celui qui commet les exactions sans aucun respect pour ces mêmes droits? Un pays qui décapite ceux et celles qui les critiquent a-t-il la légitimité de siéger à la tête d'un panel des droits de l'homme?

Après Charlie

Et puis. Il y a eu de nombreux autres crimes en 2015 après Charlie. L'on comprend très vite que c'est le mode de vie à l'Occidental qui est visé... notre mode de vie.

En Irak, en Mauritanie, en Syrie contre la population, contre les chrétiens, les Kurdes, au Yémen, à Paris... quotidiennement en Israël, où des citoyens se font agresser au couteau dans les rues de Jérusalem ou de Tel-Aviv sur les terrasses des cafés comme pour imiter les djihadistes de Paris.

Toutefois, la pire des attaques reste encore l'attaque à notre intelligence collective. La tromperie, la taqîyya. Parce qu'elle est sournoise et s'immisce tranquillement sans qu'on s'en aperçoive en grugeant peu à peu nos lois démocratiques basées sur les chartes des libertés et sur la Déclaration universelle des droits de l'Homme.

Qu'ils soient sunnites ou chiites, les deux savent user de tromperie pour «la fin glorieuse», celle de «l'hégémonisme islamique de la Charia».

Il y avait bien eu une éclaircie, en 2011, en Tunisie, à la suite de la Révolution de Jasmin, dont le Quarter du Dialogue National s'est vu décerner cette année le Prix Nobel 2015.

Et cette autre éclaircie par la jeunesse du Printemps arabe, qui avait répliqué, en luttant pour la démocratie et les droits fondamentaux, lorsque la révolte s'est étendue en Afrique du nord et au Moyen-Orient. Vite étouffée, réprimée, récupérée pour mieux ostraciser.

À quand donc les «lumières arabes»?

Une soirée de lecture - Extraits du livre/blogue de Raif Badawi - le 15 janvier 2016

Raif aura 32 ans le 13 janvier 2016

Plus de trois ans en prison

Plus de 4 ans sans voir sa femme et ses enfants

50 premiers coups de fouet administrés le 9 janvier 2015

Malgré les interventions de leaders et des parlementaires de nombreux pays, les reconnaissances, les prix internationaux, le prix Sakharov 2015: l'équivalent du Prix Nobel, etc. le gouvernement saoudien maintient Raif Badawi emprisonné, comme par ailleurs, plusieurs autres prisonniers d'opinion.

Raif a été transféré de prison, il y a deux semaines. Il a entrepris une grève de la faim et, sans nouvelles, nous ne pouvons affirmer s'il a cessé sa grève de la faim.

Ensaf et les enfants tiennent à souligner les premiers 50 coups de fouet que Raif a reçus, le 9 janvier 2015, 48 h seulement après la condamnation par Riyad des attentats, à Paris, de l'Hyper Cacher et de Charlie Hebdo, champion de la liberté d'expression.

Imaginez si, pour votre anniversaire de naissance, votre seul voeu en fermant les yeux était de serrer vos enfants dans vos bras, de regarder votre épouse dans les yeux, de lui exprimer toute votre reconnaissance d'avoir parcouru le monde pour obtenir votre libération. De vous savoir enfin libéré de tous les tourments vécus pendant 4 ans derrière les barreaux.

Cette soirée, de la liberté d'expression et de la laïcité, levée de fonds au profit de la Fondation Raif Badawi pour la liberté pour marquer son anniversaire de naissance, sera ponctuée de lectures, extraites de son livre qui compile des textes parus sur son blogue, contesté par les autorités religieuses d'Arabie saoudite.

Archives de la Fondation Raif Badawi pour la liberté

Prix du billet est de 30 $ TTC , sur le site de la Fondation Raif Badawi pour la Liberté (FRBL)

au Cabaret Le Lion d'or

le 15 janvier 2016 à 20 h

1676, rue Ontario est,

Montréal (Québec) H2L 1S7

Avec :

Ensaf Haidar et les enfants, Najwa, Doudi, Miriyam Badawi

Guylaine Tremblay, comédienne (via video)

Anne Casabonne, comédienne (via video)

Eve Landry, comédienne

Yann Perreau, auteur - compositeur - interprète

Béatrice Vaugrante, directrice générale, Amnistie internationale Canada franco.

Ken Pereira, syndicaliste et auteur

Claude Fournier, cinéaste et auteur

Emile Proulx-Cloutier (Membre honorifique - Vidéo 30 vies)

Sylvain Massé, comédien et Catherine Bütikofer, comédienne

Michelle Blanc, conférencière et blogueuse

Patrick White, rédacteur en chef du Huffington Post

Sylvie Legault, comédienne

Claudine Bertrand, poète et animatrice

Lucien Francoeur, poète et chroniqueur

Pascal Rollin, comédien

Nabila Ben Youssef, humoriste

Karim Akouche, poète et essayiste, maison d'édition Dialogue Nord - Sud

Marie-Anne Alepin, comédienne

Daniel Baril, journaliste et essayiste

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

MADRID, SPAIN

Je suis Charlie

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.